Un appui pour les microbrasseries de La Tuque: «C’est vraiment beau à voir»
by Audrey TremblayLA TUQUE — Les microbrasseries doivent être créatives pour survivre en ce temps de pandémie. Les établissements de La Tuque n’y échappent pas. Ils font preuve d’imagination pour éviter l’assèchement des liquidités et les Latuquois répondent à l’appel en très grand nombre.
«On s’en sort, mais j’avoue que sur le coup, il a fallu repenser beaucoup de choses. La fermeture subite du pub, ç’a donné un coup. On a dû mettre des gens à pied au pub et à la production, mais on s’en sort quand même bien. Les gens nous encouragent énormément. […] Un des côtés positifs, c’est que ça nous fait réfléchir. On prend un peu de recul et on essaie de regarder la business d’une autre manière», souligne Michaël Martineau, un des deux propriétaires de la microbrasserie La Pécheresse.
Il faut dire que la majorité de la production de la microbrasserie est destinée à la consommation à domicile et non sur place. L’équipe de la Pécheresse a donc décidé de mettre en place, de façon sécuritaire, de vente d’entrepôt «au volant» particulièrement populaire.
«On essaie de survivre d’une manière ou d’une autre. C’est une histoire de liquidité! En vendant directement aux consommateurs, c’est de l’argent qui entre directement […] On a travaillé fort pour faire notre place et on a toujours senti que les gens de La Tuque ont embarqué dans notre trip. De constater que les gens nous appuient encore comme ça, c’est vraiment cool», lance Michaël Martineau.
La première «vente de feu» a été si populaire que la file d’attente s’est étendue sur plusieurs rues… pendant quelques heures. Le quatrième événement du genre a eu lieu vendredi.
«Ça donne une belle dynamique, les gens sont souriants et ils nous disent merci. C’est vraiment beau à voir», note-t-il.
Ce ralentissement, aussi involontaire soit-il, a également permis de laisser aller la créativité et de créer un ambassadeur ludique. Le personnage d’Alphonse est interprété par Carl Charland, un employé de la microbrasserie.
«Je suis fan de cinéma et de vidéo. Je me suis toujours dit que c’est comme ça qu’on allait faire nos pubs à la Pécheresse, mais ça allait tellement vite qu’on n’a jamais vraiment pris le temps. Là, on a pris le temps. Carl, en plus, c’est le king de l’impro», souligne Michaël Martineau.
«Il y a des gens qui m’appellent Alphonse un peu partout maintenant», témoigne Carl Charland.
Les propriétaires de la microbrasserie, Serge Bouchard, Samuel Tremblay et Véronique Quessy Allard, ont reçu un bon appui des Latuquois.
AUDREY TREMBLAY
Malgré tout, La Pécheresse aimerait pouvoir livrer la bière au consommateur. Une activité qui n’est pas possible pour le moment.
«Encore une fois, je pense que la situation va nous amener à réfléchir et ça va peut-être créer des ouvertures à ce niveau-là. […] Le producteur n’a pas le droit de livrer. Ce n’est pas juste le fait d’augmenter les ventes, c’est aussi un rapprochement avec les gens. Il y a quelque chose de cool là-dedans», note M. Martineau.
À la microbrasserie Le mouton noir, on a aussi eu un appui non négligeable des Latuquois. Là-bas, la bière est en bouteille, et ça devient un casse-tête.
Les propriétaires soulignent que les détaillants, contrairement aux consommateurs, ne veulent pratiquement plus acheter de bouteilles. Un autre obstacle qui s’ajoute à la situation actuelle.
«Il n’y a plus personne qui veut des bouteilles! J’ai un inventaire qui dort, ce sont nos liquidités! Il a fallu se revirer vite. Notre premier défi ç’a été ça, de trouver des liquidités afin de pouvoir continuer», lance Samuel Tremblay propriétaire brasseur de la microbrasserie Le Mouton noir.
Encore là, la population a répondu présente à l’invitation du Mouton noir sur les réseaux sociaux, les gens se sont déplacés pour s’approvisionner et donner un coup de main aux producteurs.
«Le monde est très réceptif et c’est ça qui nous sauve actuellement», assure Samuel Tremblay.
En début d’année, la Microbrasserie avait diminué sa production de bouteilles pour augmenter sa production de baril.
«On avait diminué les bouteilles, mais là, on peut seulement faire du «take out». En deux mois, on a tout changé pour revenir à la bouteille. C’est un gros défi. On s’est reviré de bord du jour au lendemain», assure-t-il.
La jeune microbrasserie, qui est encore en train de payer la machinerie pour la mise en bouteille, pense déjà au plan B pour mettre ses produits en canettes.
«On avait beaucoup d’autres projets aussi, mais tout est sur la glace», a conclu M. Tremblay.