Les PME de Corrèze croient-elles à la reprise avec la fin du confinement ? Pas vraiment...
Encore difficile à mesurer, l’impact économique de la crise sanitaire laisse craindre une forte augmentation des procédures judiciaires et du nombre de licenciements dans les mois à venir en Corrèze. C'est le principal enseignement d'un questionnaire envoyé à 800 PME.
Menée entre le 5 et le 10 mai 2020, soit juste avant le début du déconfinement, par la chambre de commerce et d’industrie de la Corrèze, l'enquête ne laisse guère de place à l'optimisme. 5 % des 824 sociétés corréziennes consultées , pensent qu’elles ne vont pas survivre à l’impact économique de la crise sanitaire du Covid-19.
23 % s’interrogent ouvertement sur une possible cessation définitive de leur activité. Un constat qui ne fait que renforcer la conviction de Françoise Cayre, à la tête de la CCI :
" Nous sommes face à une crise sans précédent, sur laquelle nous n’avons aucun recul et quasiment pas de visibilité."La présidente de la CCI de la Corrèze
Comme d’autres, l’organisme consulaire redoute une vague de défaillances dans les semaines et mois à venir. Françoise Cayre exhorte d’ores et déjà les chefs d’entreprises corréziens qui se sentent en difficulté à se signaler : " Avec le tribunal de commerce et les autres chambres consulaires, nous sommes prêts à accompagner les dossiers. Il ne faut pas hésiter à le faire au plus tôt, en tout cas avant qu’il ne soit trop tard".
Pour l’heure, deux dossiers sont en cours d’examen auprès du tribunal de commerce, basé à Brive, un dans le secteur du bâtiment, l’autre dans celui du commerce.
8 % des PME jugent des licenciements inévitables
L’impact de la crise sanitaire affecte un ou plusieurs fondamentaux des entreprises : manque de fonds propres, de trésorerie, résultats d’exploitation en baisse ou carrément négatifs, questionnement sur la reprise de la consommation.
" Un choc terrible ", commente Françoise Cayre, qui garde en tête un autre enseignement de la consultation : 8 % des entreprises corréziennes interrogées jugent inévitable l’adoption de mesures sociales, de type licenciements.
Parmi elles, un quart pense que cela pourrait concerner plus de la moitié de leurs effectifs. 34 % parlent d’une fourchette entre 25 et 50 % de leur personnel.
De quoi justifier un accompagnement spécifique, d’ailleurs demandé par les sociétés consultées : " Les conseillers de la CCI doivent être en première ligne, avec les collectivités et l’État. L’accompagnement doit être spécifique ", insiste Françoise Cayre.
" C'est comme réapprendre à marcher"
Elle évoque une nouvelle phase pour ses services :" C’est du conseil sur la gestion et le financement, après une analyse financière, des marchés. Il n’y a pas de modèle, il s’agit d’envisager une adaptation permanente, de redéfinir une stratégie commerciale ou marketing ".
Le développement du digital (vente à distance, télétravail…) semble néanmoins une piste à explorer, pour tous." C’est comme s’il fallait réapprendre à marcher ", reprend Françoise Cayre, inquiète aussi du gros coup d’arrêt sur la création ou reprise d’entreprise.
- Différentes mesures de soutien aux entreprises ont été mises en place par le gouvernement depuis la mi-mars 2020. Au 21 mai, en Corrèze, 7.833 aides (près de 60 % sont des entrepreneurs individuels) ont été versées au titre du Fonds de solidarité pour un total de 10,59 millions d’euros. Cette aide peut aller jusqu’à 1.500 € et s’adresse aux très petites entreprises, indépendants, micro-entrepreneurs et professions libérales.
Concernant les Prêts garantis par l’État, 239 millions d’euros ont été versés à travers 1.548 dossiers.
Enfin, les reports d’échéances fiscales concernent 110 dossiers dans le département, pour un total de 2,27 millions d’euros.
Eric Porte
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