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Les jeunes startuppers africains sont intéressés par des secteurs clés africains tels que l’éducation, la santé, l’énergie et l'agriculture. Avec la contrainte de la distanciation sociale et la montée en puissance de la dématérialisation, ils sont désormais en première ligne de la lutte contre le Covid-19.  © Shola Animashaun

Start-up d'Afrique : « Chaque crise est l'aube d'une nouvelle ère »

#JeSuisWAN. Intervenant sur le volet Innovation du projet Worldwide Afro Network (WAN), de jeunes dirigeants de la tech africaine se sont confiés sur leur vision du futur.

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Le salut de l'Afrique passera par le numérique ou ne sera pas. C'était la conviction de beaucoup avant le Covid-19, elle s'est renforcée depuis que la crise sanitaire est clairement devenue une crise économique et par la suite une crise du financement des projets. Avec le maintien qu'a permis à nombre d'entreprises la dématérialisation désormais portée par la pertinence de la distanciation sociale et le plébiscite en faveur des gestes barrières, les start-up africaines ont encore mieux saisi combien les différents outils et services sur lesquels elles ont travaillé peuvent faire la différence. Autant dire qu'à côté des acteurs culturels elles sont les autres atouts sur lesquels l'Afrique peut s'appuyer pour faire sa mue et aborder l'avenir avec un paradigme renouvelé. Voilà qui explique pourquoi quand Afrobytes, agence spécialisée dans la mise en connexion de start-up africaines avec la tech d'autres parties du monde, les a invitées à participer au projet Worldwide Afro Network (WAN)* tenu le 25 mai, Journée internationale de l'Afrique, 21 parmi les plus en vue ont tout de suite accepté. Avec comme objectif de jouer sur les registres de la solidarité, de la durabilité, de l'inclusivité et de l'innovation dans la lutte contre le Covid-19 et dans la volonté de réfléchir à l'avenir de l'Afrique dans ce contexte difficile de pandémie, certaines d'entre elles ont accepté de répondre à trois questions du Point Afrique, dont voici les libellés :

- 1re question : « Pourquoi participer à un événement comme WAN fait-il sens pour vous ? » ;

- 2e question : « En quoi votre innovation s'inscrit-elle dans l'Afrique à construire après la crise du Covid-19 ? »

- 3e question : « Aux investisseurs tentés par l'Afrique mais craintifs de la situation de surrisque souvent dépeinte de l'Afrique, que diriez-vous pour les convaincre ? »

Chacune des start-up ci-dessous a répondu dans cet ordre. En voici les contenus :

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George Gachui. © DR

Mookh Africa, George Gachui, du Kenya

1/ Il n'y a pas de meilleur moment pour l'Afrique, parce que l'objectif de consommation est maintenant tourné vers l'intérieur. Nous devons acheter autour de nous pour que tout et tous puissent survivre. Mais si vous pensez aux ressources, à la terre, aux gens – et surtout aux jeunes, aux compétences, aux leçons, à l'exposition, au désir de faire et d'être grand…. L'Afrique a tout ce dont les Africains et le reste du monde ont besoin. WAN nous donne l'occasion d'entrer en contact avec nos pairs africains comme jamais auparavant, et d'échanger des idées et des solutions pour construire l'Afrique des cinq prochaines décennies.

2/ Nous sommes opérationnels en Afrique de l'Est depuis cinq ans, et plus que de simplement construire une bonne marque à travers Mookh, nous avons aussi eu la chance de pouvoir travailler et découvrir le paysage en ligne avec des milliers de petites et microentreprises locales. Ce que nous offrons est une plateforme qui permet aux musiciens, aux organisateurs d'événements et aux créateurs de commencer à vendre en ligne facilement et de se connecter avec leur public mondial par le biais d'un seul portail. Augmenter l'audience est la tâche la plus importante, mais nous avons le temps, alors commençons dès maintenant.

3/ Regardez le monde maintenant ! S'il y a une chose que la crise du Covid-19 nous a apprise, c'est que le risque vit tout autour de nous. Les marchés monétaires mondiaux fluctuent, quel que soit l'endroit où ils se trouvent. Ainsi, même pour les investisseurs, l'accent doit passer du risque « perçu » (qui est en grande partie la crainte des investisseurs étrangers) à l'opportunité. Et cette opportunité, c'est plus d'un milliard de consommateurs, dont l'âge moyen est de 19,7 ans, qui constituent la masse critique pour la survie, la subsistance et le développement du monde – et qui vivent tous en Afrique.

