L'UE doit conjuguer ses forces pour protéger ses banques, dit l'ABE
by Zone Boursepar John O'Donnell et Francesco Canepa
Les pays de l'Union européenne doivent coopérer pour protéger leurs banques de l'impact de l'épidémie de coronavirus, a déclaré lundi José Manuel Campa, le président de l'Autorité bancaire européenne.
Cette position pourrait alimenter un débat sur l'opportunité pour les pays riches de l'UE, comme l'Allemagne, de soutenir les établissements financiers de pays plus en difficultés, comme l'Italie.
"Adopter une approche européenne pour soutenir les banques aurait du sens," a dit José Manuel Campa à Reuters quelques jours après la proposition franco-allemande d'un fonds de relance européen de 500 milliards d'euros visant à aider les Etats membres les plus durement touchés à redresser leur économie, rejetée par plusieurs pays dits "frugaux", dont l'Autriche et les Pays-Bas.
"Cela pourrait se faire sous la forme d'une recapitalisation de précaution sur le modèle du TARP. Et là, le fonds de relance de l'UE pourrait jouer un rôle", a-t-il ajouté, suggérant que l'aide concerne les banques qui disposent de fondamentaux solides mais se trouvent handicapés par l'épidémie.
Pendant la crise financière de 2007-2009, les Etats-Unis avaient créé le Troubled Asset Relief Program (TARP) qui avait permis d'injecter des dizaines de milliards de dollars dans le système bancaire américain.
UN RECOURS À DES "BAD BANKS" ?
Les banques européennes disposent de plus de 430 milliards d'euros de réserves de fonds propres, selon l'ABE, ce qui devrait être plus que suffisant pour couvrir les pertes liées à la montée attendue des créances irrécouvrables, dans des secteurs comme le tourisme et la restauration entre autres.
Mais certaines, particulièrement dans des pays très durement touchés par la pandémie comme l'Italie ou l'Espagne, sont plus vulnérables que d'autres.
Si l'Allemagne a assoupli sa position sur les emprunts à l'échelle de l'UE et plus seulement au niveau de chacun des Etats membres, étendre le bénéfice du fonds de reprise aux banques risquerait de se heurter à une opposition ferme.
"Je m'attends à une vague de NPL (non performing loans, les créances irrécouvrables) au cours des deux ou trois prochains trimestres", a dit José Manuel Campa. "De quelle ampleur, c'est difficile à dire."
Le président de l'ABE était secrétariat d'Etat à l'économie dans le gouvernement espagnol au début de la crise financière qui a conduit Madrid à solliciter une aide internationale puis à créer une "bad bank", une structure de défaisance dans laquelle ont été cantonnées des créances douteuses afin d'assainir les bilans des banques.
"L'utilisation de 'bad banks' pour isoler des prêts non-performants s'est révélée utile", a-t-il dit. "L'Allemagne a eu des 'bad banks' tandis que des pays comme l'Irlande ont eu recours à des structures de gestion d'actifs de la même manière. On pourrait y recourir de nouveau."
"Les banques sont résilientes et plus fortes qu'avant la dernière crise", a-t-il ajouté. "Mais nous ne savons pas comment la crise va évoluer. Mieux vaut agir trop tôt que trop tard."
(Version française Marc Angrand)