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L'application de "contact tracing" StopCovid s’inscrit dans le plan global du Gouvernement pour casser les chaînes de contamination.AFP

Coronavirus : six questions pour tout comprendre à l'application StopCovid

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Tracer les contacts via une application installée sur son smartphone afin de casser les chaînes de contamination. Voilà tout l'objectif de StopCovid, l'option développée par le Gouvernement. Fonctionnement, conditions d'utilisation, respect de l'anonymat... On fait le point avant le vote à l'Assemblée prévu mercredi 27 mai.

Depuis lundi 11 mai et le début du déconfinement, le Gouvernement s'est fixé un triple objectif : identifier, tester et isoler les porteurs du Covid-19 afin de casser les chaînes de transmission et de contamination. L'application de "contact tracing" StopCovid s’inscrit dans ce plan global, en complément de l'action des médecins, de l'Assurance maladie et des brigades sanitaires sur le terrain. Concrètement, elle prévient ses utilisateurs en cas de contact rapproché dans l'espace public (transports, commerce, lieu de travail…) avec une personne testée positive au cours des deux dernières semaines.

Pour Cédric O, secrétaire d'Etat chargé du Numérique et porteur du projet, il s'agit là "d'un outil important de protection personnelle et collective", qui permet de prévenir et d'agir rapidement. Ce que soutient également le Conseil scientifique, dans un avis rendu le 20 avril.

Grâce aux signaux Bluetooth émis par le téléphone d’une personne ayant téléchargé l'application, StopCovid capte le signal d'autres smartphones équipés de l'application et va enregistrer leur identifiant. Cette mémorisation ne s'effectue que si les personnes sont à moins d'un mètre l'une de l'autre pendant plus de quinze minutes. Autrement dit, si les gestes barrières ne sont pas respectés et qu'il y a donc un risque de contamination.

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Comprendre comment fonctionne l'application StopCovid. - Gouvernement

Dans les deux semaines qui suivent (soit le temps d'incubation de la maladie), vous serez informé via l'application si vous avez été en contact rapproché avec une personne utilisatrice de StopCovid testée positive.

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Capture d'écran d'une notification StopCovid - DDM - DDM

Si vous êtes vous-même porteur, un code fourni avec le test de dépistage sera à transmettre via l'application afin d'alerter l’ensemble des personnes utilisatrices de l’application avec qui vous avez été en contact rapproché dans les derniers jours.

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Capture d'écran de l'application StopCovid - DDM - DDM

Deux préalables sont donc nécessaires pour que l'application fonctionne: activer le Bluetooth et autoriser les notifications.

Le principe de StopCovid fonctionne sur la base du volontariat. Il ne sera donc pas obligatoire de télécharger l'application une fois que celle-ci sera disponible. De la même façon, vous ne pourrez être identifié par l'application de ceux que vous croisez que si vous l'avez vous-même téléchargée.

À chaque étape du processus les utilisateurs ont le choix, celui d’installer l’application, d’activer le Bluetooth, de partager l’historique de proximité, de déclarer un diagnostic positif ou encore de désinstaller l’application.

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Capture d'écran de l'application StopCovid - DDM - DDM

Toutefois, pour que cette application soit efficace et que le principe de traçage ait un intérêt, il faudrait que les trois quarts des Français la téléchargent.

C'est le point qui cristallise les tensions. Selon une enquête réalisée par Harris Interactive à la demande de professionnels de la donnée publique, 59% des Français seraient favorables à la mise en place de l'application. Mais ils seraient 54% à ne pas avoir confiance dans l'utilisation qui pourrait être faite des données. Le gouvernement a fixé un cadre très strict en matière de protection de la vie privée. De fait, l'application est anonyme, d’installation volontaire et son utilisation limitée à la seule crise du Covid-19. De plus, StopCovid a recours au signal Bluetooth pour la détection des smartphones à proximité et non à la localisation des personnes par les données GPS. Elle ne permet donc pas de pister les utilisateurs en suivant leurs déplacements.

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Aucune information personnelle n'est demandée lors de l'installation. Lors des contacts rapprochés, StopCovid se base sur des crypto-identifiants éphémères pour la mémorisation et ne délivre aucune information sur les personnes rencontrées. Les identifiants n’ayant plus de pertinence épidémiologique seront supprimés au bout de quinze jours. Le gouvernement assure que personne, pas même l’État, n’aura accès à une liste de personnes diagnostiquées positives ou à une liste des interactions sociales entre les utilisateurs.

Conformément au règlement général sur la protection des données (RGPD), il est par ailleurs possible de supprimer les données stockées sur votre téléphone, sur le serveur ainsi que les données liées à votre enregistrement.

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La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a donné son feu vert au déploiement de l'application, ce mardi 26 mai, estimant qu'elle était opérationnelle et suffisamment efficace. Dans un premier avis rendu le 26 avril, la CNIL jugeait le dispositif "conforme au Règlement général sur la protection des données [...]" et reconnaissait que plusieurs garanties étaient apportées par le projet du Gouvernement, "notamment l’utilisation de pseudonymes".

Elle formule néanmoins quelques observations pour renforcer la protection de la vie privée, notamment une "amélioration de l'information fournie aux utilisateurs, en particulier s'agissant des conditions d'utilisation de l'application et des modalités d'effacement des données personnelles", "une information spécifique pour les mineurs et les parents des mineurs" et la confirmation dans le décret à venir "d'un droit d'opposition et d'un droit à l'effacement des données pseudonymisées enregistrées".

De son côté, le Conseil national du numérique (CNNUM) estime qu'une "série de conditions doivent être assurées afin de garantir l’intérêt général et l'État de droit. Elles touchent à la confiance des citoyens, qui doit s’appuyer sur la transparence et l’indépendance du contrôle de l’application, ainsi que sa limitation dans le temps et la reconnaissance de son caractère exceptionnel".

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Le projet StopCovid a été annoncé le 8 avril par Cédric O, secrétaire d'Etat chargé du Numérique, et Olivier Véran, le ministre de la Santé. Après son développement au cours du mois d'avril, des tests en laboratoire et en conditions réelles ont été réalisés durant le mois de mai. L'application est donc prête. Reste à passer l'étape du débat et du vote au Parlement ce mercredi 27 mai. Si le projet est approuvé, Cédric O espère pouvoir rendre l'application publique et disponible dès ce week-end, soit juste avant le début de la seconde phase du déconfinement.

L’application #StopCovid est prête. Elle permet de savoir si vous avez été en contact avec une personne positive au #COVID19 et, si besoin, de vous isoler et d’avoir accès à un test pour vous protéger, vous et vos proches. pic.twitter.com/iTb9dPsCQF

— Cédric O (@cedric_o) May 25, 2020

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