Le durable: un impératif catégorique pour la dette souveraine

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Pour l’investisseur en dette souveraine, le suivi régulier de la durabilité des pays développés et émergents est devenu incontournable.

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Le dernier classement pays en matière de développement durable pour le premier semestre 2020 est instructif. Il en ressort que la répartition des richesses est devenue un thème clé tant pour les pays de l’OCDE que pour les pays émergents puisqu’un nouvel accord social a déjà émergé. Sur le chemin de la nouvelle normalité qui voit le jour à mesure que la crise du coronavirus s’apaise, il devient évident qu’il ne peut y avoir de reprise pérenne sans que s’instaure une croissance durable et inclusive.

La pandémie a eu un impact sans précédent dans le monde entier et elle a entraîné une série de changements dans nos manières de vivre, de travailler et d’interagir avec ceux qui nous entourent. Ses conséquences sur l’emploi ont été dramatiques. L’OIT (Organisation Internationale du Travail) estime en effet que l’une des conséquences directes de la crise sanitaire est que près de 25 millions de travailleurs se trouvent actuellement sans emploi. D’ici la fin 2020, les pertes de revenus des travailleurs pourraient s’élever à 3,4 milliards de dollars. Cette pandémie a donc mis les questions sociales sur le devant de la scène internationale.

Elle a néanmoins eu également un certain nombre de conséquences positives. Les émissions de gaz à effet de serre ont considérablement diminué: de 70% en Inde, 58% dans l’Union européenne, 30% aux Etats-Unis et 18% en Chine. Mais, selon divers experts de l’environnement, ces succès étant liés au confinement ils ne peuvent être que temporaires, alors que les conséquences du réchauffement climatique sont probablement irréversibles. Il n’y aura pas de «retour à la normale» pour le climat.

Les défis de la viabilité

Le virus a forcé le monde à surmonter des obstacles sans précédent et a mis en évidence les nombreuses lacunes de nos sociétés. Depuis 2007, notre classement des pays en fonction de leur durabilité offre une vision claire et transparente de leurs situations respectives. Il permet aux investisseurs d’identifier ceux qui intègrent le mieux les défis mondiaux dans leur développement à moyen terme, afin d’assurer leur viabilité à long terme.

Cette analyse des facteurs de durabilité s’appuie sur cinq dimensions clés : transparence et valeurs démocratiques, environnement, éducation et innovation, santé et répartition des richesses, et économie. A l’heure actuelle, le modèle repose sur 69 critères pour les marchés développés (OCDE) et 62 pour les émergents (ME). Il donne ainsi une représentation précise et quantitative des tendances mondiales en matière de durabilité. De plus, dans le souci d’améliorer son efficacité, ses composantes sont constamment affinées.

Emploi, éducation, démocratie

Dans le dernier classement, le conseil consultatif sur la durabilité des titres obligataires, le FISAB1, relève que si les prestations sociales se sont généralement améliorées pour une grande partie de la population, divers pays se trouvent actuellement confrontés à une polarisation des emplois, une stagnation des revenus et une augmentation substantielle du coût des besoins essentiels. 

Par ailleurs, la dernière enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) ayant révélé une aggravation des différences entre les différents systèmes éducatifs, le FISAB a examiné de plus près le thème de l’éducation dans les pays de l’OCDE. Il constate par exemple que si l’Allemagne continue d’afficher des résultats bien au-dessus de la moyenne, ces derniers tendent à se détériorer et le système scolaire s’avère plus inégalitaire que la moyenne. En ce qui concerne les marchés émergents, le FISAB insiste sur l'importance de la transparence et du développement des valeurs démocratiques.

Le durable au cœur de l’investissement

Ce classement des pays en fonction des critères de durabilité constitue le cœur du processus d’investissement pour les stratégies axées sur la dette souveraine des marchés développés et des marchés émergents. Car comme il l’a déjà démontré par le passé, une croissance à deux chiffres qui ne respecte pas les facteurs de durabilité est souvent le symptôme d’une économie fortement endettée et axée sur le court terme, plutôt que celui d’une économie qui intègre les éléments de sa croissance future. Il est donc d’une importance cruciale que la relance budgétaire ne se fasse pas au détriment de l'environnement ou d’éléments de durabilité comme la santé, la répartition des richesses et l'éducation. Malheureusement, lorsque le PIB est en baisse, les priorités ont tendance à changer!