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Didier Raoult contre-attaque sur l'hydroxychloroquine : "Ce n'est pas une étude foireuse et délirante qui me fera changer d'avis"

Santé

Alexis Carantonis

Publié le 25-05-2020 à 14h03 - Mis à jour le 25-05-2020 à 14h04

Contredit par plusieurs études médicales, le professeur Raoult sort la sulfateuse : "le Big Data, cette fantaisie délirante qui mélange tout à commencer par des données de mauvaise qualité, ne me fera pas changer ma façon de penser. Seuls le gâtisme ou Alzheimer le feraient !"

Affaibli, le professeur Didier Raoult ? Pas le moins du monde. Alors que de plus en plus d'études scientifiques remettent en cause l'efficacité de l'hydroxychloroquine dans le traitement des patients atteints du nouveau coronavirus, la dernière en date (parue vendredi dans The Lancet) attestant même que la chroloroquine ou son dérivé l'hydroxychloroquine "augmentent même le risque de décès et d'arythmie cardiaque", le savant français ne lâche rien.

Pour rappel, l'infectiologue de l'institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille (IHU), sommité dans son domaine d'expertise affublé depuis plusieurs semaines d'une casquette de nouveau gourou médiatique, s'est distingué dans la lutte contre le coronavirus en mettant sur le devant de la scène l'association médicamenteuse hydroxychloroquine-azithromycine.

Selon Raoult et ses équipes, administrer ce traitement à des patients atteints par le Covid-19 (mais pas encore dans un état critique) réduirait très fortement la gravité de la maladie et ferait nettement chuter le taux de mortalité.

"Je ne sais pas si l'hydroxychloroquine tue ailleurs, mais en tout cas, ici, elle sauve beaucoup de gens !"

Après quelques jours de silence médiatique, sur YouTube, l'expert est revenu sur la mise au ban, par diverses études médicales, du traitement qu'il administre durant cette épidémie.

Tout d'abord, "l'épidémie de coronavirus est en train de se terminer, comme j'imaginais que cela se passerait, note-t-il. On a de moins en moins de patients, et nous avons clôt notre première très très grande étude sur le sujet, avec plus de 3600 patients traités, ce qui nous permet d'avoir une vision assez claire de ce qu'il se passe."

Le professeur Raoult enchaîne alors avec l'association médicamenteuse sur laquelle il a tablé durant cette épidémie : "parmi les gens traités à l'IHU, la plupart l'ont été au moyen de l'association hydroxychloroquine et azithromycine, et dans ce groupe la mortalité est de 0,5%, soit la plus faible au monde. Donc je ne sais pas si l'hydroxychloroquine tue ailleurs, mais en tout cas, ici, elle sauve beaucoup de gens !"

Le microbiologiste n'estime avoir rien fait d'autre que son travail : de la médecine. "Nous, globalement, on a fait notre devoir : soigner les gens. D'ailleurs, le gouvernement ne nous a absolument pas empêchés de travailler", lâche, beau joueur, celui qui n'a pas toujours été sur la même ligne que les autorités politiques.

Concernant le décalage entre les publications scientifiques et ses observations à Marseille, Raoult se fait d'abord philosophe, estimant que "nous on est sereins. Le temps fera le tri sur les querelles."

"Surdose ? A ce compte, le Doliprane, c'est plus dangereux que l'hydroxychloroquine"

Mais son naturel revient vite au galop lorsqu'il s'agit de lui demander si les résultats des dernières études sur l'hydroxychloroquine ont de quoi lui faire réajuster son approche : "C'est quand même un peu fou... Il nous est passé 4.000 patients entre les mains, ici. Vous pensez bien que je ne vais pas changer ma façon de penser parce qu'il y a des gens qui font du Big Data, une espèce de fantaisie délirante qui prend des données dont on ne connaît pas la qualité, qui mélange tout, qui mélange des traitements dont on ignore la dose donnée. C'est sûr que si vous prenez de l'hydroxychloroquine, on peut se suicider avec, si on en prend trop... Comme avec le Doliprane (Dafalgan, NdlR) d'ailleurs, qui est en réalité plus dangereux que l'hydroxychloroquine. C'est la première cause d'intoxication dans les pays modernes du monde... C'est dangereux le Doliprane ! Une étude foireuse de Big Data ne me fera aucunement changer d'avis !"

Et de renchérir : "La vraie question c'est : existe-t-il une dérive dans le secteur des publications médicales, comme il en existe une dans le secteur des médias ? Une dérive où la réalité tangible, le vrai monde est tordu d'une telle manière que ce qui est rapporté n'a plus rien à voir avec le réel ? Pour ma part, il n'y a que la gâtisme ou Alzheimer qui effacera ce que j'ai vu de mes yeux ici. Le reste, c'est complètement déraisonnable."

"Je sais pourquoi les enfants ne sont pas atteints, je vous le dirai la semaine prochaine"

Autre sujet d'ampleur : Didier Raoult a rappelé qu'il avait été parmi les premiers à alerter le gouvernement sur le fait que le Covid-19 n'était pratiquement pas dangereux pour les enfants. Et il y a du neuf sur le sujet mais... il faudra attendre la semaine prochaine pour connaître la suite, a expliqué Raoult, façon teasing d'un épisode à venir sur Netflix. "On a été les premiers à alerter là-dessus, mais désormais, on sait pourquoi. On sait pourquoi les enfants ne sont pas atteints par le Covid-19. Vraiment. Mais je vous le dirai la semaine prochaine", déclare-t-il. "On sait par exemple que certaines choses qui avaient été sous estimées comme un taux de zinc trop faible jouent un rôle. On commence à comprendre aussi pourquoi des malades avec lésions très visibles au scanner sans être essoufflés sont atteints, ce qui est important."