"Le monde d'après" doit être plus inclusif, dit Laurent Berger
par Caroline Pailliez
PARIS (Reuters) - Il convient d'inventer un modèle de société plus inclusif et plus vertueux sur la question environnementale afin de faire face à la crise sociale et économique qui se profile, a déclaré à Reuters le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.
Quinze jours après le début du déconfinement, le patron du premier syndicat de France se dit alarmé par l'ampleur de la récession dans laquelle plonge le pays, alors que l'activité ne reprend que très progressivement après deux mois d'arrêt quasi-complet lié à l'épidémie de coronavirus.
"Il y a sans doute plusieurs scénarios possibles, du moins pire au pire. Mais il n'y en n'a pas de bon. La récession qu'on est en train de connaître n'a sans doute pas de précédent dans l'histoire", a déclaré Laurent Berger lors d'une interview accordée à Reuters.
"Soit on décide, parce que ça va être difficile, de rester planqués les uns et les autres (...), soit, on se relève les manches et on se dit : 'qu'est ce qu'on fait'?"
La période de confinement a déjà entraîné en France une contraction de l'économie sans précédent, de près de 6% au premier trimestre.
Pour Laurent Berger, il va falloir travailler "filière par filière, territoire par territoire", pour préserver un maximum d'emplois et en développer d'autres.
Il plaide notamment pour un meilleur accompagnement des entreprises, des aides renforcées pour les chômeurs, un transfert plus facile de compétences d'un secteur à l'autre, un soutien pour les jeunes arrivant sur le marché du travail et, surtout, des investissements massifs dans des secteurs créateurs d'emplois.
"J'ai redis au ministère du travail qu'il fallait jouer en offensif : où sont les secteurs où on peut créer de l'emplois? La transition écologique en est un", dit le syndicaliste qui cite également le secteur des aides à la personne.
"Il y a beaucoup de raisons d'avoir des inquiétudes mais il y a beaucoup d'opportunités si on veut construire (...) un modèle économique plus vertueux sur la question sociale et environnementale, un modèle de société plus inclusif", a-t-il souligné.
Ce modèle ne peut être imposé verticalement par l'exécutif, ajoute-t-il, appelant ainsi au lancement dès cet été d'une grande conférence sociale et écologique, réunissant corps intermédiaires et gouvernants, pour fixer les grands principes de cette réforme.
(Caroline Pailliez, édité par Jean-Michel Bélot)