Violences policières : critiquée, Camélia Jordana propose un débat à Christophe Castaner

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Les propos sur les violences policières tenus par Camélia Jordana samedi soir dans l'émission "On n'est pas couché" ont fait réagir jusqu'au ministre de l'Intérieur. Épinglée par Christophe Castaner pour des dires qu'il estime "mensongers", et cible de nombreuses critiques, la chanteuse propose l'organisation d'un débat "en direct".

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Crédits photo : France 2

Samedi soir sur France 2, le retour à l'antenne de l'émission "On n'est pas couché" après son arrêt momentané a donné lieu à une séquence très discutée sur les réseaux sociaux. Invitée de Laurent Ruquier, la chanteuse Camélia Jordana s'est opposée à l'écrivain Philippe Besson, proche d'Emmanuel Macron, sur le sujet des violences dans les manifestations et plus largement des violences policières. « Ils sont censés nous protéger, mais il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic, et j'en fais partie. Je parle des hommes et des femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue et qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau, c'est un fait » a estimé l'interprète de "Facile", en livrant son ressenti personnel en tant que femme d'origine algérienne : « Aujourd'hui j'ai les cheveux défrisés, quand j'ai les cheveux frisés, je ne me sens pas en sécurité face à un flic en France. Vraiment. Vraiment ». « Si à chaque fois, au lieu d'avoir un non-lieu quand une femme ou un homme noir ou arabe, ou simplement pas blanc, se fait tuer (...) peut-être que les flics ne seraient pas détestés » a-t-elle ajouté après un échange tendu.

Des "propos mensongers et honteux" pour le ministre

Des déclarations qui ont mis le feu aux poudres et suscité de nombreux réactions polarisées, allant même jusqu'à s'inviter dans le débat politique. Dimanche sur Twitter, le ministre de l'Intérieur a condamné « sans réserve » le discours tenu par Camélia Jordana. « Non, madame, "les hommes et les femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue' ne se font pas 'massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau", ces propos mensongers et honteux alimentent la haine et la violence » a écrit Christophe Castaner. Au diapason, le syndicat de police Alliance a dénoncé des « accusations inadmissibles envers les policiers » dans un communiqué où il est affirmé que le procureur de la République va être saisi. L'association SOS Racisme a de son côté « apporté son soutien à l'analyse » de la comédienne césarisée en 2018 : « Nous regrettons que le ministre de l'Intérieur, en s'agrippant à l'emploi du terme "massacrer", ait cru utile de condamner les propos de Camelia Jordana. Cette attitude (...) est symptomatique de l'impossibilité dans notre pays de traiter du sujet - malheureusement réel - du racisme au sein des forces de l'ordre ».

"Votre devoir est de nous protéger"

Harcelée et cible d'un déversement de haine après la diffusion massive de la séquence, Camélia Jordana a répondu directement au ministre de l'Intérieur sous sa publication, en partageant une vidéo du média Loopsider réunissant les récentes images de violences policières. « Mes propos "mensongers et honteux" tentent d'alimenter un dialogue avec nos dirigeants (vous), pour faire avancer les choses mais vous niez alors que vous voyez très bien ce qui se passe. Et nous aussi. Votre devoir est de nous protéger. Protégez-nous » a-t-elle appelé.

Quelques heures plus tard, l'artiste révélée dans "Nouvelle Star" a de nouveau pris la parole sur le réseau social à l'oiseau bleu pour commenter les proportions médiatiques prises par l'affaire, se disant « épatée par toutes ces réactions » et « enthousiaste par la réouverture du débat public ». « Je ne m'exprimerai pas dans les médias suite aux nombreuses sollicitations en réaction aux propos de Christophe Castaner. Je serai en revanche honorée de débattre en direct avec lui sur le plateau de son choix » a-t-elle proposé, prête à défendre son point de vue à la télévision. Le ministre de l'Intérieur n'a pour l'heure pas encore réagi à cette sollicitation.