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La vie au grand air atténue le risque de contamination.© AFP

Saisons, climat : Quel impact sur la pandémie?

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Peut-on espérer, avec l’été, la disparition du coronavirus Sars-CoV-2 chez nous ? Cette probabilité existe, mais elle est très faible.

Il existerait près de 5 000 coronavirus, dont 500 chez la chauve- souris ! Seulement sept ou huit ont pu infecter l’homme depuis le premier cas identifié en 1965. Quatre de ceux-ci (codés 229E, NL63, OC43, HKU1) sont toujours en circulation et la cause, en période hivernale surtout, d’environ 20 % à 25 % des rhumes bénins. Trois autres coronavirus sont connus pour infecter les poumons et causer parfois une détresse respiratoire aiguë mettant en jeu le pronostic vital : le Sars-CoV (pandémie de 2002-2004 appelée Sras), le Mers-CoV (épidémie qui fut, de 2012 à 2014, limitée pour l’essentiel au Moyen-Orient) et le Sars-CoV-2, auteur de la pandémie actuelle, baptisé par l’OMS Covid-19.

À l’exception du Mers-CoV, qui a émergé après une période de sécheresse et pour lequel on manque de données, tous les autres coronavirus ont une « saisonnalité » connue, terme signifiant que certaines périodes de l’année favorisent leur expansion. Il en est presque toujours ainsi pour les virus avec enveloppe dont ils font partie, comme ceux de la grippe, par exemple. L’enveloppe virale (dite « capside ») est une membrane qui entoure leur matériel génétique, les protège et peut fusionner avec celle des cellules qu’ils envahissent et dont ils utilisent la machinerie pour se reproduire. C’est d’ailleurs via cette fusion membranaire, une fois leur forfait accompli, qu’ils s’échappent sans difficulté d’une cellule pour aller en infecter une autre. A contrario, les virus sans enveloppe (dits « nus »), tels les adénovirus et rhinovirus, à l’origine eux aussi de rhumes très banals, sévissent toute l’année. Ils sont plus vulnérables et, pour sortir des cellules qu’ils ont infectées, doivent attendre d’être en nombre suffisant pour les faire éclater. Presque toutes les pandémies virales sont dues à des virus « enveloppés » et non à des virus nus.

La vie au grand air atténue le risque de contamination

De nombreux facteurs naturels sont susceptibles de moduler l’intensité et la forme de leur saisonnalité, notamment la température, l’humidité, le vent, la résistance des populations cibles dont l’immunité est meilleure en période estivale (augmentation sous l’effet du soleil des taux sanguins de vitamine D immunostimulante) que lorsque le froid hivernal sévit. La vie au grand air, contrairement à celle du travail en espace fermé, atténue considérablement le risque de contamination. Peuvent aussi jouer des mesures non naturelles imposées par les autorités, comme le respect de la distanciation, le port du masque dans les lieux publics denses, les déplacements limités, etc. Qu’en sera-t-il cet été ? Nous verrons. Tous ces paramètres rendent les prévisions difficiles.

Certaines analyses et modélisations apportent néanmoins quelques informations. Une étude américano-iranienne (universités du Maryland à Baltimore et de Shiraz en Iran) publiée le 5 mars dernier, a identifié, entre 30° et 50° de latitude nord, un corridor géographique où l’épidémie s’est répandue beaucoup plus qu’ailleurs et dans lequel, de novembre 2019 à fin février 2020, la température a varié de 5°C à 11°C, avec un degré d’humidité de 47% à 79%. Telles seraient les conditions idéales de reproduction du Sars-CoV-2 : celles des pays tempérés froids ! Sur la carte, ce corridor survole en ligne presque directe un trajet qui part de la province du Hubei en Chine (berceau de la pandémie), passe par l’Iran, atteint l’Europe et se termine aux États-Unis.

La survie virale est meilleure si le temps est froid et sec

Une étude de l’université d’Oxford, cohérente avec la précédente, publiée le 20 mars dernier, a recueilli les données climatiques provenant de 116 pays touchés par le Sars-CoV-2 et a observé que la survie virale est meilleure si le temps est froid, sec et peu venteux, alors qu’elle diminue quand la chaleur, l’humidité et le vent augmentent. Selon une étude chinoise, publiée le 28 avril et qui a intégré les valeurs quotidiennes de température relevées dans la capitale de 166 pays, « chaque augmentation de 1°C de la température (par rapport aux normes hivernales) serait associée à une baisse de 3,08 % du chiffre des nouveaux cas et à 1,19 % de celui des nouveaux décès ».

Ces données sont insuffisantes pour espérer la disparition du virus dans l’hémisphère Nord cet été. La plupart des spécialistes tablent sur sa persistance. Elle sera la source de nouvelles contaminations, avec un taux de reproduction R0 (taux moyen de transmission du virus d’une personne à d’autres) cependant réduit, a priori inférieur à 0,5, assez loin de son R0 moyen maximal (2,5). Selon des épidémiologistes du département d’immunologie et des maladies infectieuses de l’université de Harvard à Boston (étude publiée le 14 avril dernier), le Sars-CoV-2 reviendra avec force l’hiver prochain et pourrait, sous nos climats, devenir endémique. Il réapparaîtrait alors chaque année à la même période, contraignant à des mesures de distanciation sociale et au port généralisé du masque, jusqu’à ce qu’un vaccin efficace et bien toléré (pas avant un an, voire 2022) puisse à grande échelle protéger nos populations et changer la donne.