«Services de santé au travail: écoutez-nous!» La tribune de Serge Lesimple
Le réseau Présance des professionnels de la médecine du travail entend s’inscrire dans la réforme du secteur, proposée par des députés LREM
by Serge Lesimple et alliCharlotte Parmentier-Lecocq, Carole Grandjean et Cendra Motin, avec 155 autres députés LREM et apparentés, ont récemment appelé dans le JDD à une grande réforme de la santé au travail, dans la continuité de leurs réflexions précédant la crise sanitaire.
Avec les 17 000 professionnels de leurs équipes pluridisciplinaires assurant 520 000 interventions en milieux de travail et huit millions d’entretiens de santé en 2019, les Services de santé au travail (SST) sont les premiers acteurs en matière d’accompagnement des entreprises et de leurs salariés en matière de prévention de la santé au travail. Ils seront naturellement les principaux concernés par cette réforme.
Ils souhaitent, en tant qu’opérateurs de terrain de la santé au travail en France, apporter leur contribution, partager leur expérience, et être associés aux réflexions qui vont s’ouvrir sur les évolutions utiles et nécessaires en matière de prévention pour les prochaines années.
Les Services de santé au travail interentreprises (SSTI), regroupés au sein du réseau Présanse sont déjà en mouvement pour améliorer leurs missions d’accompagnement aux entreprises et à leurs salariés. Ils ont d’ores et déjà mis en place :
— Une meilleure coordination des services au sein d’un réseau national structuré au niveau régional : 13 régions dotées d’une organisation permettant aux SSTI de partager expérience, outils et innovation.
— Une offre de services complète et détaillée, allant de l’aide aux entreprises pour évaluer les risques, à l’accompagnement des salariés en risque de désinsertion professionnelle.
— Des structures locales revisitées qui favorisent le déploiement des prestations de manière cohérente, à travers un réseau de SSTI dotés de moyens homogènes et adaptés.
Les SSTI concentrent des atouts essentiels à la réussite d’une nouvelle réforme :
— Un réseau doté d’un maillage exceptionnel du territoire (22 000 points de visites), ce qui permet une réponse adaptée aux besoins des différents bassins d’emploi en proximité… qui ne coûte rien au contribuable car entièrement financé depuis 70 ans par les entreprises ;
— Une représentation paritaire active au sein du conseil d’administration de chaque SSTI ;
— Des structures associatives sans but lucratif qui adaptent leurs budgets aux objectifs pluriannuels déterminés en assemblée générale par les entreprises adhérentes en intégrant les priorités définies par l’Etat dans le cadre des plans régionaux de santé au travail.
« Une revalorisation ambitieuse de l’attractivité des études en médecine du travail pourrait ainsi être engagée au plus vite »
Prévention. La réforme envisagée pourrait ainsi faire évoluer des aspects structurants afin d’améliorer l’efficacité du travail des équipes des SSTI en matière de prévention de la santé des travailleurs, notamment au regard d’une démographie médicale qui peine à se stabiliser. La possibilité donnée aux SSTI d’intégrer des collaborateurs médecins a permis de contenir l’hémorragie liée à la pyramide des âges et au renouvellement insuffisants des médecins du travail issus de cette spécialité. Une revalorisation ambitieuse de l’attractivité des études en médecine du travail pourrait ainsi être engagée au plus vite.
Le contenu de la réglementation cantonne encore trop souvent le médecin du travail dans nos centres médicaux pour réaliser certaines visites qui pourraient être déléguées à d’autres professionnels de santé, ce qui a pour effet de réduire sa présence sur le terrain, pourtant déterminante en appui et conseils aux entreprises. De même, les missions des infirmiers en santé du travail, restreintes par la réglementation actuelle, pourraient être élargies, après de nouvelles formations, dans le cadre de pratiques avancées.
D’autres sujets doivent être étudiés avec soin, à plus forte raison à la lumière du contexte de crise que traverse le pays, qui voit s’accélérer des évolutions qui étaient déjà à l’œuvre (citons à ce titre le développement de la téléconsultation) ou confirmer des évolutions nécessaires (comme l’utilisation de l’identifiant national pour sécuriser et permettre une meilleure prise en charge du parcours santé du salarié).
Les SSTI souhaitent être associés à l’élaboration d’une réforme dont ils vont demeurer les premiers acteurs et dont ils vont assurer la mise en œuvre. Professionnels de la santé au travail, partenaires des entreprises, ils souhaitent pouvoir s’inscrire dans une dynamique constructive basée sur l’efficacité opérationnelle au bénéfice des entreprises et de leurs salariés.
Serge Lesimple, Président de Présanse, ainsi que Benoît Belis, Jean Cesbron, Bernard Crouzet, Daniel Garreau, Thierry Legrain, Stéphane Martin, Didier Morisset, Maurice Plaisant, Fabrice Poirier, Jean-Pierre Rossignol, Thierry Rouaix, Jean-Claude Schurch, Jacques Texier, présidents des 13 associations régionales du Réseau Présanse.