L'ambassade de Chine en France affirme que son compte Twitter a été "falsifié", après la publication d'une caricature mettant en cause les Etats-Unis

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Cette caricature a été perçue par bon nombre d'internautes comme un message antisémite et complotiste sur une présumée alliance américano-israélienne visant à déstabiliser Hong Kong.

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Le logo du réseau social Twitter, le 10 mars 2020, à Cracovie, en Pologne.  (JAKUB PORZYCKI / NURPHOTO / AFP)

Le tweet a déclenché un tollé sur les réseaux sociaux, avant d'en être retiré. Lundi 25 mai, l'ambassade de Chine en France a affirmé que son compte Twitter avait été "falsifié" après la publication en son nom d'une caricature épinglant les Etats-Unis.  "Eclaircissement : Quelqu'un a falsifié le compte officiel de Twitter de l'Ambassade de Chine en publiant un dessin intitulé 'Qui est le prochain?'. L'Ambassade tient à le condamner et s'attache toujours au principe de véracité, d'objectivité et de rationalité des informations", indique son tweet épinglé.

Le dessin incriminé met en scène la Mort, vêtue aux couleurs du drapeau américain, devant une porte fermée, surmontée du nom de Hong Kong. C'est la dernière d'une série de portes, toutes ouvertes, chacune avec un seuil ensanglanté et portant le nom d'un pays : Irak, Syrie, Ukraine, Venezuela. Dans la faux que tient la Mort, une tache a été perçue comme le dessin d'une étoile de David par bon nombre d'internautes, qui ont donc vu un message antisémite et complotiste sur une présumée alliance américano-israélienne pour déstabiliser Hong Kong.

Des internautes ont par ailleurs souligné qu'il s'agissait du détournement d'une première caricature, mettant en scène la Mort drapée dans l'étendard chinois, avec des portes intitulées : Mongolie intérieure, Xinjang, Tibet, Hong Kong, Taïwan.

Des tweets peu diplomatiques

Le démenti de l'ambassade n'a pas toujours convaincu : "la 'caricature' en question continue d'être 'likée' par l'Ambassade. L'Ambassade de Chine a donc énormément de mal à reconnaître ses erreurs et à présenter des excuses", a accusé Antoine Bondaz, enseignant à Sciences Po au campus Europe-Asie, qui dénonce un tweet "abject et antisémite".

L'ambassade de Chine en France s'est distinguée au cours des dernières semaines par des tweets peu diplomatiques. Ces derniers jours, elle a aussi suscité la fureur de la diaspora ouïghoure en souhaitant sur Twitter "Eid Mubarak" ("Aïd Moubarak"), salutation traditionnelle utilisée par les musulmans pour se souhaiter bonne fête lors de l'Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan. Les réactions indignées ont afflué : "honte à vous", "FreeUigurs", "culottés !"...

Et pour cause : des experts et organisations de défense des droits de l'homme accusent Pékin d'avoir interné au Xinjiang (région ouïghoure, Nord-Ouest de la Chine) au moins un million de musulmans, principalement des Ouïghours, minorité turcophone.

Fin avril, l'Ambassade de Chine en France s'était aussi fait remarquer en publiant sur Twitter une vidéo accablant les Etats-Unis pour leur gestion de la crise du coronavirus, et ce après que Donald Trump a martelé qu'il s'agissait d'un "virus chinois"