VRAI OU FAKE Non, on ne peut pas dire qu’un enfant disparaît toutes les dix minutes en France

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A l’occasion de la journée internationale des enfants disparus, lundi 25 mai, le ministère de l’Intérieur dévoile les derniers chiffres sur les disparitions de mineurs. Des chiffres qui sont parfois résumés un peu vite.

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Un enfant, seul, sur une route. Photo d'illustration.  (ANNE-SOPHIE BOST / MAXPPP)

Lundi 25 mai, à l’occasion de la journée internationale des enfants disparus, le ministère de l’Intérieur a dévoilé ses derniers chiffres sur les disparitions de mineurs. "En France, un enfant disparaît toutes les dix minutes", ont résumé certains médias. La cellule Vrai du Faux vous explique pourquoi cette affirmation est fausse. 

Plusieurs signalements pour un même enfant 

Dire qu’un enfant disparaît toutes les dix minutes en France est un raccourci malheureux. Chaque année, le ministère de l’Intérieur communique bel et bien un bilan des disparitions de mineurs, toutefois, il n’évoque pas un nombre "d’enfants" disparus mais de "signalements". Aussi, si les autorités rapportent avoir recensé 51 287 signalements de mineurs disparus en 2019, cela ne veut pas dire que 51 287 enfants ont disparu cette année-là. "Un enfant peut être signalé plusieurs fois", expliquent les équipes du 116 000, le numéro d’urgence gratuit mandaté par le ministère de l’Intérieur pour aider les familles d’enfants disparus.

Même au numéro d’urgence 116 000, personne ne sait combien d’enfants ont réellement disparu. L’association affirme que le ministère de l’Intérieur est incapable de leur communiquer cette donnée. Contacté, le service communication de la police nationale confirme que les autorités ne peuvent pas communiquer le nombre d’enfants disparus car cela s'avère "trop compliqué". En effet, un même enfant peut notamment être recherché sous plusieurs identités car "les recherches démarrent rapidement sur du déclaratif", explique la police.

Des fugues dans la majorité des cas

Derrière ces signalements d’enfants disparus se cachent d’ailleurs des réalités bien différentes. Dans 97% des cas de signalements de disparitions il s’agit de fugues. En 2019, 49 846 signalements de fugues ont été recensés. Ce sont en majorité des garçons (54%) dont environ un tiers ont moins de 15 ans.

Le reste des signalements correspond à 918 "disparitions inquiétantes" et enfin 523 "enlèvements parentaux". Même si dans la loi toute disparition de mineur est considérée comme inquiétante, le distinguo est ici fait avec les enfants qui pourraient être en danger de mort, ou victimes de crimes.

Certaines disparitions ne sont pas comptabilisées

Pour autant, les chiffres ne sont pas forcément à revoir à la baisse selon la fondation Droit d’Enfance en charge du numéro d’urgence 116 000. "Tous les enfants disparus ne sont pas comptabilisés", explique-t-on. En effet, pour qu’un enfant soit officiellement comptabilisé comme disparu il faut qu’il ait été signalé auprès des forces de l’ordre mais également qu’il ait été inscrit au fichier des personnes disparues. Or, selon la fondation, tous les signalements n’aboutissent pas à une inscription dans ce fichier. Toujours selon le 116 000, ce cas de figure se retrouve davantage dans les affaires de soustraction de mineurs. "Il y a encore des policiers qui ne savent pas que cela relève bien du pénal et qui ne prennent pas de plainte", explique le numéro d’urgence.

Du côté de la police nationale, on affirme que ces cas sont rares sans exclure totalement leur existence. En tout état de cause, dire qu’un signalement de disparition de mineur a lieu toutes les dix minutes en France apparaît encore plus bancal.