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Christophe affirme qu'un agriculteur pulvérisait des pesticides alors qu'il y avait du vent: est-ce permis?

Christophe, un habitant de Braine-le-Comte affirme avoir vu un agriculteur pulvériser son champ dans des conditions météorologiques qui ne lui semblaient pas idéales : "Est-ce normal, qu'avec un vent de 5 Beaufort (29 à 38 km/h), il puisse pulvériser ses produits chimiques ?" demande ce cycliste sur qui se sont retrouvées des gouttelettes. Nous avons cherché la réponse à sa question.

Les agriculteurs wallons ne peuvent pas pulvériser leurs champs de pesticides comme ils le veulent. Ils ne peuvent les utiliser que dans des conditions strictes qui commencent par l'obtention d'une licence d'utilisation appelée "phytolicence". Une formation aux bonnes pratiques leur est d'ailleurs délivrée. Concrètement, quelles sont ces conditions ? C'est la question générale à laquelle nous avons cherché réponse après avoir reçu le témoignage de Christophe via le bouton orange Alertez-nous.

"Est-ce normal qu'avec un vent de 5 Beaufort, des agriculteurs pulvérisent leurs produits chimiques?"

Lors d'une balade à vélo à Steenkerque (Braine-le-Comte), cet homme assure avoir observé un agriculteur en train de répandre des pesticides dans son champ alors que selon lui "le temps ne s'y prêtait pas vraiment" : "Est-ce normal qu'avec un vent de 5 Beaufort (NDLR: de 29 à 38 km/h selon cette échelle de mesure du vent), des agriculteurs pulvérisent leurs produits chimiques ? Peut-on m’expliquer l’intérêt de répandre des pesticides à plus d’un mètre du sol avec des vents pareils ? Ce n’est pas la première fois que cela arrive dans la région. Il est fort désagréable de recevoir des gouttelettes sur les lunettes en roulant à vélo", regrette-t-il. "Certains agriculteurs ne respectent pas les règles en vigueur. Le métier d’agriculteur est un métier dur, surtout en cette période, mais il me semble qu’il y a une loi qui interdit cette pratique surtout près d’habitations."

Trois règles respecter

En 2018, le ministre wallon de l'Environnement de l'époque, Carlo Di Antonio avait encadré davantage la pulvérisation des pesticides dans les champs afin que les habitants situés à proximité soient mieux protégés. Trois mesures fortes avaient ainsi être prises (en savoir plus sur le guide des bonnes pratiques)

- Toute pulvérisation de pesticide est interdite si le vent est supérieure à 20 km/h. D'autres paramètres météo doivent également être respectés: une température entre 5°C et 20°C, une humidité relative entre 60 et 95% (matin ou soir) et un temps sec.

- Une protection obligatoire doit être placée sur le pulvérisateur (une buse) pour réduire de 50% la dérive du produit dans l’air (en savoir plus)

"Ça consiste en un surcoût de 2-300 euros à 1000 euros par machine. Cela fait plusieurs années que j’utilise ces buses-là, et je sais que beaucoup de confrères l’utilisent aussi", expliquait Wilhelm Bommers, un agriculteur, à notre micro en avril 2018.

Le matériel de pulvérisation doit être bien réglé et en ordre de contrôle technique, ce qui limite fortement la dispersion des produits phytopharmaceutiques.

- Toute pulvérisation de pesticide est interdite à moins de 50 mètres des lieux fréquentés par des personnes vulnérables (écoles, crèches, aires de jeux pour enfants, hôpitaux, homes,…).

Par ailleurs, une série de mesures concrètes ont aussi été prises pour limiter l’utilisation de pesticides (en savoir plus).

Les producteurs contrôlés par plusieurs organismes

Les producteurs (agriculteurs, horticulteurs, pépiniéristes,...) peuvent être contrôlés (à des fréquences différentes selon les risques) par l'Agence Fédérale pour la Sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA), par le SPF Santé Publique, ou encore par la "police de l'environnement", le SPW Direction des Contrôles. 
Les pulvérisateurs de quelque 6.000 appareils doivent aussi passer au contrôle technique tous les trois ans . Ces examens permettent de vérifier si le matériel employé pour pulvériser les champs est conforme aux normes en matière d’environnement de pollution. Depuis 1995, le  CRA-W (Centre wallon de Recherches agronomiques) assure ce service d'inspection et notre pays est vu en Europe comme étant un des précurseurs en la matière.