Covid-19 : Un entrepôt Amazon menacé de fermeture dans le Wisconsin
by Aude ChardenonSi en France, Amazon semble avoir trouvé un terrain d’entente avec les syndicats, l’e-commerçant est toujours, aux Etats-Unis, confronté à la grogne des employés. Selon une information du Guardian publiée le 22 mai 2020, la société américaine ne prendrait pas les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de ses collaborateurs face aux risques causés par la pandémie de Covid-19.
Le média britannique explique qu'au moins 20 employés du centre de distribution de Kenosha, dans le Wisconsin, ont été testés positifs au coronavirus au cours des deux derniers mois. Un chiffre peut-être minoré – le Milwaukee Journal Sentinel avance de son côté au moins 32 contaminations – et qui a amené les autorités sanitaires de l’Etat américain à adresser un avertissement à Amazon : le site sera fermé si la firme de Seattle n’accentue pas ses efforts en matière de test, de nettoyage, de fourniture de masques obligatoires et de mesures de distanciation sociale.
Pas d'information à l'échelle nationale ou locale
Situé à une soixantaine de kilomètres de Milwaukee, l’entrepôt de Kenosha a été le premier site d’Amazon à rendre public, le 16 mars dernier, un cas de contamination. Depuis, Amazon n’a pas publié de suivi, ni de ce centre, ni à l'échelle nationale. Pour cause : "la division de la santé du comté de Kenosha a eu du mal à obtenir une coopération coordonnée d'Amazon concernant le traitement des cas de Covid-19, précise Jen Freiheit, un responsable de l’organisme public, au média local Kenosha News. […] Nous allons examiner quelles autres mesures nous pouvons prendre pour Amazon, parce que nous n'obtenons pas autant de mise en conformité que nous le souhaiterions".
Comme sur d’autres sites logistiques, les employés d'Amazon se plaignent du manque d’équipement de protection. The Guardian s’appuie sur les messages postés par un groupe Facebook. Des employés auraient indiqué à leurs collègues sur le réseau social avoir contracté la maladie, et dénoncé par la même occasion le mutisme d’Amazon sur les mesures de sécurité qu'il avait promises. Si l’e-marchand américain a annoncé équiper l’entrée de ses installations de caméras thermiques, ces mesures tarderaient ainsi à se concrétiser. A noter que d’autres employés prennent la défense de l’e-commerçant, précisant sur ce même groupe que ce sont les autorités sanitaires qui, en contactant la mauvaise personne, auraient ralenti les dispositifs d’inspection.
Huitième décès aux Etats-Unis, reprise d'activité en France
Amazon est très critiqué pour sa façon de gérer la sécurité de ses employés depuis le début de la pandémie de Covid-19. Alors que des manifestations et des débrayages ont été organisés, la société de Jeff Bezos aurait procédé à des licenciements d’employés qui avaient publiquement dénoncé leurs conditions de travail. Ces représailles concerneraient des sites des États de New York, de l’Indiana et de l’Oregon. Ces polémiques ont causé le départ de Tim Bray, vice-président d’Amazon Web Services (AWS), qui souhaitait dénoncer la manière dont Amazon traitait ses salariés. A noter également que les médias américains ont rapporté le 22 mai le huitième décès d'un employé d'Amazon lié au coronavirus SARS-CoV-2.
En France et après cinq semaines de conflit, les six entrepôts d'Amazon ont rouvert progressivement le 19 mai. Les mesures de sécurité mises en place dans les centres logistiques semblent avoir convaincu les syndicats et l'entreprise a annoncé finalement ne pas se pourvoir en cassation suite au dernier arrêt rendu par la Cour d'Appel de Versailles. Les centres de distribution français d’Amazon étaient fermés depuis le 16 avril dernier, en raison d’une ordonnance du tribunal judiciaire lui enjoignant de limiter ses livraisons aux seuls produits essentiels le temps d'évaluer avec les représentants du personnel les risques liés au Covid-19 dans ses entrepôts.
Amazon avait jugé cette ordonnance inapplicable. Cette décision avait été confirmée par la Cour d'Appel de Versailles début mai. Depuis, Amazon continuait à livrer ses clients mais depuis ses centres logistiques situés à l’étranger et avait fait une demande de chômage partiel auprès des autorités françaises pour les quelque 10 000 personnes travaillant dans ses six entrepôts logistiques à l'arrêt. Une demande qui avait été refusée. Ce type de pratiques, que ce soit aux Etats-Unis, en France ou dans le reste du monde, ne contribue pas à améliorer l'image de l'entreprise.