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Le syndicaliste Aboubakar Soumahoro, en octobre 2018, à Riace, dans le sud de l'Italie. Le syndicaliste Aboubakar Soumahoro, en octobre 2018, à Riace, dans le sud de l'Italie.

Aboubakar Soumahoro, le syndicaliste ivoirien qui bouscule l’Italie

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Ancien ouvrier agricole, le syndicaliste ivoiro-italien est devenu une figure incontournable de la Péninsule, au point d’être présenté dans les médias comme la « nouvelle idole de la gauche » italienne.

Ce 21 mai, les Italiens étaient appelés à ne pas consommer de légumes. Une initiative lancée par l’activiste Aboubakar Soumahoro pour attirer l’attention de l’opinion publique sur une catégorie de travailleurs invisibles : les ouvriers agricoles. Ce syndicaliste ivoiro-italien, dont le visage est connu dans tout le pays, est aussi à l’origine d’un appel à la grève générale dans les champs italiens, où des milliers de migrants travaillent pour 3 euros de l’heure.

Souvent sans papiers, confinés au quotidien dans de véritables ghettos installés loin des villes, exploités par les « caporaux » – grade militaire utilisé pour désigner leurs recruteurs liés au crime organisé – , ils sont un rouage indispensable à l’approvisionnement alimentaire du pays.

Et, à ce titre, ils sont considérés comme « essentiels » par le gouvernement, qui a décidé, pandémie oblige, de leur faire bénéficier d’une régularisation « massive ». Mais celle-ci est accordée sous conditions : la durée des permis de séjour exceptionnels octroyés n’excède pas six mois. Et les critères établis par le décret signé le 13 mai exclut, de fait, une bonne partie des personnes en situation d’irrégularité.

« En ce moment d’urgence sanitaire, un médecin ne demande pas quelles sont les origines, le statut ou le salaire du patient. Il le soigne. De la même façon, l’État italien aurait dû sauver toute la communauté en octroyant un permis de séjour d’urgence sanitaire pour des raisons de santé publique, et non pas au regard de l’utilité économique de ces personnes, afin de permettre à tout démuni en situation d’irrégularité de pouvoir se soigner », juge Aboubakar Soumahoro.