Hydroxychloroquine : une étude controversée et Véran saisit le HCSP. L’azithromycine serait efficace contre le Covid-19 : on saisit quoi ?
by Dover63Il suffirait d’une journée pour que le ministre de la santé saisisse le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) suite à une publication controversée concernant l’hydroxychloroquine. Or, depuis deux mois on entend parler de traitements prometteurs du Covid-19, possibles en médecine de ville, à base de macrolides (azithromycine par exemple). Et pourtant rien ne semble avoir évolué…
Flash info.
Le 22 mai 2020, une étude est publiée dans The Lancet sur l’hydroxychloroquine ou la chloroquine dans le traitement du Covid-19[1][2][3].
Dans la foulée, le 23 mai 2020, Olivier Véran tweete[4][5] et on peut lire : « Le ministre français de la Santé Olivier Véran a demandé ce samedi 23 mai une révision des règles de prescription de l'hydroxychloroquine, après la parution d'une étude dans la revue médicale The Lancet pointant son inefficacité et même les risques pour les malades du Covid-19. « Suite à la publication dans The Lancet d'une étude alertant sur l'inefficacité et les risques de certains traitements du Covid-19 dont l'hydroxychloroquine, j'ai saisi le HCSP (Haut Conseil de la santé publique) pour qu'il l'analyse et me propose sous 48h une révision des règles dérogatoires de prescription », indique sur Twitter le ministre français de la Santé Olivier Véran. »[6].
Très rapidement cette étude parue dans The Lancet est critiquée.
Le collectif « Laissons les médecins prescrire » [1][7][8], dans un communiqué de presse du 23 mai 2020, au-delà des « liens d’intérêt déclarés par les auteurs avec l’industrie pharmaceutique » critique entre autres : une étude sur des patients « à un état grave de la maladie », « des critères d’inclusion flous », « des imprécisions sur les traitements analysés », « une population [non] représentative », « des groupes non comparables », « des doses et des durées de traitement non précisées »…
Ce collectif conclut : « Mais diantre le comité de lecture faisait-il la sieste ??? Assez d’une telle désinformation ! » [1][7][8].
Dès le 23 mai 2020 on trouve une autre analyse critique de cette publication du Lancet intitulée : « Lynchage organisé de la chloroquine par les médias, basé sur une étude aux données non vérifiées, ni vérifiables »[9].
On peut lire : « Honteux. […] Feu d’artifice de l’AFP et de quasiment tous les journaux français à propos d’une pseudo-étude financée par big pharma[…] » [9].
L’étude est qualifiée de « ramassis de données non étayées ». On peut lire : « L’article ne s’intéresse qu’aux malades hospitalisés, alors que le but du traitement du Professeur Raoult est justement d’éviter l’hospitalisation en traitant les malades tôt dans l’évolution de la maladie. Cette étude sur registres est rétrospective, non randomisée, sans groupe témoin tiré au sort, toutes exigences répétées au centuple sur les médias pour critiquer les travaux de Raoult, qui eux au moins étaient prospectifs. » [9].
Le 23 mai 2020, sur BFMTV, Apolline de Malherbe reçoit Philippe Douste-Blazy[10]. Vers 17h11 on l’entend remettre en cause l’étude, il critique l’état de santé grave des patients étudiés. Il résume l’étude par cette formule simple : « si vous donnez de l’hydroxychloroquine à des gens qui vont mourir, c’est sûr qu’ils vont mourir ». Il parle des liens entre les revues scientifiques (The Lancet, New England Journal of Medecine) et les laboratoires pharmaceutiques. Il utilise le qualificatif de « criminel ».
Le 24 mai est publiée une tribune titrant : « Hydroxychloroquine : La série statistique du Lancet ne prouve rien… »[11].
Et pourtant il a suffi d’une journée pour qu’on communique sur la saisie du haut conseil de la santé publique[4][5][6].
Alors que[12][13][14][15][16][17] :
1/ Depuis le 26 mars 2020 on entend parler de médecins de ville (généralistes ou spécialistes) qui traiteraient le Covid-19 avec des protocoles à base d’antibiotiques macrolides (azithromycine par exemple). On entend aussi parler de C3G (céphalosporines de troisième génération) et de doxycycline. Dans une pré-publication scientifique récente, ce dernier antibiotique serait associé à des résultats prometteurs[11][18][19].
