Crise économique : nouvelles aides et hausse de la dette en France
Exonérations, reports de cotisations : le gouvernement va à nouveau sortir son carnet de chèques pour les secteurs économiques les plus touchés par la crise sanitaire, mais a prévenu que l'endettement de la France en fin d'année serait encore plus lourd qu'escompté.
by Le RevenuLe gouvernement compte exonérer de cotisations sociales des entreprises de secteurs particulièrement affectés par les conséquences de l'épidémie de Covid-19, a annoncé dimanche Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes publics.
«Ces exonérations de charges représentent 3 milliards d'euros et concerneront près de 500.000 entreprises», a détaillé son ministère.
Cette mesure va s'appliquer «dans le secteur du tourisme, des arts et spectacles, de la restauration, de l'hôtellerie, de la culture, du sport», a énuméré le ministre lors de l'émission Le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.
En dehors de ces secteurs, les sociétés ayant vu leurs cotisations sociales reportées pourront étaler leur paiement sur une période pouvant atteindre 36 mois, a-t-il ajouté.
450 milliards d'euros d'aides
Depuis le début de la tempête économique provoquée par la crise sanitaire du nouveau coronavirus, le gouvernement a multiplié les mesures pour tenter d'aider les entreprises à passer le cap.
Fonds de solidarité, prêts garantis par l'État, chômage partiel : au total, l'exécutif a déployé 450 milliards d'euros d'aides et de garanties de l'État, selon le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
Depuis le 15 mars, les entreprises en difficulté avaient la possibilité de décaler de trois mois la date de paiement de leurs cotisations sociales, sans pénalité. Très sollicités, ces reports s'élevaient à 17 milliards d'euros début mai, avait précédemment indiqué M. Darmanin. Ce bilan provisoire concerne les cotisations sociales des régimes général, agricole et Agirc-Arcco.
Augmentation de la dette
Côté fiscal, les entreprises ont également la possibilité de demander le report de l'impôt sur les sociétés ou les taxes sur les salaires auprès de la Direction générale des finances publiques (Dgfip).
Le gouvernement avait déjà annoncé que les charges pour les entreprises de moins de 10 salariés ayant fait l'objet d'une fermeture administrative depuis le 15 mars étaient annulées.
Mais toutes ces mesures auront un coût et la dette française va «sans doute» dépasser le seuil de 115% du produit intérieur brut, a prévenu dimanche M. Darmanin.
Le ministre s'est toutefois refusé à donner une estimation plus précise : «ce sont des choses trop importantes pour pouvoir faire des commentaires avec le doigt mouillé», a-t-il dit, alors que les 115% sont prévus par le dernier budget rectificatif en date, contre moins de 100% avant la crise.
Le «préoccupant» plutôt que le «désastreux»
«La dette, c'est à la fois les dépenses que l'on fait, et on en fait beaucoup, et les recettes qu'on n'a pas. Dans cette crise il y a une sorte d'effet ciseau, vous dépensez plus et vous avez moins de recettes fiscales parce qu'il y a moins d'activité», a-t-il encore expliqué.
«Ce qui est certain, c'est que nous avons choisi l'endettement, qui est préoccupant, contre la faillite qui aurait été désastreuse», a ajouté M. Darmanin.
Interrogé de son côté sur BFMTV dimanche, le patron du Modem François Bayrou, allié de la majorité, a estimé que «la dette créée par le coronavirus doit être traitée différemment. «Il faut l'isoler, la cantonner» et «ne pas en profiter pour (la) mélanger avec des dettes antérieures», a-t-il plaidé.
La piste de l'intéressement et de la participation
Quant aux solutions envisagées par le gouvernement pour rembourser cette dette, M. Darmanin a à nouveau exclu toute hausse d'impôts : «on découragerait les entreprises, les salariés à consommer, à investir».
Autre possibilité, réduire drastiquement les dépenses, mais «au moment où il faut faire un plan hôpital et revaloriser les infirmier, les infirmières, au moment où il faut soutenir l'économie, ce ne serait pas raisonnable», a-t-il poursuivi.
La «troisième voie» choisie par l'exécutif est de faire «confiance aux acteurs économique et la croissance crée la richesse qui permet de rembourser cette dette», a-t-il ajouté.
Le ministre, à titre personnel, a notamment proposé une généralisation de l'intéressement et de la participation salariale pour toutes les entreprises, «la vieille idée du général de Gaulle. (...) Ça a d'énormes avantages, ça réconcilie le capital de travail».
Le Revenu, avec AFP