Lelouch tourne à Monaco un remake de sa traversée de Paris
Charles Leclerc, Ferrari et les rues de Monaco se sont prêtés, au petit matin, à un tournage sur les chapeaux de roues renvoyant 44 ans en arrière.
by Jacques ChevalierFaute de grand prix de Monaco de Formule 1 ce week-end, pour cause de sortie de confinement, les rues de la Principauté ont tout de même résonné au son des moteurs de course, ceux de deux Ferrari, dont l'une était pilotée par le champion local, Charles Leclerc. Pour les besoins de la cause, puisqu'il s'agissait de tourner un court-métrage à l'aube au moment où les rues de la Principauté sont désertes. Le scénario n'est pas encore connu, mais l'heure du tournage, les protagonistes en place, notamment le réalisateur Claude Lelouch et le titre du film, « Grand rendez-vous », renvoient directement à une expérience décoiffante du réalisateur réalisée beaucoup plus tôt dans sa carrière, à Paris cette fois.
Il s'agissait à l'époque – c'était le 15 août 1976 à 5 h 30 du matin – de se rendre depuis le boulevard périphérique à la porte Dauphine jusqu'aux marches du Sacré-Cœur à Montmartre pour un rendez-vous. Du genre qui n'attend pas. Le tournage, réalisé avec Claude Lelouch au volant, sans aucune autorisation préfectorale, propose une traversée suffocante de la capitale au petit matin dans des rues heureusement quasi désertes.
Avec un minimum de précautions, le réalisateur, qui a fixé une caméra de 35 mm sur le pare-chocs de sa Mercedes 450 SLC, tourne un unique plan séquence de 8 minutes 39 secondes avec un reste de pellicule. Au programme, une pointe à 200 km/h avenue Foch et un conducteur qui prend toutes les libertés avec le Code de la route, les rares piétons, les feux de signalisation et même les sens interdits. De quoi l'embastiller pour un bon moment, même en 1976.
Pas de ça a priori à Monaco où, cette fois, les autorités locales avaient fait le ménage pour que le petit prodige de la Principauté, Charles Leclerc, pilote officiel de Ferrari en F1, puisse s'installer au volant d'une redoutable Ferrari SF 90 Stradale. Filmé par une autre Ferrari identique, il a bouclé plusieurs tours du circuit avec caméras embarquées et suiveuses et Lelouch à la manœuvre dans la montée de Sainte-Dévôte.
Un prince à l'affiche
Le scénario semble être un clin d'œil à l'expérience vécue 44 ans plus tôt à Paris, et le titre, « C'était un rendez-vous » lève une dernière ambiguïté. On sera fixé le 13 juin lors de la révélation du film dans lequel le prince Albert II de Monaco, lui-même convalescent du Covid-19, fait une apparition, de même que le prince Andrea Casiraghi et John Elkann, président de Ferrari. Une belle façon de saluer la fin du confinement, survenue un peu plus tôt qu'en France, avec ce tournage insolite qui a attiré à l'aube bon nombre de curieux enthousiastes.
« Une façon, selon Ferrari, de célébrer le retour du sport automobile, du cinéma et de la vie sociale alors que nous nous efforçons de laisser la pandémie derrière nous, par un comportement, un engagement, une solidarité mutuellement responsables. » Charles Leclerc, faisant ses débuts au cinéma sous la caméra et l'œil expert de Claude Lelouch, a lâché les 1 000 ch de la Stradale et atteint 240 km/h dans les rues de la Principauté.
Il a néanmoins pris beaucoup moins de risques que Claude Lelouch à l'époque, dont le parcours n'était absolument pas sécurisé à l'exception du franchissement de la rue de Rivoli par les guichets du Louvre. Posté là, son assistant de l'époque, Élie Chouraqui, l'attendait avec un talkie-walkie pour lui dire s'il pouvait passer. N'ayant pas eu de signal, Claude Lelouch traversa à toute vitesse et apprit plus tard que le talkie-walkie était tombé en panne.