L'industrie belge déplore un "manque de respect" dans la saga de la livraison des masques
by BelgaLa décision du gouvernement fédéral d’attribuer la commande de 15 millions de masques buccaux à la société luxembourgeoise Avrox laisse "un arrière-goût amer" à l’industrie belge, écrivent lundi la fédération du secteur de la chimie et des sciences du vivant Essenscia ainsi que la fédération belge du textile, du bois et de l’ameublement Fedustria. Elles demandent un entretien avec le ministre de la Défense Philippe Goffin.
Une première livraison de 1,5 million de masques fournis par la société luxembourgeoise Avrox, l’une des deux sociétés retenues début mai par la Défense, était attendue dimanche à Bruxelles. Le ministre de la Défense n’était pas disponible ce lundi pour confirmer leur arrivée.
Essenscia et Fedustria estiment cependant que la livraison connaît du retard et qu’il s’agit d’un "manque de respect" pour l’expertise industrielle belge car le délai strict représentait un argument décisif dans l’évaluation des offres. "De nombreuses entreprises belges du secteur du textile, de l’habillement et des matières plastiques se sentent ridiculisées", soulignent les fédérations.
Plusieurs propositions pour des masques 100% "made in Belgium" étaient sur la table
Elles qualifient par ailleurs Avrox de "société boîte aux lettres luxembourgeoise sans expertise avérée dans la fabrication ou la distribution de vêtements de protection médicale", alors que des entreprises belges du secteur avaient également soumis des offres.
"Plusieurs propositions pour des masques 100% 'made in Belgium' étaient sur la table, grâce auxquelles le gouvernement aurait pu soutenir l’emploi local en ces temps économiques difficiles", ajoute Yves Verschueren, administrateur délégué d’essenscia. "Il s’agit d’un mépris pour les connaissances et l’expertise spécialisées de l’industrie belge, à un moment où l’ancrage local des chaînes de production industrielle essentielles est à l’ordre du jour politique."
Le directeur général de Fedustria, Fa Quix, regrette également que le gouvernement ait opté pour les importations alors qu’une capacité de production existe à nouveau en Belgique. "Près de 40 millions d’euros de l’argent des contribuables affluent ainsi à l’étranger, tandis que les fabricants belges sont laissés pour compte et que les citoyens attendent toujours leur masque buccal", poursuit-il.