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Musa Kalenga et Kola Olajide. © DR

Bridge Labs, Musa Kalenga, d'Afrique du Sud

1/ Cette décennie est importante pour l'Afrique. Dans tous les domaines, tous secteurs confondus, faire preuve d'unité et de visibilité est essentiel pour s'approprier le récit commercial et culturel, mais aussi pour favoriser une atmosphère de collaboration. WAN est une plateforme alignée sur notre vision pour l'Afrique.

2/ Chez Bridge Labs, nous concevons et construisons des technologies pour l'invisible numérique et nous avons pour objectif d'expédier nos produits vers les marchés en développement partout dans le monde. Après le Covid-19, les Africains ont la possibilité de reconstruire les écosystèmes, les chaînes de valeur et les façons de faire des affaires. La technologie jouera un rôle crucial.

3/ L'Afrique représente actuellement 17 % de la population mondiale. Malheureusement, nous ne contribuons actuellement qu'à hauteur de 3 % au PIB mondial. On estime que d'ici à 2030, une personne sur cinq dans le monde sera africaine. Cela représente 1,7 milliard de personnes ! Il ne s'agit pas seulement d'une opportunité de marché phénoménale. Les composantes de la culture africaine deviendront plus courantes et donc beaucoup plus attrayantes sur le plan commercial et mondial, comme cela a déjà commencé à se produire. D'ici là, il y a beaucoup à faire, mais, grâce à un capital actif, audacieux et patient, et à de jeunes pousses vraiment audacieuses, cela deviendra une opportunité florissante.

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Amina Rashad. © DR

GetyourGlow, Amina Rashad, d'Égypte

1/ Participer à un événement comme WAN est une occasion extraordinaire de partager notre expérience en tant que jeune entreprise qui se concentre sur la santé et la nutrition dans ce nouveau monde, une occasion d'apprendre ce qui se passe en Afrique et dans le monde également. L'exposition est toujours bénéfique pour tout le monde. Notre histoire doit être entendue, racontée et partagée.

2/ Notre entreprise se concentre sur des produits qui utilisent des ingrédients locaux tels que des légumes verts à feuilles et du miel cru, nos ressources les plus précieuses en Afrique. En tant que continent, nous sommes l'un des plus riches en matières premières. Le nouveau monde de l'après-Covid-19 se rend compte que nous devons revenir à l'essentiel et à nos produits naturels de la terre, et l'Afrique est le meilleur endroit pour commencer.

3/ Démarrer une entreprise dans un tel environnement, avec de nombreux consommateurs qui attendent d'être servis et une si faible concurrence, est une façon intelligente d'investir et une opportunité qui ne se présentera pas longtemps une fois découverte par les autres.

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Babusi Nyoni. © DR

Sila Health, Babusi Nyoni, du Zimbabwe

1/ En tant que start-up, participer à cet événement signifie faire partie d'une communauté africaine progressiste. Il est important qu'en tant que pionniers dans le domaine des technologies de la santé nous nous joignions à cette importante conversation à laquelle le monde entier assiste afin de mettre en valeur notre ingéniosité aux côtés des Africains sur le continent et dans la diaspora. Partager nos solutions « Construire pour l'Afrique » avec d'autres Africains alors que nous célébrons notre journée de solidarité à travers le monde.

2/ Début 2019, nous avons identifié les principales lacunes structurelles dans la fourniture de soins de santé sur le continent africain, notamment en ce qui concerne l'accès aux données sanitaires essentielles en temps réel. Depuis lors, nous avons mis au point des outils qui donnent un aperçu de la propagation des maladies, des pandémies et de la prévalence de la résistance aux médicaments dans les régions les plus reculées. Pendant la crise du coronavirus, nous avons travaillé en étroite collaboration avec l'administration de la deuxième plus grande ville du Zimbabwe pour créer une série d'outils optimisés pour une réponse d'urgence sanitaire au niveau national et municipal. Nous espérons ouvrir l'utilisation de ces outils à toutes les villes africaines et fournir un système de santé régional beaucoup mieux connecté et informé.

