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Cent premiers détenus Taliban ont été élargis, le 25 mai 2020, et cent autres le seront ensuite chaque jour "jusqu'à atteindre le chiffre de 2 000". © Afghanistan's (NCS) National Security Council / AFP

Afghanistan : cessez-le-feu respecté, cent prisonniers talibans libérés chaque jour

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Pour le deuxième jour consécutif, le cessez-le-feu surprise de trois jours décrété par les Taliban à l'occasion de l'Aïd el-Fitr était toujours globalement respecté, lundi 25 mai, en Afghanistan. De son côté, le président Ashraf Ghani s'est engagé, dimanche, à faire libérer quelque 2 000 prisonniers insurgés.

"Le cessez-le-feu tient bon. Aucune violation n'a été signalée jusqu'à présent", a déclaré à l'AFP le porte-parole du Conseil national de sécurité, Javid Faisal.

À Kunduz, ville du Nord que les Taliban avaient attaquée la semaine dernière, les habitants ont célébré dans le calme l'Aïd, l'une des fêtes les plus importantes pour les musulmans, qui marque la fin du ramadan.

"Il y a deux jours à peine, la panique s'était installée dans la ville", a observé Atiqullah, un commerçant de Kunduz. "Aujourd'hui, vous sortez et vous avez l'impression qu'il n'y a plus de combats."

"C'est vraiment l'Aïd maintenant", s'est quant à lui réjoui Zuhai Niazi, un étudiant de Kunduz qui a dit "prier pour que le cessez-le-feu continue".

"Les derniers combats se sont produits juste avant le cessez-le-feu"

La consigne des Taliban de "ne pas lancer d'opérations offensives contre l'ennemi" semble avoir été respectée dans le Sud, qu'ils contrôlent largement.

Avant, "il y avait des combats sans arrêt" mais "il n'y a pas eu un tir depuis le cessez-le-feu", a déclaré à l'AFP Haji Lal Agha, le chef de la police de la province de l'Oruzgan.

"Les derniers combats se sont produits juste avant le cessez-le-feu. Depuis lors, c'est calme", a corroboré le chef de la police du district de Maiwand, dans la province de Kandahar.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Tareq Arian, a toutefois évoqué une attaque au mortier dans la province du Laghman, proche de Kaboul, qui a tué cinq civils.

Hanif Rezayee, un porte-parole de l'armée dans le Nord, a, lui, mentionné une attaque des Taliban, dimanche soir. Il visait un avant-poste militaire dans la province de Balkh (Nord), voisine de celle de Kunduz, qui a fait un blessé parmi les forces de sécurité.                 

Cent Taliban libérés chaque jour

Les rebelles, qui multiplient depuis des semaines les assauts meurtriers contre les forces afghanes, ont surpris, samedi, en décrétant unilatéralement un arrêt des combats pour que leurs concitoyens "puissent célébrer dans la paix et le confort" l'Aïd.

C'était la première fois que les Taliban appelaient d'eux-mêmes à poser les armes depuis qu'une coalition internationale menée par les États-Unis les a chassés du pouvoir, fin 2001.

Le président Ashraf Ghani a immédiatement accepté cette offre. En échange, il a lancé, dimanche, "une procédure de libération de jusqu'à 2 000 prisonniers talibans, dans un geste de bonne volonté, selon son porte-parole, Sediq Sediqqi.

D'après Javid Faisal, du Conseil national de sécurité, cent premiers détenus talibans ont été élargis lundi, et cent autres le seront ensuite chaque jour "jusqu'à atteindre le chiffre de 2 000".

Ces libérations réciproques de prisonniers  - jusqu'à 5 000 Taliban contre 1 000 membres des forces afghanes - sont prévues par un accord signé le 29 février à Doha entre Washington et les Taliban, mais non ratifié par Kaboul.

Le gouvernement afghan avait jusqu'ici relâché environ 1 000 détenus, alors que les insurgés en ont libéré environ 300.

C'est le deuxième cessez-le-feu en Afghanistan depuis 2001. Le premier, à l'initiative d'Ashraf Ghani, avait abouti à trois jours d'arrêt des combats en juin 2018, déjà à l'occasion de l'Aïd el-Fitr.

Les Taliban ont également respecté une trêve partielle de neuf jours du 22 février au 2 mars à l'occasion de la signature de l'accord de Doha.

Avec AFP