Bernard Arnault vole à son tour au secours d'Arnaud Lagardère
by Zone Boursepar Gwénaëlle Barzic et Blandine Henault
Bernard Arnault, PDG du géant français du luxe LVMH, a apporté lundi son soutien à Arnaud Lagardère en prenant une participation dans sa holding personnelle alors que le gérant commandité de Lagardère SCA est confronté aux attaques du fonds activiste Amber Capital.
A la demande du dirigeant de 59 ans, Groupe Arnault va acquérir environ un quart du capital de Lagardère Capital & Management (LCM), la société holding d'Arnaud Lagardère, ont annoncé les deux parties lundi.
"Ce rapprochement va permettre de renforcer la structure et les capacités financières de LCM", est-il indiqué dans un communiqué commun.
L'opération intervient moins d'un mois après une assemblée générale à hauts risques pour Arnaud Lagardère dont la gestion est contestée par le britannique Amber Capital, devenu son premier actionnaire avec 18% du capital.
Le fonds, qui souhaitait renouveler le conseil de surveillance et revoir la structure du groupe - une société en commandite par actions - a finalement échoué à faire approuver ses résolutions.
Arnaud Lagardère a sauvé la mise sur le fil après avoir rallié le soutien de plusieurs figures du monde politique et des affaires français dont l'ancien président Nicolas Sarkozy, coopté au conseil de surveillance.
Mais il a aussi ouvert la porte à Vivendi, contrôlé par le milliardaire Vincent Bolloré, qui a pris fin avril plus de 10% du capital de Lagardère, une participation que le groupe a portée depuis à 16,48% selon un avis de l'AMF.
Le rapprochement avec Bernard Arnault apporte un répit à Arnaud Lagardère, confronté à un lourd endettement personnel et dont le groupe - propriétaire de la maison d'édition Hachette, de boutiques d'aéroport et de la radio Europe 1 - fait face à la chute de ses revenus provoquée par la crise du coronavirus.
A la Bourse de Paris, l'action Lagardère a terminé en hausse de 16,15%, signant de loin la plus forte hausse du SBF 120.
UNE NOUVELLE PARTIE COMMENCE
L'opération, qui se fera par une augmentation de capital et l'achat de titres, atteint un montant de moins de 100 millions d'euros, a précisé une source au fait du dossier, selon laquelle l'investissement de la première fortune française s'explique par les liens d'amitié anciens unissant les deux familles
"C'est une histoire d'amitié personnelle entre Bernard Arnault et Jean-Luc Lagardère", a expliqué la source, en faisant référence au père d'Arnaud Lagardère, le fondateur de la société décédé brutalement en 2003.
Les interrogations risquent cependant de redoubler concernant les intentions de Bernard Arnault et de Vincent Bolloré, réputés pour être de redoutables hommes d'affaires.
"Vivendi accueille l'arrivée de Bernard Arnault très positivement. C'est une approche amicale et cela démontre qu'il croit comme Vivendi en l'avenir des activités du Groupe Lagardère", a dit une source proche de Vivendi.
Vivendi a été informé de l'opération par Bernard Arnault et Arnaud Lagardère, a-t-on dit de même source.
"L'opération réduit davantage la probabilité que la structure en commandite soit démantelée puisqu'elle résout le problème éventuel de solvabilité d'Arnaud Lagardère", commente Charles-Louis Scotti, analyste chez Kepler Cheuvreux.
Il estime que les deux entrepreneurs pourraient étudier d'éventuels rapprochements avec leurs propres actifs : boutiques d'aéroports pour LVMH, médias et édition pour Vivendi.
"C'est une partie qui démarre, très incertaine", résume une autre source au fait du dossier, pointant une autre inconnue : la stratégie du Qatar, troisième actionnaire du groupe.
(Edité par Nicolas Delame)