3/ L'investissement comporte certainement un certain niveau de risque, quel que soit le contexte dans lequel il est réalisé. Cela étant dit, si l'on considère l'incroyable potentiel économique de l'Afrique et la façon dont notre continent deviendra la plus grande force de travail au tournant du siècle, ainsi que notre volonté d'adopter les technologies émergentes, on peut se pardonner de penser que le moment est plus que jamais opportun pour investir dans une entreprise africaine. Les chances sont définitivement en votre faveur.

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Victory Matibiri.  © DR

Mustard, Victori Matibiri, d'Afrique du Sud

1/ L'une de nos missions en tant qu'entreprise est de construire une Afrique progressiste. Une Afrique prospère, unie et pleine d'opportunités. La Journée mondiale de l'Afrique est un symbole de cela. Elle rassemble les meilleurs de créateurs, d'entrepreneurs, de musiciens et d'autres Africains pour qu'ils soient unis ! Nous pensons que cela nous permettra de voir plus d'opportunités non seulement pour nous mais aussi pour le continent. Chaque crise est l'aube d'une nouvelle ère, regardez l'Afrique se lever et son peuple briller !

2/ Le « Social commerce » sera le nouveau battement de cœur du e-commerce en Afrique. Le commerce électronique en Afrique représente aujourd'hui environ 17 milliards de dollars, et on estime qu'il atteindra 75 milliards de dollars en 2025. Mustard est une plateforme de commerce social et d'analyse pour les marques (comme L'Oréal) qui vendent sur de multiples canaux de vente en ligne. Ces marques ont du mal à se développer efficacement car elles ne peuvent pas relier leurs efforts numériques aux ventes sur des détaillants tiers comme Jumia. Elles ne possèdent pas leurs propres data. Mustard les aide à s'approprier le parcours du client, depuis le poste d'influence jusqu'à ce que ce client achète chez un autre détaillant. Grâce à notre plateforme, toute marque peut désormais s'implanter en Afrique grâce au commerce social en un clic de bouton. Cela permet d'accélérer l'adoption du commerce électronique et la croissance des marques qui atteignent de nouveaux marchés de consommation.

3/ Il y a des entrepreneurs très intelligents qui travaillent sur des entreprises qui vont remodeler le monde. N'écoutez pas les nouvelles, écoutez les gens. Parlez-nous et écoutez notre histoire de la bouche et du cœur. Ayons une conversation. Je suis ouvert à une conversation, à tout moment. Vous n'avez peut-être pas besoin d'investir, mais au moins écoutez notre histoire et décidez à partir de là. L'Afrique est vivante et elle est prête. Âge moyen de 19 ans, marché estimé à 1,7 milliard de personnes au cours de la prochaine décennie, avec un marché de consommation de 2,1 billions de dollars d'ici à 2030. Nous avons la population la plus jeune et qui croît le plus rapidement. Cela signifie que vous investissez dans un marché qui a beaucoup de potentiel.

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Getnet Asefa.  © DR

ICogs Labs, Getnet Assefa, d'Éthiopie

1/ Cela a beaucoup de sens pour iCog Labs. Tout d'abord, ce type d'exposition nous aidera à promouvoir notre marque. iCog est principalement une société de recherche et développement en matière d'intelligence artificielle et ce type d'exposition nous aidera à pêcher les clients d'outre-mer. Deuxièmement, les événements qui mettent en évidence le côté novateur de l'Afrique et qui présentent le potentiel du continent en tant que destination de haute technologie sont rares et peu fréquents. Participer à de tels événements est le seul moyen de corriger la perception biaisée de l'Afrique constamment présentée par les médias internationaux.

2/ Bien qu'il soit exagéré de dire la « nouvelle Afrique après Covid-19 », nous pensons que la pandémie actuelle pourrait avoir un effet durable sur l'impact de la technologie, et cela pourrait être le début d'un grand changement. iCog Labs a quelques projets liés à l'éducation. Nous pensons qu'en créant une plateforme en ligne présentant l'IA nous pouvons offrir une éducation de qualité et continuer à éduquer et à familiariser nos gens avec les arts du codage pour une meilleure Afrique.

3/ Nous disons aux investisseurs, principalement, trois choses. Premièrement, oubliez ce que vous pensez savoir sur l'Afrique. Les étrangers et les voyageurs ne peuvent avoir que des idées reçues, les reporters ont tendance à exagérer les drames. Deuxièmement, si vous n'utilisez pas ce temps, l'Afrique sera trop avancée pour vous dans une décennie. Le marché est ouvert aujourd'hui et, si vous ne prenez pas pied, il n'y aura pas de place pour se tenir sur une jambe demain. Troisièmement, laissez-nous vous montrer à quel point la main-d'œuvre africaine est tout aussi compétitive, et vous aimerez ensuite le fait qu'elle soit un peu moins chère.

