Johnson soutient son conseiller qui a rompu le confinement et provoqué un tollé
by huffingtonpost.frBoris Johnson a estimé que Dominic Cummings avait agi de “façon responsable, légale, et avec honnêteté” et ce n'est pas au goût de tout le monde.
ROYAUME-UNI - La polémique ne désenfle pas, loin de là. Boris Johnson a jeté de l’huile sur le feu en décidant de se ranger du côté de son sulfureux conseiller Dominic Cummings. Ce dernier a rompu son confinement pour aller voir ses parents à 400 km de chez lui alors qu’il avait des symptômes de Covid-19 et cela a provoqué un tollé dans le pays.
Malgré la déferlante d’indignation et d’appels, y compris dans les rangs de sa majorité conservatrice, pour exiger le départ du controversé conseiller, le chef du gouvernement a estimé que celui-ci avait agi de “façon responsable, légale, et avec honnêteté”. Il ne sera donc pas renvoyé comme l’ont réclamé de nombreux politiques. Quelques minutes après cette annonce, le compte twitter de la fonction publique britannique a été piraté.
“Arrogant et offensant. Pouvez-vous imaginer devoir travailler avec ces menteurs?”, a-t-on pu lire l’espace de quelques instants avant que le post ne soit effacé. Il aura suffit de ce court laps de temps pour que le message soit retweeté plus de 30.000 fois.
Comme le précisent nos confrères duHuffPost britannique, “la fonction publique britannique est l’ensemble des travailleurs qui effectuent le travail quotidien du gouvernement. Ils restent en place lorsque les gouvernements changent et sont professionnellement apolitiques”.
La polémique autour de Cummings
Dominic Cummings, 48 ans, cerveau de la campagne du référendum de 2016 qui a abouti au Brexit, est au coeur d’une tempête politique depuis que deux journaux ont révélé vendredi soir qu’il s’était rendu fin mars avec sa femme et leur fils chez ses parents à Durham (400 km au nord-est de Londres), alors qu’il craignait d’être atteint du Covid-19.
“Ce qu’ils ont fait est parfaitement compréhensible”, a déclaré le Premier ministre, venu assurer personnellement la conférence de presse quotidienne de Downing Street au sujet de la pandémie.
Selon les services du Premier ministre, Dominic Cummings, avait fait ce voyage car il avait besoin d’aide pour la garde de son fils, alors que sa femme était malade, et la famille a séjourné dans un bâtiment séparé de la propriété.
Par ailleurs, alors que le Premier ministre s’entretenait avec Cummins, un camion de campagne avec un écran géant est passé devant le domicile de ce dernier. Il diffusait un clip de campagne de Boris Johnson remerciant les citoyens de tous leurs sacrifices pour éviter la propagation du coronavirus.
Un “test échoué” pour Boris Johnson
La polémique a redoublé quand The Observer, édition dominicale du Guardian, et le Sunday Mirror, à l’origne des premières révélations, ont affirmé que Dominic Cummings avait également été vu à Durham le 19 avril, cinq jours après son retour à Londres pour se remettre au travail après sa guérison.
Mais Boris Johnson a écarté ces nouvelles accusations, estimant que nombre des allégations relayées dans la presse étaient “manifestement fausses”. Interrogé dimanche par des journalistes devant son domicile londonien, le conseiller spécial a nié s’être de nouveau rendu à Durham en avril.
“C’était un test pour le Premier ministre et il a échoué”, a réagi le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer, pour qui l’absence de sanction est “une insulte aux sacrifices faits par le peuple britannique”.
Boris Johnson avait choisi ce dimanche agité pour confirmer la réouverture partielle des écoles primaires au 1er juin, un sujet qui fait lui aussi polémique alors que le Premier ministre est déjà vivement critiqué sur sa gestion de la crise du coronavirus. Le Royaume-Uni est en effet le deuxième pays dans le monde le plus durement touché par la pandémie avec 36.793 morts -plus de 41.000 en incluant les cas non confirmés.
Des libertés qui ne passent plus après tous les sacrifices
L’affaire Cummings a également ému dans les rangs du parti conservateur de Boris Johnson, où le puissant conseiller, qui n’est pas membre du parti, compte de nombreux ennemis. Steve Baker, député influent et partisan acharné du Brexit, a estimé que Dominic Cummings devait partir. “Il n’est certainement pas indispensable”, a déclaré Steve Baker sur la chaîne d’information Sky News.
Étrillant un Dominic Cummings qui “a l’habitude de croire que les règles ne s’appliquent pas à lui”, le député Damian Collins a quant à lui estimé sur Twitter que le gouvernement se porterait mieux “sans lui”.
“Des millions de gens ont mis leurs vies entre parenthèses, ont fait des sacrifices énormes pour obéir aux règles pendant cette période”, a souligné une responsable du parti travailliste, Sarah Jones. “Nous avons vu les coeurs brisés de gens qui n’ont pas pu assister aux obsèques de ceux qu’ils aiment”, a-t-elle dénoncé sur Sky News.
Avant cette affaire, le Royaume-Uni a connu deux démissions retentissantes pour non-respect du confinement en vigueur depuis le 23 mars. Un influent conseiller scientifique du gouvernement, le Pr Neil Ferguson, avait démissionné après avoir reçu chez lui une femme, présentée comme sa maîtresse.
Début avril, la cheffe des services sanitaires écossais, Catherine Calderwood, a quitté son poste après avoir reconnu s’être rendue à deux reprises dans sa résidence secondaire.