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Créneaux horaires attribués, invitations, vingt foyers par heure : le libre-service a rouvert dans une version revue et corrigée. PHOTO BAZIZ CHIBANE - VDNPQR

Lille: la «bouffée d’oxygène» d’une aide alimentaire comme avant... ou presque

Après deux mois d’un fonctionnement bouleversé par le confinement, le Secours populaire du Nord a renoué ce lundi avec l’accueil du public, pour un libre-service alimentaire nouvelle formule. Au soulagement des personnes aidées.

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« Quand vous êtes pauvre, le moindre euro en moins se paie. S’il n’y avait pas de colis alimentaire, je devrais voler ma nourriture. »

Les larmes montent d’un coup. Appuyée contre le mur en briques des locaux fivois du Secours Populaire, son masque à la main, Francine se met à pleurer. La retraitée repense à la solitude du confinement. « Je suis seule dans mon appartement, vous savez. » Elle pense aux autres, aussi. « Les malheureux, ceux qui n’ont rien, et se sont retrouvés avec encore moins. »

Dans la rue Cabanis, deux bénévoles finissent de charger le coffre de Francine. Le libre-service alimentaire du Secours populaire français a rouvert ce lundi. Revu et corrigé. Masques obligatoires. Entrée au compte-gouttes. Marquages au sol. Vingt bénéficiaires par heure. Exit les produits en rayon : les colis sont disposés sur des palettes. Chacune est attribuée. « On reprend petit à petit, confie Jean-Louis Callens, le secrétaire général du Secours pop du Nord, basé à Fives. On a appelé les familles une à une pour les inviter. » En temps normal, le site lillois accompagne 800 foyers. Mais le chiffre a grimpé à près de 1 300 pendant le confinement, qui a bouleversé l’activité. « De 220 étudiants, on est passé à 500. »

Dans un cabas et un sac posés à côté de sa palette, Nathalie empile briques de lait, sac de patates, salade, viandes et boîtes de sardines. « On prend rendez-vous, ça va plus vite qu’avant », philosophe cette habitante de Marquette au RSA. Les deux mois d’interruption ? « Je me suis débrouillée. Je me suis toujours débrouillée. »

« Avec ça, on va tenir trois semaines », ajoute sa fille en désignant sa propre palette. Océane est étudiante. Quand son IUT a fermé, elle a perdu son petit boulot au restaurant universitaire. Par chance, son petit ami, agent de sécurité, a connu un surcroît d’activité quand les magasins alimentaires ont dû muscler leurs protocoles sanitaires.

Vincent, lui, a tenu grâce aux voisins. Ils l’ont dépanné quand il était à sec. Le jeune Fivois, allocataire du RSA, dépasse d’une bonne tête les autres personnes de la file d’attente. « Cette reprise, c’est une bouffée d’oxygène. Quand ça a fermé, ça a été terrible. Quand vous êtes pauvre, le moindre euro en moins se paie. S’il n’y avait pas de colis alimentaire, je devrais voler ma nourriture. » C’est aussi une voisine qui a soutenu Christine, de Faches-Thumesnil. « Elle m’a donné des légumes, des fruits, et de la viande halal, car elle est musulmane. Elle sait que j’ai des problèmes. »

Dehors, Francine monte dans sa voiture, les yeux rougis. Il lui reste un euro pour finir le mois. Avec ce qu’elle emporte, la Sequedinoise espère pouvoir manger jusqu’au versement de sa pension. Le 10 juin.