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Aziz Yerima.  © DR

PayDunya, Aziz Yerima, du Sénégal

1/ Nous avons tous un rôle à jouer dans cette crise et je pense que le nôtre en tant que start-up est à deux niveaux :

- offrir des solutions digitales aux entreprises afin de maintenir leur niveau de productivité pour encourager le télétravail ;

- sensibiliser les populations aux gestes barrières et venir en aide aux plus démunis avec des dons notamment à ceux qui vivent au jour le jour.

2/ Nous avons toujours milité pour une Afrique plus digitale, cette crise n'a fait que mettre en exergue cette nécessité. Pour nous, le moment actuel sera le catalyseur pour accélérer la dématérialisation en Afrique et l'après-Covid sera marqué par des habitudes de consommation et d'interactions avec le digital au quotidien. PayDunya s'est toujours inscrit dans cette vision d'une Afrique avec des paiements digitaux et biens et services consommés via son téléphone.

3/ L'Afrique est toujours le continent avec les taux de croissance à deux chiffres, cette pandémie nous ralentira, certes, durant les premiers mois, mais l'Afrique sera résiliente et la croissance repartira d'ici à 2021. Au contraire, cette crise a montré l'urgence à nos gouvernants et dirigeants d'entreprise de ne plus voir le digital comme une affaire de buzz ou de second plan, mais comme une nécessité pour ce XXIe siècle. Tout le monde est sur le qui-vive et a remis les plans de digitalisation en priorité absolue, c'est au contraire le moment d'investir dans les start-up africaines.

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Khadijat Abdulkadir. © DR

Tudo, Khadijat Abdulkadir, du Nigeria

1/ Un événement comme WAN est une occasion fantastique de mettre en valeur les talents africains. Mais, plus que cela, c'est un moment de solidarité et d'unité à l'échelle mondiale et le fait d'y participer nous donne à tous un sentiment d'appartenance. Pour nous rappeler tout ce que nous avons vécu auparavant et la force qu'il nous a apportée dans son ensemble. Participer me permet de faire partie de quelque chose.

2/ Si l'on pense à l'après-Covid19, de nombreux secteurs sont devenus extrêmement importants, en particulier les secteurs de l'agriculture, de la santé et de la technologie. En tant que personne opérant dans le domaine de la technologie financière, Tudo a été une solution particulièrement importante pendant le Covid-19 car il y a eu une très forte augmentation du nombre d'organisations et d'individus créant des campagnes, collectant des fonds et recherchant le soutien de réseaux étendus pour en maintenir beaucoup en vie. Tudo est une plateforme financière sociale que nous avons conçue pour combler le fossé entre la finance et le réseau social au début de cette année,pour tirer profit de la transformation numérique et des effets de réseau qui sont principalement présents dans les plateformes sociales pour connecter les utilisateurs entre eux et leurs finances, le tout dans une même plateforme. Tudo était particulièrement pertinente en tant que réponse au Covid et le sera encore plus après le Covid, car il offre cette possibilité de se connecter, même à distance. Tout comme des plateformes comme Facebook et Instagram ou LinkedIn qui vous donnent accès à votre réseau, nous vous offrons la possibilité de collaborer avec votre réseau d'amis, de famille et de communauté élargie par le biais d'objectifs de groupe, d'objectifs personnels et même d'objectifs organisationnels. Tout cela dans le but de fixer et d'atteindre des objectifs financiers.

3/ Je dirais que chaque entreprise est un risque et que tous les investisseurs ont un certain appétit et une certaine compréhension du risque. Il est également vrai que plus le risque est grand, plus les bénéfices sont importants. L'Afrique est pour moi un gagnant qui prend tout l'environnement et qui est tout à fait comparable à la grande histoire américaine. Une terre où seuls les braves sont venus trouver de l'or, se sont installés et ont construit un empire pour durer. Je dirais qu'il faut oser prendre un risque avec l'Afrique parce que, eh bien, il n'y a pas grand-chose à faire ailleurs.