2/ Les cohortes de patients sur lesquelles ces médecins ont communiqué seraient de plusieurs dizaines voire centaines de cas. Les indicateurs médicaux (délai d’amélioration des symptômes, taux d’hospitalisation, nombre de décès…) seraient bons.
3/ Il semblerait que des communications de type institutionnelles (vers des associations, des sociétés savantes ou une ARS) aient été tentées concernant les approches curatives ou prophylactiques.
Parallèlement :
1/ Les « medical guidelines » françaises auraient peu évolué et se limiteraient toujours à une prise en charge symptomatique du SARS-CoV-2 en ambulatoire[17][20][21][22].
2/ Le 3 mai, la Fédération des Médecins de France déclarait : « On était en droit d’attendre un relais des sociétés savantes de médecine générale à la mise en place de recherche thérapeutique en ambulatoire. Il n’en sera rien, à part rappeler aux généralistes de ne jamais prescrire d’hydroxychloroquine, on ne verra rien ! Même pas un petit essai sur l’intérêt de la prescription précoce de tel ou tel antibiotique ou de telle ou telle molécule ou de la mise en place de l’oxygénothérapie précoce à domicile. »[23].
3/ Le 23 avril 2020 le conseil national de l’ordre des médecins publie un communiqué de presse[24][25]. On apprend : « L'Ordre des médecins a mis en garde jeudi « une vingtaine » de médecins libéraux qui testent sur leurs patients un cocktail de traitements contre le Covid-19 dont l'efficacité n'est pas prouvée, les invitant à ne pas « susciter de faux espoirs de guérison » » [26]. On lit : « Des médecins mosellans sommés de se taire » et « Ils pourraient faire l’objet de procédures disciplinaires à l’issue de la crise sanitaire. »[27]. On entend plus tard de nouveau parler de menaces du conseil de l'Ordre des médecins et de l'ANSM[16][17][27b][27c].
4/ Le 24 avril une journaliste santé écrivait : « L'Azithromycine, un traitement antibiotique utilisé pour soigner les personnes atteintes du coronavirus (même si cette indication n'est pas encore validée par les autorités sanitaires), commence à manquer dans les pharmacies. »[28]. Une anticipation de bon sens ?
Pourtant, en plus de deux mois, qui a été saisi pour cette approche curative ambulatoire ?
Aujourd’hui on entend parler d’action en justice pour rendre officielle une approche thérapeutique en médecine de ville impliquant des traitements de référence[29][30][31][32].
État d’urgence ou urgent de « remettre l’état à sa place » ?[33][34]
Fin de communication.
Précédentes tribunes :
Covid-19 : et si la France faisait confiance à ses généralistes ?
Covid-19 : que penser des essais cliniques avec groupe placebo en période d’épidémie ?
Marre d’avoir peur du Covid-19
[1] https://stopcovid19.today/
[2] https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)31180-6/fulltext
[3] https://www.thelancet.com/action/showPdf?pii=S0140-6736%2820%2931180-6
[4] https://twitter.com/olivierveran/status/1264145851955458048
[9] https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/lynchage-organise-de-la-224633
[10] https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/vivre-avec-samedi-23-mai-2020-1249642.html
[11] https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/hydroxychloroquine-la-serie-224636
[12] https://twitter.com/olivierveran/status/1264145851955458048
[13] https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/covid-19-azithromicyne-teste-en-223380
[14] https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/antibiotiques-azithromycine-223696
[15] https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/didier-raoult-collectif-laissons-223946
[16] https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-azithromycine-aurait-un-role-224216
[17] https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-traitement-precoce-du-covid-19-224377
[19] https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.05.18.20066902v1.full.pdf
[21] https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/covid-19_fiche_medecin_v16032020finalise.pdf
[23] https://www.fmfpro.org/le-flop-des-essais-cliniques.html
[24] https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-chasse-aux-toubibs-est-ouverte-223645
[29] https://noublionsrien.fr/
[33] https://www.contrepoints.org/2020/05/24/371965-et-donc-la-france-na-jamais-ete-en-rupture-de-masques