Le bio grand vainqueur de la crise sanitaire
by Frédéric AbélaSelon une étude du cabinet international Nielsen, la valeur du panier moyen de produits bios en France a augmenté de 48% en début de confinement. Les produits labélisés AB sont les grands gagnants.
Le bio, grand vainqueur du confinement ! C’est en tout cas ce que révèle une étude du cabinet international Nielsen.
Alors que l’agriculture biologique était encore responsable de 93 % de la croissance des produits de grande consommation en France et voyait son chiffre d’affaires progresser de 19 %, on aurait pu s’attendre à un lent déclin en période de confinement. La ruée des Français vers des produits plus conventionnels (pâtes, riz, œufs), courant mars 2020, faisait craindre un recul des produits labélisés AB (cultivés sans produits chimiques de synthèse ni OGM). C’est tout le contraire. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les produits bios sont non seulement en très forte croissance mais en plus l’écart de croissance avec les produits conventionnels se creuse : d’environ 14 points début février, cet écart a parfois dépassé les 20 points depuis. "La valeur du panier moyen dans les magasins a augmenté de 48 %, passant d’environ 40 € à 59 € depuis la mi-mars", explique Alexandre Fantuz, Directeur Marketing de Biotopia, panéliste en magasins bio et cité par le cabinet Nielsen.
Un véritable plébiscite pour toute la filière AB. L’Occitanie et ses 9 400 exploitations agricoles spécialisées dans ce secteur, première région bio de France, tirent évidemment leur épingle du jeu. La période du confinement et ces moments troubles liés à la globalisation et à la marchandisation à outrance sont une des explications. L’attrait du circuit court, s’il fait monter le prix du panier, donne aussi des garanties sur la qualité du produit. Fruits, légumes ou viande, toutes les filières sont concernées.
Antoine Lecoq, consultant analytique chez Nielsen, assure que "plusieurs phénomènes peuvent expliquer cette tendance du bio depuis quelques semaines. Tout d’abord les produits bios, perçus comme plus naturels que les autres, restent recherchés par les consommateurs, surtout dans une période de doute, où les produits vus comme globalisés sont sous le feu des critiques. Ensuite, en moyenne, et même s’il peut y avoir des différences d’une catégorie de produits à l’autre, le bio est un peu moins "rupturiste" que le conventionnel, ce qui signifie que quand les rayons sont vides, il y a plus de chances de pouvoir encore trouver des produits bios en rayon. Enfin, le recentrage sur le commerce en ligne ou de proximité, où le poids du bio est structurellement plus important, joue mécaniquement en faveur de la croissance de ces produits". Les départements où la croissance du bio est la plus forte lors de la dernière semaine du mois de mars se situent dans le Nord et le nord-ouest, ainsi que dans l’Est et le sud-ouest. Le Gers réalise plus de 25 % de vente en bio sur cette période, confirmant son statut de premier territoire de cette filière en France.
Cette carte de France de la croissance du bio est le reflet du poids important du bio dans ces zones. Les familles sont plus représentées dans ces départements, ce qui se répercute naturellement sur la consommation de produits bios. Mais la filière a un coût pour le consommateur. Le magazine Linéaires, spécialisé dans la grande distribution, met en avant un surcoût de 75 % en moyenne entre les produits bios et ceux issus d’une agriculture conventionnelle. Un chiffre bien éloigné des 30 % d’écart fréquemment mis en avant. Cette différence de prix, calculée suite à l’analyse de 218 catégories de produits dont le chiffre d’affaires bio a dépassé le million d’euros sur douze mois, fait apparaître de grandes disparités. Le sucre serait notamment, sept fois plus cher.