Coronavirus en Afrique : le continent est-il vraiment moins touché ? "On ne sait pas ce qu’il se passe"

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Capture d’écran de la carte interactive sur le site de l’Université Johns Hopkins (CSSE) https://coronavirus.jhu.edu/map.html.
© RTBF – 25 mai 2020
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Des agents de santé se préparent à effectuer des prélèvements sur des patients dans un service du COVID-19 qui abrite des cas suspects à l'hôpital de Pikine à Dakar.
© AFP - 23 avril 2020
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Un bénévole et les enfants qui font la queue pour maintenir la distance sociale à Johannesburg en Afrique du Sud, le 25 mai 2020, lors d'un repas de l'Aïd al-Fitr distribué à des centaines de bénéficiaires dans les quartiers de Westbury et de Coronationvi
© AFP
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Une plage déserte à Rabat, alors que le pays est bouclé pour arrêter la propagation du Covid-19, le premier jour de la fête de l'Aïd al-Fitr marquant la fin du mois saint musulman du Ramadan.
© AFP - 24 mai 2020
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Un combattant fidèle au Gouvernement d'accord national (GNA) se tient à côté d'une voiture détruite suite à un bombardement dans le quartier résidentiel de Bab Bin Ghashir à Tripoli, la capitale de la Libye, le 9 mai 2020.
© AFP
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Un membre du personnel médical mesure la température d'un homme à titre préventif contre le coronavirus COVID-19 à son arrivée de rapatriement à Gatumba, à la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC), au Burundi, le 18 mars 2020.
© AFP
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Capture d’écran du tableau de bord relatif au Covid-19 de l’Union africaine : https://au.int/fr/covid19.
© RTBF – 25 mai 2020

A priori et selon les chiffres officiels, le continent africain semble moins impacté que le reste du monde par la pandémie du Covid-19. A ce jour, selon le tableau de bord l’Union africaine relatif au Covid-19, le nombre total de morts est de 3348, et celui d’infections, de 111.348.

Néanmoins, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a à plusieurs reprises alerté sur la bombe à retardement que constituera le Covid-19 pour l’Afrique, qui ne serait pas capable de faire face au virus, principalement à cause du manque d’infrastructures sanitaires. Selon le directeur de l’Organisation mondiale de la santé, l’Afrique doit "se préparer au pire".


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Les chiffres de la pandémie sur ce continent sont-ils crédibles ? Pour la journée mondiale de l’Afrique de ce 25 mai, réponses avec une spécialiste de la question et tour d’horizon avec quelques pays africains.

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Des agents de santé se préparent à effectuer des prélèvements sur des patients dans un service du COVID-19 qui abrite des cas suspects à l'hôpital de Pikine à Dakar. © AFP - 23 avril 2020
Au début de la crise, il n’y avait que deux laboratoires capables d’effectuer les tests pour tout le continent

Selon Catherine Linard, professeur en géographie de la santé à l’UNamur, "Le gros problème de l’Afrique, c’est qu’on a peu d’informations car les capacités de testing sont réduites. En Europe, la pandémie est déjà difficile à suivre, alors en Afrique c’est bien pire. Au début de la crise, il n’y avait que deux laboratoires capables d’effectuer les tests pour tout le continent. Cela dit, en quelques semaines la capacité de diagnostic a augmenté. Début mars, 43 pays africains étaient capables de réaliser les tests."

En Europe, les données officielles pour évaluer la pandémie sont basées avant tout sur les hospitalisations et les décès. Mais "En Afrique, la population n’a pas aussi facilement accès à un hôpital qu’en Europe. Au sein d’un pays et d’une ville, il y a de grandes inégalités d’accès aux soins de santé. De plus, il n’y a pas de comptage des décès comme chez nous, et ce, même en période normale, hors Covid." Les comparaisons entre pays africains sont donc très délicates, bien plus qu’en Europe encore. "En fait, on ne sait pas ce qu’il se passe en Afrique. Et donc c’est très difficile pour eux aussi de prendre des mesures nécessaires."

Des pays plus chauds et donc moins touchés ?

