5G : les opérateurs ne sont pas sur la même longueur d’onde
by Pierre ManièreAlors que Free souhaite que l’attribution des fréquences 5G intervienne dès que possible, Orange affiche sa préférence pour septembre ou octobre. Bouygues Telecom, de son côté, veut repousser cette échéance à fin 2020 ou début 2021. Un report satisferait aussi, selon nos informations, SFR.
Certains sont pressés. D'autres pas du tout ! Sur le front de la 5G, les opérateurs ne sont pas sur la même longueur d'onde. Les enchères visant à attribuer les fréquences dédiées à cette technologie devaient avoir lieu le 21 avril dernier. Mais la crise du Covid-19 a obligé l'Arcep à les reporter. Le régulateur des télécoms souhaite désormais les attribuer soit fin juillet, soit courant septembre.
Mais les opérateurs, eux, ont des souhaits différents. Iliad, la maison-mère de Free, semble pressée. Récemment, Thomas Reynaud, son DG, a demandé que les fréquences soient disponibles « au plus tôt ». Stéphane Richard, le PDG d'Orange, plaide pour une attribution en septembre-octobre. Une perspective qui n'enchanterait guère Bouygues Telecom. Dans une tribune publiée samedi dans Le Figaro, Martin Bouygues n'y va pas par quatre chemins. D'après le patron du groupe Bouygues, il faut repousser les enchères « à la fin de cette année ou au début de 2021 ». Pourquoi ? « Tout simplement, dit-il, parce que le monde économique d'aujourd'hui n'est plus du tout le même que celui qui prévalait début mars, lorsque les conditions de l'enchère ont été fixées. »
A en croire Martin Bouygues, « la 5G n'est pas la priorité du pays ». Primo parce que la technologie n'est pas encore mature, et qu'un report n'handicapera pas, juge-t-il, l'économie du pays. Secundo parce que la 5G « suscite aujourd'hui bien plus de méfiance et de scepticisme que d'engouement et d'enthousiasme », et qu'il convient, ainsi, « de prendre le temps de la pédagogie et de la conviction ». Tertio parce qu'il faut « laisser à tout le monde le temps d'analyser l'ampleur du bouleversement » du Covid-19. A ce sujet, Didier Casas, directeur général adjoint de Bouygues Telecom, estime qu'un report de l'attribution des fréquences 5G pourrait être mis à profit « pour accélérer la couverture 4G du territoire ». Et ainsi réduire la fracture numérique dont ont souffert de nombreux foyers pendant le confinement.
Surtout, Martin Bouygues appelle à une baisse du prix des fréquences, fixé à un minimum de 2,17 milliards d'euros. Les opérateurs « peuvent-ils raisonnablement acheter des fréquences dont les prix de base ont été fixés au début de l'année, en pleine euphorie...
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