Face au Covid-19, le Cantal mise sur les tests en drive et transforme le haras national d'Aurillac
Le site du haras national d’Aurillac (Cantal) est devenu un point central dans la lutte contre le Sars-CoV-2. Le Département l’a mis à disposition des professionnels de santé et du laboratoire Sylab pour accueillir les patients et tester les cas suspects de Covid-19 sans qu’il soit nécessaire de sortir de son véhicule. Pour éviter l’anarchie et sécuriser cette pratique, une procédure a été mise au point. Explications.
Chaque après-midi, les voitures se garent sur le parking du haras national d’Aurillac, avenue de Julien. Là, les automobilistes sont accueillis dans un espace central et propre, avant d’être orientés en nombre limité pour un prélèvement Covid. Ce test par RT-PCR nasopharyngé est opéré par des biologistes ou des infirmières du laboratoire Sylab depuis la semaine dernière.
Changement de stratégie
Avec le déconfinement, le dépistage du Sars-CoV-2 a évolué, conduisant les professionnels de santé à changer de braquet. Le drive leur garantit justement ce passage vers cette nouvelle étape dans la lutte contre l’épidémie du nouveau coronavirus.
« Concrètement, la stratégie des tests a changé, ce n’est plus du tout la même. Il y a quelques semaines, on ne parlait de tester que les formes graves, les personnels de santé ou encore ceux des collectivités. Ça n’existe plus. Là, avec l’idée de chercher les clusters (foyers d’épidémie, NDLR), dès qu’on a quelqu’un de symptomatique ou un doute, la RT-PCR est proposée dans l’idée d’identifier au plus tôt un cluster et de limiter la diffusion du virus. »Clément Houssin (médecin biologiste au Sylab)
Il ne s’agit pas, à l’apparition de signes laissant craindre une contamination de se précipiter au drive des haras dans l’espoir d’obtenir une réponse immédiate. Un protocole strict a été mis en place par le laboratoire, épaulé par le Département qui s’est chargé de la mise à disposition du site, de la logistique et du nettoyage (lire par ailleurs), et les médecins de ville.
Des tests uniquement sur ordonnance
Pour se retrouver devant un biologiste, avec son masque, et recevoir un écouvillon dans la narine, plusieurs étapes doivent avoir été soigneusement respectées au préalable. Après consultation du médecin traitant, le patient obtient une prescription et la procédure est enclenchée par celui-ci avec le laboratoire qui propose un rendez-vous dès l’après-midi ou le lendemain matin.
« Tout se fait de façon dématérialisée parce que c’est compliqué pour nous d’accueillir ce type de public au sein du laboratoire, concède Clément Houssin. L’idée est de faire une prise de renseignements à distance pour éviter qu’une fois sur place on ait la partie administrative à gérer. » Un espace dédié à la prise en charge des patients sur ordonnance a été ajouté au site Internet de Sylab.
Plus sûr, plus lisible et plus rapide
Ce drive, fréquenté en moyenne chaque jour par une trentaine de Cantaliens, rend la tâche du dépistage à la fois pratique et sécurisante pour les deux parties. « Ce système consomme beaucoup moins de matériel de protection puisque les gens restent dans leur véhicule avec un masque, on est moins exposés et ce mode permet de gagner en efficacité, convient Thomas Charbonnier, biologiste médical. Plus que le gain de temps, cela permet au patient d’être en situation confortable, c’est plus lisible, d’autant plus que tout a été enregistré au labo afin d’éviter les manipulations de dossier. »
« On sera là tant qu’il y aura besoin »
Au-delà du drive, qui a également été installé à Mauriac, à la salle des fêtes de Jaleyrac, le site de huit hectares devient un espace dédié à la lutte contre le Sars-CoV-2, et pas seulement pour quelques semaines. « On s’inscrit sur la durée. Il y a eu du boulot de fait pour réaménager le haras. C’est assez extraordinaire et remarquable », se félicite le docteur Jean-François Collin, président de l’Ordre des médecins du Cantal. Le docteur Charbonnier abonde : « On sera là tant qu’il y aura besoin. » En fonction du volume de tests, le Sylab envisage de faire appel à des infirmières libérales et une montée en puissance de « 200 prélèvements » est possible.
- Un million d'euros. Le montant des investissements chiffrés approximativement déployés par le conseil départemental face à la crise sanitaire. Dans le détail, le président Bruno Faure (LR) évalue le coût des CMAS à environ 100.000 euros, la dépense Covid, avec un million de masques distribués aux habitants (150.000 masques fournis aux Cantaliens, pour 300.000 euros), soignants et, au total, « le compte Covid doit approcher du million d’euros », dit-il.
De son côté, le Département, qui précise par la voix de son président Bruno Faure (LR), avoir investi près d’un million d’euros depuis le début de la crise sanitaire, valide le maintien de cette activité Covid :
« Cela a vocation à se pérenniser autant que de besoin, c’est pour cela que ces CMAS (*) (à Aurillac, Saint-Flour et Mauriac), on les a relocalisés comme à Saint-Flour à la Vigière, dans un bâtiment du collège désaffecté. Lorsqu’on les a créés dans des collèges, on ne savait pas comment cela allait se passer, là, on a choisi des sites que l’on pourra conserver dans le temps. On est prêts à garder ces moyens mobilisés pendant la crise. »Bruno Faure (président LR du conseil département du Cantal)
Le laboratoire Sylab, qui prélève à Aurillac, Mauriac et dans le Lot à Saint-Céré et Figeac, s’apprête à entrer dans une autre phase dans les prochains jours. Équipé en automates et en attente de réactifs, il ne sera plus dépendant du centre hospitalier pour ses analyses. « Lundi dernier, on a dû faire 90 tests au drive sur un après-midi. On en envoie actuellement 100-120 à l’hôpital, détaille Clément Houssin du Sylab. En matière de capacité de traitement (avec les automates), ce sera élevé. On pourra multiplier par cinq ce qui se fait actuellement à Aurillac. »
Si la barre des 1.000 tests possibles par jour est évoquée, le niveau de l’épidémie de Covid-19 dans le Cantal ne nécessite pas pour l’instant d’en arriver là.
(*) Centres médicaux d’arrondissement sécurisés.
Malik Kebour
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