Qu’en est-il du facteur température ? Les pays africains, plus chauds, seraient-ils moins touchés par le Covid-19 ? "On ne sait pas si l’épidémie se propage moins facilement dans les pays chauds. En fait, on observe que la transmission a lieu dans des pays chauds, mais peut-être se propage-t-elle plus rapidement dans des pays plus froid ou plus humides ? On n’a aucune certitude." Par contre, la pyramide des âges pourrait jouer en faveur des pays africains. "La population est plus jeune en Afrique, cela peut jouer et donc limiter le nombre de décès."

La population est plus jeune en Afrique, cela peut jouer et donc limiter le nombre de décès.

Généraliser les enquêtes par téléphone portable ?

Une alternative pour évaluer l’impact de la pandémie sur le continent africain serait de généraliser les enquêtes par téléphone portable, comme le suggère cet article scientifique publié le 19 mai 2020 sur SocArXiv. Il faudrait alors par exemple demander aux personnes si elles ont eu un décès dans leur famille. Cela permettrait d’évaluer la surmortalité actuelle. "La surmortalité, c’est l’indice le plus robuste pour déterminer l’impact de l’épidémie. Il compare le nombre de décès de cette année avec le nombre de décès des années précédentes, à la même période. Néanmoins, pour cela, il faut aussi disposer de données crédibles concernant la mortalité des années précédentes. Or en Afrique, les recensements sur ce sujet se font au mieux tous les dix ans."

Quoi qu’il en soit, il semblerait que le pic de l’épidémie n’est pas atteint en Afrique. "Les chiffres dont on dispose sont encore en augmentation. Ce n’est pas facile de les analyser, car il y a des fluctuations dans le reporting des données." D’un pays à l’autre, les chiffres des infections et des décès sont très variables.

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Un bénévole et les enfants qui font la queue pour maintenir la distance sociale à Johannesburg en Afrique du Sud, le 25 mai 2020, lors d'un repas de l'Aïd al-Fitr distribué à des centaines de bénéficiaires dans les quartiers de Westbury et de Coronationvi © AFP

L’Afrique du Sud : le pic attendu pour juillet

L’Afrique du Sud est le pays du continent le plus impacté par le Covid-19. Les 57 millions de Sud-Africains vivent depuis le 27 mars sous un confinement strict destiné à contenir la pandémie de Covid-19, qui a à ce jour tué 429 personnes et en a infecté au moins 22.583.

Le président de l’Afrique du Sud Cyril Ramaphosa a annoncé dimanche une série de mesures effectives dès le 1er juin, dont la levée du couvre-feu, la réouverture de la plupart des commerces et l’autorisation de la vente d’alcool. Les rassemblements publics resteront toutefois interdits et certaines "activités économiques à haut risque" tels les restaurants, les bars et les salons de coiffure demeureront fermés. Le trafic aérien reste bloqué sauf exemptions pour certains voyages d’affaires.

Des experts en santé prévoient que le pic de la pandémie de coronavirus dans le pays sera atteint entre juillet et novembre, pouvant provoquer la mort d’au moins 40.000 personnes.


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Au Maghreb : situations contrastées

L’Algérie comptabilise 600 morts. Pour l’instant, les liaisons avec les pays européens sont suspendues et les établissements scolaires sont fermés.

Malgré la pandémie de Covid-19 qui a contraint la contestation à suspendre ses manifestations depuis mi-mars, le régime algérien continue de cibler opposants, journalistes, médias indépendants et internautes. La justice algérienne continue la traque des opposants politiques. Elle a ainsi condamné depuis la semaine dernière quinze opposants à des peines de prison ferme, dont trois pour leurs publications sur les réseaux sociaux.

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Une plage déserte à Rabat, alors que le pays est bouclé pour arrêter la propagation du Covid-19, le premier jour de la fête de l'Aïd al-Fitr marquant la fin du mois saint musulman du Ramadan. © AFP - 24 mai 2020

Au Maroc, 199 morts ont été enregistrés ce 25 mai. Face à la pandémie, le royaume a pris des mesures strictes, bouclé ses frontières, suspendu tous les vols et déclaré l’état d’urgence sanitaire, avec un confinement strict renforcé par un couvre-feu nocturne.

