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© Pixabay/Shutterstock/Montage RTL
Frontières - Frontaliers au Luxembourg

Un statut de "privilégiés" lourd à porter?

"Ne te plains pas, tu travailles au Luxembourg!" Quel frontalier ne s'est jamais entendu qualifié de "privilégié"? Selon une étude, ils sont néanmoins nombreux à vivre difficilement une forme double de rejet.

Travailler au Luxembourg, quand on est frontalier, garantit-il le bonheur ? Beaucoup répondront par l'affirmative, mais tous les salariés transfrontaliers ne vivent pas toujours bien leur statut de "privilégié". C'est l'une des conclusions du sondage "Vivre ensemble au Luxembourg", réalisé en janvier par l'ASTI (Association de Soutien aux Travailleurs Immigrés) avec TNS/Ilres et divulgué en ce mois de mai.

EN LORRAINE, LA REMARQUE EST FRÉQUENTE

Dans cette enquête qui s'intéresse au sentiment d’attachement des frontaliers au Luxembourg et à ses habitants, 62% des personnes sondées ont répondu qu'ils étaient considérés "au moins beaucoup" comme des privilégiés par des membres de leur entourage ne travaillant pas au Luxembourg. C'est surtout le cas en France, donc en grande partie en Lorraine, où ceux et celles ne travaillant pas au Grand-Duché collent à 75% cette étiquette de privilégiés aux frontaliers (à juste titre ou non, c'est un autre débat). Près de deux tiers des frontaliers belges (61%) entendent les mêmes remarques. C'est largement moins le cas en Allemagne, où seuls 35% des frontaliers sondés ont l'habitude d'être considérés comme des privilégiés par leur entourage.

La plupart de ces frontaliers ainsi "étiquetés" sont issus du secteur des finances et de l'audit (71%) et de l'industrie (68%). Rappelons que sur les 200.000 frontaliers du Luxembourg, la moitié vient de France, l'autre se partage entre la Belgique et l'Allemagne.

Que ce soit au Luxembourg ou dans leur pays de résidence, tous les frontaliers ne vivent donc pas forcément bien leur statut, "les résidents (luxembourgeois, ndlr) leur faisant comprendre qu’il devraient se considérer heureux de pouvoir travailler dans notre pays compte tenu du niveau des salaires et des prestations sociales fournies" souligne l'étude, "les citoyens vivant dans le pays de résidence du frontalier leur reprochant leur niveau de vie bien supérieur, ce qui fait grimper les prix – de l’immobilier en particulier – et l’animosité."

UNE ERREUR DE NE CONSIDÉRER QUE LEUR TRAVAIL

Pour l'ASTI et TNS-Ilres, considérer les frontaliers "comme seule force de travail serait une erreur factuelle et un message négatif à leur égard" d'autant plus que "cette période de crise nous a à tous (résidents et frontaliers ) démontré l’importance de leur apport au fonctionnement de notre société."

"Frontaliers, résidents étrangers et Luxembourgeois, nous tous dépendons les uns des autres et notre économie en est redevable. Comme nous tous, les travailleurs frontaliers nourrissent des espoirs de vie meilleure mais aussi de prise en compte de leurs préoccupations et de leur réelle participation au développement du pays" conclu l'enquête, à ce sujet.

Il n'en demeure pas moins que le salaire et un emploi valorisant adapté au niveau d'étude, sont les arguments numéro un du Luxembourg au regard des frontaliers, d'après la même étude. 91% des personnes sondées ont par ailleurs déclaré se sentir bien dans leur entreprise parmi leurs collègues, en répondant soit "énormément" soit "beaucoup" (il y avait cinq réponses possibles: énormément, beaucoup, peu, pas du tout, ne sait pas).  84% estiment que le Luxembourg les traite correctement au niveau de leurs droits et 86% disent se sentir bien au Luxembourg en général, en dehors du contexte du travail, même si la méconnaissance de la langue luxembourgeoise peut parfois maintenir une certaine distance avec les habitants du Grand-Duché.