Martin Bouygues : « dans le climat économique d’aujourd’hui, la 5G n’est pas la priorité du pays »
Dans une tribune, le PDG explique que « L’épidémie de Covid‐19 a conduit à suspendre la procédure d’attribution des fréquences 5G : les enchères, qui devaient avoir lieu ce printemps, ont été reportées à juillet ou septembre ». Selon lui, il faut être « pragmatique » : « la situation du pays, qui se relève avec difficulté d’un terrible cauchemar sanitaire humain et économique, commande de repousser de quelques mois supplémentaires l’attribution des fréquences 5G ».
Pour justifier son choix, il affirme que « si la 5G est une technologie prometteuse, elle est loin d’être mature. C’est pourquoi repousser les enchères de quelques mois ne présente aucun risque de déclassement ou de retard pour l’économie française […] Pour le grand public, les usages potentiels véritablement innovants n’arriveront pas avant 2023 ou 2024 ».
Il soulève un second point : « la 5G suscite aujourd’hui bien plus de méfiance et de scepticisme que d’engouement et d’enthousiasme […] Il y a ceux qui sont persuadés, sans aucun fondement scientifique, que la 5G serait dangereuse et on assiste même à une montée inquiétante des thèses complotistes expliquant que la 5G aurait un rôle dans la diffusion du coronavirus », entraînant des dégradations d’installations.
« Le même questionnement est apparu concernant la consommation énergétique de la 5G ». Face à ces craintes, il souhaite « prendre quelques mois pour expliquer et entendre, plutôt que passer en force ». « Escamoter le débat public serait une grave erreur s’agissant d’une préoccupation importante de nos concitoyens, notamment des plus jeunes : on ne construit pas la technologie de demain contre la jeunesse », ajoute-t-il.
Dernier point, et non des moindres, la composante financière : « Le monde économique d’aujourd’hui n’est plus du tout le même que celui qui prévalait début mars, lorsque les conditions de l’enchère ont été fixées ». Bouygues souhaite ainsi que les enchères soient repoussées « à la fin de cette année, ou au début de 2021 », nécessitant de revoir certaines obligations temporelles des licences. Enfin, il se défend de n'être « ni un adepte de la décroissance ni un adversaire des technologies ».
Suite à la publication de cette tribune, le député Éric Bothorel a publié un tweet pour expliquer que c’était un sujet qu’il traite avec Laure de la Raudière : « Le débat est ouvert ». Sébastien Soriano, président de l’Arcep, était pour sa part revenu récemment sur la délicate question de la communication gouvernementale autour de la 5G et des risques sanitaires.