Le Plexiglas face à une explosion de la demande
by Agence France-PresseRéouverture massive des lieux accueillant du public comme les magasins ou réorganisation du travail dans les bureaux: le besoin de parois de protection face à la COVID-19 explose, entraînant un boom de la demande de plaques de Plexiglas.
«On fait face à une pénurie invraisemblable», lance Michel Rivé, fondateur et gérant de Pluxi, entreprise spécialisée dans les produits en Plexiglas.
Le Plexiglas, une marque déposée par le groupe allemand Röhm mais adoptée dans le langage courant, également connu sous son acronyme PMMA (polyméthacrylate de méthyle), parfois appelé «verre acrylique», est une matière plastique très largement utilisée pour la fabrication de parois de protection, de vitrines, de tablettes ou d'objets de décoration ou publicitaires.
«Il y a à peu près un mois qu'on s'est rendu compte qu'il allait y avoir une forte demande de protection et que le Plexiglas allait être le matériau très convoité», raconte le patron de Pluxi, une PME basée à Landévant (Morbihan), qui a d'abord subi le contrecoup de la crise de la COVID-19.
«Quand il y a eu la décision du confinement, on avait encore du travail pour une semaine», se rappelle M. Rivé. Une première commande de 2000 parois de protection pour aménager des pharmacies a permis de redémarrer l'activité.
Mais pour le Plexiglas, «la pénurie est de plus en plus installée», souligne le patron de Pluxi, qui fonctionne avec des commandes passées au tout début du confinement et «qui sont livrées avec du retard et un peu au compte-gouttes».
Délais de livraison allongés
De fait les délais de livraison se sont allongés: «les commandes passées actuellement nous seront livrées en automne, voire décembre» alors qu'habituellement, il faut entre une semaine et trois semaines selon les produits.
Pour tous les secteurs accueillant du public autorisés à rouvrir depuis le 11 mai, «c'est vital d'avoir ces protections», constate Michel Rivé. Mais «on va avoir du mal à servir».
L'expérience est voisine pour Abaqueplast, un distributeur de matières plastiques et fabricant de produits sur demande, basé à Stains, en banlieue parisienne, qui s'est engagé à plein dans la production d'écrans de protection en Plexiglas.
«On travaille beaucoup pour les stands d'exposition, l'agencement, les musées (qui) ont annulé leurs expositions temporaires. Donc on a perdu du marché brutalement», explique Marc Le Moel, directeur d'Abaqueplast.
Écrans de protection
Au début du confinement, il a dessiné des écrans de protection, proposés sur le site internet de l'entreprise.
«On a senti la demande progresser brutalement, de façon exponentielle. Là, on a concentré toute notre activité sur les écrans de protection», résume-t-il.
Aujourd'hui pour Abaqueplast, l'heure n'est plus à faire du sur-mesure, son métier de base. L'activité est organisée en deux équipes, 14 heures par jour, pour produire des écrans d'une taille standard. Plus solide et plus léger que le verre, le PMMA est également... plus transparent.
La demande de PMMA est «hyper forte sur les produits transparents» et «c'est ce qui a généré une pénurie». «Si vous souhaitez passer des commandes chez certains producteurs, actuellement on a des délais entre septembre et décembre», note lui aussi le patron d'Abaqueplast.
Une solution de repli a été de proposer aux clients des plaques de PMMA très légèrement coloré, «les seules références encore disponibles en usine».
Du côté industriel, le français Arkema, qui fabrique du PMMA en plaques sous la marque Altuglas, confirme «une vraie demande» de produit sous cette forme.
Les usines de plaques du groupe, aux États-Unis et en France à Saint-Avold, «fonctionnent à plein», indiquait récemment le PDG d'Arkema Thierry Le Hénaff, tout en rappelant que ce matériau représente une part relativement limitée de l'activité totale du groupe.
«Il peut y avoir ponctuellement, notamment sur la mise en place de la chaîne logistique, un peu de tension», observait-il.
Mais «nous faisons face à la demande», ajoutait M. Le Hénaff, soulignant que «les employés se sont vraiment mobilisés pour pouvoir fournir autant que possible» dans un contexte de production compliqué par la COVID-19.