Pesticides : 35 000 signatures sur la pétition ariégeoise !

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Après son initiative de prélèvements d’urine et de dépôts de plainte contre les fabricants de pesticides, l’association Campagne glyphosate s’est jointe au lancement d’une pétition très suivie.Photo DDM arch DS
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Henri Delrieu, l’un des militants du Chabot qui réalise l’inventaire des cours d’eau.Photo DDM arch CZ

Lancée début avril par des associations ariégeoises, une pétition pour que les pesticides soient pulvérisés à plus de 150 mètres des maisons a recueilli près de 35 000 signatures. Elles demandent cela notamment car les pesticides "aggravent les symptômes du Covid-19".

Pour les défenseurs ariégeois de l’environnement, ce mois de mai apporte deux bonnes nouvelles simultanées. La première : la pétition lancée début avril par le comité écologique ariégeois, le Chabot, les Faucheurs volontaires 09 et Campagne glyphosate 09 a recueilli un succès "inattendu. Près de 35 000 signatures en un mois, c’est sûr qu’on ne s’attendait pas à ça !", s’exclame Henri Delrieu, de l’association agréée de protection des rivières ariégeoises le Chabot. Il faut dire que cette pétition s’appuie sur une double actualité : le Covid-19 et le débat sur la dangerosité des pesticides à proximité des habitations. En effet, soulignent les signataires, "Isabella Annesi-Maesano – responsable de l’équipe épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires (Épar) de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (IPLESP), épidémiologiste directrice de recherche à l’Inserm – confirme que non seulement, les pesticides impactent la santé humaine, mais qu’ils aggravent les symptômes du Covid-19". Les associations ariégeoises et les près de 35 000 signataires demandent donc "d’interdire le plus vite possible les pulvérisations à moins de 150 mètres des habitations et les jours de grand vent afin de protéger toutes les personnes atteintes du Covid-19 dont les formes les plus bénignes pourraient s’aggraver de manière spectaculaire."

Le conseil d’Etat s’en mêle…

Cette pétition intervient qui plus est dans un contexte où, sans doute en raison des difficultés des agriculteurs liées au coronavirus, le ministère de l’Agriculture avait pris une circulaire pour limiter les contraintes et permettre aux agriculteurs de pulvériser les pesticides à proximité des maisons. En effet, avant cette décision ministérielle, les agriculteurs devaient s’engager sur une charte pour pouvoir réduire ces distances. Après la circulaire, cet engagement n’existe plus. Sauf que des associations ont attaqué cette circulaire du ministère… et ont gagné devant le conseil d’Etat. C’est la deuxième "bonne nouvelle" pour les protecteurs de l’environnement. Très prochainement, le retour à la loi devrait donc s’appliquer : la distance minimale entre l’épandage et les habitations devra être de 5 à 20 mètres, selon les cultures.

"C’est une première victoire, le ministère s’est fait taper sur les doigts ! Mais les citoyens demandent d’aller au-delà de la loi", tranche le Chabot. Et avec 35 000 signataires, les associations ariégeoises ont un argument de poids.

Ils se mouillent pour les cours d’eau…

Lorsqu’on parle de pesticides, le débat tourne autour de leur pulvérisation à proximité des habitations. Mais la mobilisation, moins connue, touche aussi les cours d’eau. Et, dans ce combat aussi, les acteurs environnementalistes ariégeois sont en première ligne.

Henri Delrieu, de l’association agréée de protection des rivières ariégeoises le Chabot, éclaire le sujet : "Lorsqu’il y a un cours d’eau, les agriculteurs doivent créer une bande enherbée de 5 m pour protéger ces cours d’eau des épandages de pesticides. Et ils ne peuvent pas stocker fumiers et lisiers à moins de 30 mètres." Voilà pour la base. Reste la question qui paraît tellement banale mais est en réalité fondamentale : quels ruisseaux et autres rivières méritent d’être qualifiés de "cours d’eau" et donc d’être protégés des épandages de pesticides ? "Selon les critères, un cours d’eau est alimenté par une source, il a un substrat différent de celui des bordures et il coule au moins la moitié de l’année", énumère M.Delrieu. De "nouveaux" critères, édictés sous le gouvernement Valls, qui nécessitent une refonte de la cartographie de ces cours d’eau protégés. Et c’est là que les militants environnementaux interviennent. "Nous sommes parmi les premiers en France à avoir alerté sur ce dossier de la cartographie", assure M.Delrieu. Les Ariégeois ont aussi été parmi les premiers à contester les arrêtés préfectoraux s’appuyant sur cette cartographie des cours d’eau qu’ils pensent défaillante. "Une douzaine d’arrêtés préfectoraux ont été jugés et tous ont été déclarés illégaux, assure M.Delrieu. On attend pour l’arrêté de la préfète de l’Ariège, mais on est sereins."

En attendant, une vingtaine de bénévoles sont mobilisés pour cartographier ces cours d’eau et justifier du fait que certains d’entre eux doivent être protégés. "Nous en avons relevé 190 pour le moment, qui ont vocation selon la cartographie à ne plus être considérés comme des cours d’eau. Nous avons la preuve qu’ils le sont", assure M.Delrieu.

Ironie de l’histoire (ariégeoise), cette publication de la carte des cours d’eau répertoriés est l’une des propositions d’un rapport parlementaire signé notamment par l’Ariégeoise Frédérique Massat, lorsqu’elle était députée.

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