C’est la fin pour la Démarche des premiers quartiers

by

Trois-Rivières — C’est définitivement terminé pour la Démarche des premiers quartiers à Trois-Rivières. L’organisme dont le mandat était la revitalisation tant sur le plan social, économique, culturel et environnemental a annoncé lundi matin qu’elle cessera définitivement ses activités dans les prochains jours, le temps de mener à terme les différents projets qui sont présentement en cours. 

«Cela n’a pas été un choix facile à faire, mais c’est la seule option qui nous restait après plusieurs tentatives pour pérenniser l’organisation», mentionne Guylaine Perron, présidente du conseil d’administration.

On sait que la Démarche avait lancé un cri du cœur cet hiver afin d’assurer un financement récurrent pour cet organisme qui, jusqu’ici, travaillait surtout au financement par projet. Deux rencontres avec la Ville n’ont toutefois pas permis d’en arriver à une entente satisfaisante, menant à la décision de fermer les livres. 

+ À relire, l'éditorial de Martin Francoeur sur le sujet: Le chant du cygne de la Démarche

La nature des projets hyperlocaux menés par la Démarche faisait en sorte qu’elle ne pouvait obtenir de financement de la part des paliers provincial et fédéral. «Nous ne cherchions pas à obtenir une subvention, mais bien à être payés pour ce qu’on fait. Le financement au projet, ce n’était plus réaliste, parce que ça devenait essoufflant. Il fallait un financement récurrent», considère Caroline Guay, coordonnatrice de la Démarche, qui parle d’une grande perte pour les citoyens.

«Nous avons toujours fait passer le citoyen avant tout, nous n’avons jamais privilégié l’organisation», signale Mme Guay, qui salue l’ouverture qu’elle a toujours sentie de la part de la Direction de la culture, des loisirs et de la vie communautaire de la Ville, mais rappelle que la décision finale relevait du politique. 

D’ici la fermeture prévue vendredi, l’équipe en place assure qu’elle finalisera les dossiers en cours dont la distribution de masques réutilisables, la parution du Tome 2 du recueil de textes citoyens «Premiers quartiers racontés», de même que les activités assurées par le comité alimentation, distribution alimentaire et friperie, ainsi que le comité Personnes aînées et bénévoles. «Moi ce que je veux qu’on retienne, c’est que l’équipe va se rendre jusqu’au bout. Même si elle sait que vendredi c’est terminé, elle sera là jusqu’à la fin. C’était ça aussi, la Démarche», constate la coordonnatrice.

Ville

Le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, se désole de la tournure des événements, mais indique que les demandes faites par la Démarche ne pouvaient pas être entièrement comblées par la Ville. L’organisme souhaitait devenir prestataire de services à la Ville, avec un financement récurrent de 180 000$ par année. Or, les projets qui auraient pu être confiés à la Démarche par la Ville se chiffraient entre 50 000$ et 83 000$.

«Nous n’étions pas en mesure d’aller dans la direction qu’ils souhaitaient. Les élus ont tous été consultés afin de connaître la hauteur des mandats qu’ils comptaient confier à la Démarche, ça a servi à l’analyse des chiffres. Le 2 avril, nous en avons discuté avec tous les membres du conseil, et ça a été un constat unanime qu’on ne pouvait pas aller dans cette direction», indique Jean Lamarche.

Le maire indique s’être abstenu de participer aux discussions en annonçant tant aux conseillers qu’au conseil d’administration de la Démarche qu’il préférait se retirer du dossier, pour justement ne pas donner l’apparence de «faire de la politique», peu importe la décision finale. Rappelons que l’un des fondateurs de l’organisme était son adversaire dans la course à la mairie l’an dernier, Jean-François Aubin.

Le conseiller du district Marie-de-l’Incarnation, Denis Roy, croit lui aussi qu’il n’était pas réaliste de répondre à leur demande, même s’il reconnaît que la disparition de l’organisme est dommage. 

«En 2018 et 2019, la valeur des mandats qui leur étaient octroyés a été augmentée de 2,5 fois par rapport à 2017. Malheureusement, leur proposition ne comprenait qu’un seul scénario, celui d’augmenter de près de sept fois ce que la Ville leur donnait en 2017. Ce n’est pas un désengagement de la Ville, mais un problème structurel avec leur proposition», croit Denis Roy. 

Tous ne partagent pas cet avis au conseil, toutefois. Le conseiller municipal de Pointe-du-Lac François Bélisle estime que la Ville aurait pu pousser plus loin le processus de négociation, plutôt que de conclure si rapidement à une impasse. «Le mandat qu’on avait donné était de négocier, alors oui je suis déçu qu’on n’ait pas pu en arriver à une entente. Quand je regarde ce qu’on donne ailleurs à d’autres organismes et événements, je ne peux pas croire qu’on ne pouvait pas trouver un juste milieu qui aurait sauvé l’organisme», mentionne-t-il.

Déjà, la Ville est en mode solution pour s’assurer que les mandats qui étaient octroyés à la Démarche puissent se poursuivre soit par le biais de ses services ou par d’autres organismes communautaires. La gestion des jardins communautaires, par exemple, a été rapatriée à la Direction de la culture, des loisirs et de la vie communautaire. D’autres approches se font auprès de divers organismes par la direction des loisirs et par le conseiller municipal Daniel Cournoyer, membre du comité de développement social. 

«L’organisation disparaît pour des raisons que l’on connaît, mais l’action de la Démarche, comme communauté, il faut s’assurer que ça se poursuive», croit Denis Roy.