La menace du coronavirus diminue, les traversées de migrants repartent à la hausse en Méditerranée

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Le naufrage d'un bateau de migrants au large de Sfax en Tunisie semble marquer une reprise des traversées clandestines.

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Le 11 août 2019, le navire Ocean Viking, de l'ONG Médecins sans Frontières, récupère 81 migrants dérivant sur un bateau pneumatique en Méditerranée. (ANNE CHAON / AFP)

L'accident a eu lieu le 23 mai 2020 au matin à un mille marin de Thyna, près de la grande ville portuaire de Sfax , a indiqué à l'AFP Moez Triaa, porte-parole de la Protection civile tunisienne.

Au total, 20 Tunisiens se trouvaient à bord de cette embarcation qui se dirigeait vers l'Italie, selon lui. Un corps a été repêché, 11 passagers ont été interceptés par la Garde nationale et six autres sont recherchés par des plongeurs de la Protection civile et un bateau des gardes-côtes tunisiens.

Un premier drame qui marque une très nette reprise du trafic depuis la Tunisie. La Garde nationale a empêché dix départs au cours des derniers jours. 223 candidats à l'émigration irrégulière, dont 94 Africains subsahariens, ont été arrêtés, a annoncé le porte-parole de la Garde nationale Housem Eddine Jebabli.

Le coronavirus aurait freiné les migrations

C'était le seul point positif à mettre à l'actif de l'épidémie de coronavirus. Les candidats à l'immigration clandestine attendaient des jours meilleurs, conscients que ce qui les attendait en Europe pouvait être pire que leur vie actuelle. L'Italie, qui est le principal point de chute des migrants, étant également le principal foyer d'infection en Europe.

Le journal tunisien La Presse a fait le même constat en enquêtant dans les lieux du pays où se concentrent les candidats à la traversée. "Le sujet de l’immigration clandestine ne semble plus d’actualité et ne revient quasiment plus sur les bouches", écrivait-il fin février.

Fermeture des ports

La fermeture des ports italiens et maltais a aussi largement contribué à la baisse des traversées. Le 7 avril dernier, l'Italie annonçait que ses ports étaient désormais considérés comme "non sûrs" en raison de la présence du coronavirus. En conséquence, aucun bateau ne peut plus accoster, ni donc débarquer qui que ce soit. Un frein direct au travail des ONG qui secourent les migrants en mer. "Les bateaux qui recueillent des migrants sont en effet tenus de les débarquer en 'lieu sûr'", explique le site Infomigrants.net.

Ainsi, le nombre de passages frontaliers illégaux détectés sur les principales routes migratoires d'Europe a diminué en avril de 85% par rapport au mois précédent pour atteindre environ 900, a annoncé mi-mai l'agence européenne de contrôle des frontières Frontex.

"Naufrages invisibles"

Des chiffres que contredisent les ONG. Ce sont en fait plus de 1100 personnes qui ont tenté la traversée en avril 2020, deux fois plus que pour le même mois de 2019, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). En l'absence de navires privés de sauvetage sur la mer, "le risque a grandi que des naufrages invisibles se déroulent loin des yeux de la communauté internationale", déclare l'OIM.