Seine-Saint-Denis : "Aujourd'hui, on peut parler de 30% d'élèves en situation de décrochage" dans les collèges, affirme le SNPDEN-Unsa

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Sept établissements sur 131 accueillent des élèves actuellement en Seine-Saint-Denis. Radouane M’Hamdi, secrétaire départemental du SNPDEN-Unsa, souhaite un retour progressif des élèves afin de "renouer avec une vie sociale".

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Une classe condamnée, le 7 mai 2020 à Paris. Photo d'illustration. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Depuis le 18 mai, les collégiens ont repris le chemin des cours, partiellement, par petits groupes, avec des disparités selon les départements ou les établissements. En Seine-Saint-Denis, département classé en zone rouge, sept établissements sur 131 accueillent des élèves actuellement. "Aujourd'hui, on peut parler de 30% d'élèves en situation de décrochage", a affirmé lundi 25 mai sur franceinfo Radouane M’Hamdi, secrétaire départemental du SNPDEN-Unsa, principal du collège Evariste Galois à Sevran (Seine Saint Denis), collège qui reste fermé pour l'instant à cause de l'épidémie de coronavirus.

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Ce décrochage touche "la plupart des établissements". S'il n'y a pas de reprise des cours d'ici la fin juin, Radouane M’Hamdi estime que l'on sera à "50%, 60%" de décrocheurs. Il souhaite "un retour partiel, progressif, programmé, adapté pour recréer du lien entre l'enfant et l'école, l'enfant et le professeur."

franceinfo : Est-ce que cela vous pèse de ne pas pouvoir accueillir les élèves ?

Radouane M’Hamdi : Légitimement, nos élèves nous manquent. Notre inquiétude porte sincèrement sur les élèves en situation de décrochage. Nous estimons avoir perdu beaucoup d'élèves après des vacances. Et aujourd'hui, la situation est vraiment pesante pour nous. Les vacances d'avril ont marqué un tournant. Nous étions à 7 à 8% [de décrocheurs]. Aujourd'hui, on peut parler de 30% d'élèves en situation de décrochage. Ils assistent de moins en moins aux cours. Ils restituent de moins en moins les cours. Les enseignants, les professeurs principaux notamment, nous ont alerté. Aujourd'hui, dans une classe de 24 élèves, ils sont 12 à 13 élèves à être présents aux cours via la plateforme numérique.

Dans ces cas-là, est-ce très difficile de recréer un lien avec eux, de prendre des nouvelles ?

Extrêmement difficile parce que nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on souhaitait garder le lien. Ce lien, on voit bien qu'il commence à rompre et que s'il rompt et que les enfants ne retournent pas à l'école au bout de quatre, cinq, six semaines, la situation risque d'être très difficile au retour. Aujourd'hui, nous comptons sur nos professeurs et notamment nos professeurs principaux, nos CPE (conseiller principal d'éducation). Nous comptons sur les appels téléphoniques, les échanges. Mais au bout d'un certain temps, les enfants se sont lassés. Donc, il faut une autre façon de faire. Et je pense que le retour progressif des enfants à l'école, le contact avec les professeurs est un excellent moyen pour renouer et renouer avec une vie sociale, tout simplement.

30% de décrocheurs, c'est une proportion très importante. Est-ce qu'elle touche aujourd'hui tous les établissements de Seine-Saint-Denis ?

Elle touche la plupart des établissements, malheureusement. Ce décrochage, on l'appelle un décrochage passif parce que l'enfant peut être présent une fois de temps en temps. Mais le décrochage passif, s'il se prolonge, il devient un décrochage pur et dur. Et donc, on était à 7%, on est passé aux alentours de 30%. Qui vous dit que fin juin, s'il n'y a pas de reprise, on ne sera pas à 50%, 60% ? Pour nous, le retour en classe est la seule solution aujourd'hui. Mais un retour partiel, progressif, programmé, adapté pour recréer du lien, recréer du lien entre l'enfant et l'école, l'enfant et le professeur. Et donc, ce retour-là, nous le souhaitons. Nous y travaillons beaucoup, mais c'est la solution la évidente et la plus intéressante aujourd'hui.

Ce décrochage très net que vous avez constaté à la fin des vacances d'avril, est-ce qu'il est lié à la difficulté de faire l'école à la maison, d'aider les enfants à faire leurs devoirs ?

Le retour est prioritairement social. Vous savez, les parents ne peuvent pas se substituer à un enseignant et vice versa. L'enseignant ne peut pas se substituer aux parents. On parle d'alliance éducative. On a fait le maximum. Aujourd'hui pour des tas de raisons qui sont d'ordre social, psychologique, de santé, les enfants doivent retourner à l'école. La seule condition : il faut que ça soit progressif, adapté et mesuré.

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