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Shirley Billot. © DR

Khadalys, Shirley Billot, de Martinique

1/ Je me sens d'autant plus concernée que je suis née et j'ai grandi à Djibouti. Il est important que nous, afro-descendants, nous nous engagions directement pour nos territoires.

2/ Je suis engagée depuis dix ans dans un projet de recherche et industriel pour redonner de la richesse aux territoires en valorisant les déchets des filières de la banane. Avec un modèle écoconscient, économie circulaire, chimie verte et écoextraction et surtout inclusif en faisant monter au capital des agriculteurs. Cette vision d'un capitalisme éthique et participatif me semble être le modèle à adopter pour une vision durable de nos sociétés.

3/ Nous avons les mêmes a priori aux Antilles. Je leur dirais que l'important est le projet et la détermination de son porteur pour bousculer les codes. L'Afrique est un continent varié et avec des possibilités incroyables.

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Brian Mwenda. © DR

Hope Tech Plus, Brian Mwenda, du Kenya

1/ Je crois en la collaboration et le travail consiste à rassembler les différentes parties prenantes autour d'une cause progressiste. La Journée mondiale de l'Afrique partage ces idéaux et c'est en s'unissant que l'Afrique progressera.

2/ Mon innovation, le sixième sens, donne aux personnes malvoyantes la liberté de se déplacer de manière indépendante. Dans ce monde de Covid, les personnes malvoyantes ont du mal à obtenir de l'aide pour se déplacer car cela implique un contact physique. L'Afrique compte plus de 36 millions de malvoyants et, après le Covid avec mon innovation, ils pourront se déplacer sans aide afin d'accroître leur participation à la société.

3/ Je pense que l'Afrique est un endroit formidable pour les affaires et que les investisseurs ne devraient pas s'inquiéter. Si un produit fonctionne et résout un problème, les gens l'adopteront. C'est beaucoup plus simple que dans la plupart des endroits du monde où tant d'autres politiques entrent en jeu. L'Afrique adopte rapidement la technologie et la prochaine décennie verra une révolution industrielle et technologique unique sur le continent.

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Gilles Kounou.  © DR

Go Medical, Gilles kounou, du Bénin

1/ Le WAN est. un réseau qui met en avant les innovateurs et les leaders culturels africains, qui œuvrent pour mettre en avant une afrique bâtie et célébrée par et pour les Africains. C'est cet investissement qui met en avant le made for Africa, in Africa, by Africans, qui motive ma participation à ce réseau. Cela résonne en particulier avec ma conviction de ce que les Africains, qu'ils soient entrepreneurs ou politiques, sont désormais capables de conduire les destinées de l'Afrique, par eux-mêmes.

2/ Nos innovations, goMediCAL et kkiaPay, permettent de faciliter via le digital le renforcement et le maintien des activités que conduisent les professionnels que nous assistons. Avec la crise du Covid-19 et les problématiques de distanciation sociale, la nécessité d'une infrastructure numérique sera évidente dans bien des secteurs d'activité. C'est à ce challenge que répondent goMediCAL pour la santé et kkiaPay pour le commerce en ligne, qui devra inexorablement se développer entre Africains.

3/ Ce n'est pas à moi d'affirmer que l'Afrique est la nouvelle frontière. Bien des économistes et leaders politiques le répètent à tue-tête. Si c'est indéniablement vérifié, je veux ajouter en direction des investisseurs qu'il faut désormais miser sur les entrepreneurs africains, directement avec des montages qui permettent de sécuriser les fonds alloués et des organisations d'accompagnement adéquats. Les entreprises africaines, et en particulier celles du secteur de l'innovation, montrent chaque jour leur capacité à répondre aux challenges et besoins de nos marchés, et les ressources humaines sont de plus en plus disponibles et responsables pour prendre en charge le destin de ces organisations. Je suis convaincu qu'il y a un risque dans tout investissement et même dans toute entreprise humaine, mais, avec un screening plus attentif de ce que les entrepreneurs du continent peuvent réaliser et en pariant sur les jeunes et globalement sur l'humain, les investisseurs devraient se rendre compte que parier sur l'Afrique est tout autant risqué que de le faire sur une entreprise occidentale. C'est sur l'humain et l'entreprise qu'il faut désormais parier.

* Le Point Afrique retransmet en Facebook Live sur sa page officielle le « WAN (Worldwide Afro Network) Show 2.0 »