«La gouvernance de l’entreprise, réacteur de l’engagement sociétal». La tribune d’Aurélie Motta-Rivey
La crise du coronavirus « doit faire passer un nouveau cap aux dirigeants, avec l’exigence d’une véritable horizontalité », analyse la consultante, commentant un sondage Ifop-Societer-l’Opinion mené régulièrement pendant la crise du coronavirus
by Aurélie Motta-RiveyLa crise du Covid-19, révélatrice des inégalités sociales, a renforcé la maturité du débat public sur la gouvernance des entreprises. Si la loi Pacte a permis de stimuler l’engagement sociétal, force est de constater que l’épisode doit faire passer un nouveau cap aux dirigeants, avec « l’exigence d’une véritable horizontalité », selon Frédéric Dabi, de l’Ifop. Il convient de passer du discours aux actes, et d’aligner responsabilité, business, culture et structures de l’entreprise.
Les « salariés-citoyens » souhaitent ainsi participer activement aux décisions impactant l’avenir : « En rupture avec les schémas passés de gouvernance verticale, il est souhaité que les salariés puissent être davantage associés aux engagements sociétaux et environnementaux de l’entreprise. Cette demande de meilleure imbrication entre le “haut”et le “bas” de l’entreprise supplante désormais nettement ce que les Français perçoivent comme des vœux pieux en matière de meilleure représentativité des instances de gouvernance », poursuit Frédéric Dabi, analysant un nouveau sondage réalisé pour Societer et l’Opinion.
Les modes de gouvernance constituent désormais le réacteur de l’engagement de l’entreprise et des critères « ESG » (environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance), piliers d’une performance durable. Si les dirigeants doivent plus que jamais impulser la transformation et incarner cette vision sociétale, leur capacité à embarquer et fédérer les salariés, premiers ambassadeurs de l’impact, sera déterminante. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère : celle de l’interdépendance entre utilité et reconnaissance sociales de l’entreprise et de ses salariés.
Participation. Après la crise des Gilets jaunes et celle du coronavirus, la question du partage de la valeur est, sans surprise, centrale pour les Français. Cette idée gaulliste de participation n’est pas nouvelle, mais elle prend une acuité inédite : « Dans un contexte d’anticipation des conséquences économiques et sociales de la crise, près d’un interviewé sur deux appelle de ses vœux un meilleur partage de la valeur créée par l’entreprise avec toutes ses parties prenantes », commente Frédéric Dabi.
En matière d’impact, c’est désormais l’environnement large de l’entreprise qu’il convient de prendre en compte – salariés, actionnaires, partenaires, fournisseurs, écosystème local... C’est bien de cet équilibre entre le « faire » (production), « l’être » (raison sociale) et « l’avoir » (répartition de la valeur), pour reprendre les termes d’Olivia Grégoire, présidente de la commission spéciale sur la loi Pacte, que dépendra notre new deal sociétal.
Aurélie Motta-Rivey est présidente de Societer, maison de conseil en sustainable leadership.