Coronavirus: Mithra lance un programme de recherche sur l’impact bénéfique potentiel de l’Estetrol

La société liégeoise Mithra, spécialisée en santé féminine, va lancer un programme de recherche sur l’impact bénéfique potentiel de l’Estetrol dans le traitement du Covid-19, a-t-elle annoncé lundi.

Le programme, de phase II, vise à évaluer l’effet bénéfique potentiel sur l’infection au Covid-19 de l’Estetrol (E4), un œstrogène natif produit par le foie du fœtus humain, qui passe dans le sang maternel à des doses relativement élevées pendant la grossesse.

Mithra, dont trois produits-phare - comme le contraceptif Estelle - sont basés sur l’Estetrol, part du constat que le Covid-19 frappe davantage les hommes que les femmes, et de manière plus sévère. Une disparité entre les sexes qui s’expliquerait notamment par des différences biologiques au niveau immunitaire.

Il semblerait que les œstrogènes aient un effet protecteur en agissant sur une protéine appelée «enzyme de conversion de l’angiotensine 2» (ACE2) dont ils permettent de réduire l’expression. Or, cette protéine ACE2 sert de porte d’entrée à certains coronavirus dans les cellules humaines.

«Il serait très intéressant d’approfondir l’effet des œstrogènes, en particulier l’Estetrol, sur la réponse immunitaire des patients touchés par le Covid-19», estime Jean-Louis Vincent, professeur de soins intensifs à l’ULB et intensiviste à l’hôpital universitaire Érasme, cité dans un communiqué.

«Des études sont actuellement en cours dans deux hôpitaux américains pour voir si les hormones peuvent avoir un impact sur la maladie, en particulier chez les hommes», explique pour sa part Mitchell Creinin, professeur de gynécologie à l’Université UC Davis, Californie. «Au vu du profil d’activité de l’Estetrol qui se distingue des œstrogènes classiques, il serait donc intéressant d’explorer son action sur le Covid-19 et d’évaluer son impact sur les vaisseaux sanguins des patients infectés, d’autant que le virus provoque des accidents vasculaires cérébraux chez de jeunes patients.»

Quant au professeur Jean-Michel Foidart, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Médecine de Belgique, il souligne que les hommes et les femmes réagissent différemment face aux infections respiratoires virales. «De même, les changements de niveaux d’œstrogènes chez la femme à la puberté, pendant la grossesse et à la ménopause sont associés à des modifications de l’immunité innée. Il apparaît donc utile de vérifier l’impact favorable sur le Covid-19 d’un œstrogène naturel humain tel l’Estetrol dont le profil d’activité indique une plus grande sécurité que les œstrogènes classiques.»

«En Belgique, on constate que le taux de décès féminin est inférieur à celui des hommes jusqu’à 74 ans. Cet effet bénéfique du genre disparaît dans la tranche 75-84, avant de s’inverser après 85 ans. Ce qui concorde avec l’hypothèse du rôle protecteur des œstrogènes chez les femmes durant leur cycle hormonal et même jusqu’à 15-20 ans après la ménopause naturelle», ajoute le professeur Foidart.

Le protocole du programme de recherche de Mithra est actuellement en cours d’élaboration, en concertation avec différents experts internationaux actifs dans la recherche contre le Covid-19. L’étude de phase II devrait être menée fin 2020 sur des patients (hommes/femmes) infectés par le virus.

L’annonce de Mithra était bien perçue par les investisseurs, l’action de la société liégeoise gagnant plus de 6%, vers 10h, à 22 euros.