Conséquence : plus de 30.000 Marocains sont bloqués aux quatre coins du monde. Rabat assure préparer leur rapatriement, sans toutefois avancer de date. Ces Marocains, en voyage d’affaires, en séjour touristique ou en visite familiale, vivent cet exil forcé, avec de gros contingents en Espagne, en France et en Turquie.


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En Tunisie, 48 morts ont été officiellement enregistrés. Les autorités ont en conséquence commencé à lever les mesures de confinement strictes, mises en place dès les premiers cas mi-mars.

Mais l’isolement hors du domicile reste obligatoire pour les personnes arrivant de l’étranger, tout comme pour les soignants en contact avec des malades du virus, même s’ils n’ont pas été hospitalisés. En conséquence, rentrés au pays juste à temps pour l’Aïd-El-Fitr ce week-end, des milliers de Tunisiens ont passé cette fête pourtant loin de leur famille, obligés de s’isoler en quarantaine dans des hôtels.

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Un combattant fidèle au Gouvernement d'accord national (GNA) se tient à côté d'une voiture détruite suite à un bombardement dans le quartier résidentiel de Bab Bin Ghashir à Tripoli, la capitale de la Libye, le 9 mai 2020. © AFP

En Libye, seulement 3 morts sont officiellement enregistrés. Mais dans ce pays en guerre, comment faire confiance aux chiffres liés à la crise sanitaire ?   Plongée dans le chaos depuis 2011, la Libye est divisée en deux camps rivaux entre le gouvernement d’entente nationale (GEN) dirigé par Fayez el Sarraj, qui siège à Tripoli et qui est reconnu par la communauté internationale, et un gouvernement parallèle soutenu par Khalifa Haftar, dans l’est du pays.   Le confinement décrété par le GEN n’avait d’ailleurs été que peu respecté par les habitants de ce pays en guerre.


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En Egypte, près de 800 morts

L’Egypte est officiellement le premier pays africain touché par le Covid-19. À Ce jour, il enregistre 764 morts. Dans ce pays de 100 millions d’habitants où le taux de pauvreté s’élève à 32,5%, la pandémie affecte durement la population au niveau économique. Le 11 mai, le Fonds monétaire international a accordé une aide d’urgence de quelque 2,5 milliards d’euros à l’Égypte pour lui permettre de faire face à l’impact économique de la pandémie.   Fin avril, l’État a décidé d’assouplir les mesures de restriction prises pour l’endiguer et envisage une réouverture progressive pour relancer l’économie. Si le bâtiment, l’agriculture et l’économie informelle ont continué de tourner sans trop d’entraves, la majeure partie de l’industrie, du tourisme et de l’aviation civile ont été stoppées.  


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Un membre du personnel médical mesure la température d'un homme à titre préventif contre le coronavirus COVID-19 à son arrivée de rapatriement à Gatumba, à la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC), au Burundi, le 18 mars 2020. © AFP

L’Afrique centrale : les épidémies s'accumulent

Parmi les pays d’Afrique subsaharienne les plus touchés par le coronavirus, le Cameroun a déjà recensé officiellement près de 4500 cas, dont 159 décès à ce jour.

La République Démocratique du Congo (RDC) compte elle 67 morts. Ce pays vaste comme l’Europe (2,3 millions de km2, soit 80 fois la superficie de la Belgique), compte au moins 80 millions d’habitants. Mais il n’a enregistré que 2297 cas de coronavirus.

Le pays est aussi touché par des épidémies de rougeole et de choléra, alors que l’est du pays a connu une résurgence de la maladie à virus Ebola (MVE), qui a tué plus de 2200 personnes depuis le début, le 1er août 2018, d’une nouvelle épidémie, la dixième depuis l’identification du virus en 1976. Cette répétition a permis à la RDC d’acquérir une expertise dans la lutte de ces maladies infectieuses.


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Capture d’écran du tableau de bord relatif au Covid-19 de l’Union africaine : https://au.int/fr/covid19. © RTBF – 25 mai 2020