"Toutes les questions seront posées" : Pujadas raconte la préparation de l'interview de Didier Raoult sur LCI
by Mathilde DurandA la veille de son entretien exclusif avec Didier Raoult, diffusé mardi à 18 heures sur LCI, David Pujadas livre les coulisses de la rencontre avec le professeur, défenseur acharné du traitement à la chloroquine contre le Covid-19.
Mardi, à 18 heures, LCI, chaîne d'information du canal 26 de la TNT, diffusera un entretien exclusif entre David Pujadas et le professeur Didier Raoult, directeur de l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée. Une interview attendue, après la publication vendredi d'une étude dans la revue britannique The Lancet qui juge inefficace, voire dangereuse, la chloroquine et son dérivé, l'hydroxychloroquine, pour traiter les formes graves de Covid-19. Sur sa chaîne YouTube, le professeur a déjà évoqué une "étude foireuse". Le journaliste David Pujadas a livré au JDD les coulisses de la rencontre.
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Comment cette rencontre a-t-elle été décidée?
Elle a été calée en fin de semaine dernière. Jeudi, nous avons eu l'accord du professeur Didier Raoult et de l'Institut hospitalo-universitaire. Depuis le début des événements j'écris régulièrement au professeur, tous les deux jours, puis tous les quatre jours, puis toutes les semaines, et un jour il a répondu à mon texto. En parallèle, avec la chaîne, nous avons créé un contact avec l'IHU. Le professeur Eric Chabrière, un proche de Didier Raoult, s'est plusieurs fois exprimé sur LCI. Il est même venu débattre. Au fur et à mesure un lien s'est établi et a permis de déboucher sur cette interview.
Comment va se présenter l'interview?
Je descends à Marseille pour rencontrer le professeur directement dans son bureau et faire l'interview 'de visu'. [Elle sera enregistrée mardi matin puis diffusée à 18 heures dans l'émission 24 heures Pujadas, NDLR]. Dans mon esprit, je m'attends à ce que l'on fasse entre 30 et 40 minutes d'interview. Didier Raoult est quelqu'un d'éminent, c'est une figure de l'infectiologie et de la virologie en France, il faut prendre le temps d'aller au fond des choses. On n'est pas dans un journal télévisé, strictement contraint par le temps.
Comment vous êtes-vous préparé à cet entretien?
Cela fait deux mois que je baigne dedans : je lis tous les jours des études, des rapports sur l'épidémie. Cela m'a permis d'acquérir une bonne base de connaissance. Et j'ai en plus appelé des médecins évidemment. C'est un gros boulot de préparation car ce n'est pas une interview ordinaire. On ne peut pas arriver les mains dans les poches. L'enjeu c'est de ne pas perdre les gens en étant trop technique, mais en même temps, il faut tout avoir en tête pour poser les bonnes questions.
Vendredi, une étude parue dans la revue scientifique britannique The Lancet remet en cause l'utilisation de la chloroquine pour lutter contre le Covid-19. Un traitement pourtant défendu par Didier Raoult. Allez-vous l'interroger sur ce sujet ?
Le contrat avec le professeur est clair, je vais lui poser toutes les questions. Je ne vais pas aller là-bas sur la pointe des pieds. J'ai l'intention de mettre tout sur la table et Didier Raoult aura le temps de s'expliquer sur tous les sujets. Je ne suis ni pro-Raoult, ni anti-Raoult, je ne suis pas procureur. Toutes les questions seront posées, notamment sur l'étude de The Lancet, car c'est un vrai sujet et l'on attend sa réponse.
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Le Pr Didier Raoult est une figure médiatique importante depuis le début de l'épidémie de Covid-19 en France, aborde-t-on l'interview différemment face à une telle personnalité?
Je ne l'aborde pas forcément différemment, mais il est vrai que c'est un personnage. Je compte d'ailleurs aborder le sujet dans l'interview, même si cela n'en sera pas le coeur. C'est important de l'interroger sur l'image qu'il renvoie de lui-même. Didier Raoult est volontairement provocateur, il dit les choses à sa manière. Comment il a claqué la porte du conseil scientifique, ses réponses à ses confrères, ses formules parfois expéditives : ces sujets seront abordés dans l'interview. J'ai l'impression de rencontrer quelqu'un d'important dans son domaine. Je ne suis pas médecin, j'entends aussi la controverse et j'ai envie d'avoir des réponses sur tous ces sujets.
Un dispositif spécifique est-il envisagé après l'entretien?
Il y aura un dispositif, assez équilibré, pour débriefer l'entretien avec des médecins. Ne serait-ce que pour prendre la mesure de ce qui a été dit.