Narcisse & L’Apocalypse : Trump se retire des traités parce qu’ils ne comportent pas sa signature

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Par Scott Ritter

Scott Ritter est un ancien officier du renseignement du corps des Marines américains. Il a servi en Union soviétique comme inspecteur de la mise en œuvre du traité INF, auprès du Général Schwarzkopf pendant la guerre du Golfe et de 1991 à 1998 en tant qu’inspecteur des armes de l’ONU.

Source : RT, le 21 mai 2020

Traduction : lecridespeuples.fr

En annonçant son intention de se retirer du Traité Ciel ouvert, l’administration Trump poursuit sa guerre contre les accords de contrôle des armes hérités, mettant en danger la sécurité internationale.

L’administration Trump a officiellement annoncé son intention de se retirer du Traité Ciel ouvert (‘Open Skies Treaty’ ou OST) de 2002, un accord multilatéral essentiel impliquant 35 États qui permet à des avions de reconnaissance spécialement équipés de survoler les territoires des autres États membres, et de contribuer ainsi au type de transparence nécessaire pour minimiser les risques de conflit en tenant tous les membres informés des activités militaires dans les régions d’intérêt. L’OST revêt une importance particulière pour ses membres européens, qui peuvent accéder aux informations obtenues par les survols américains du territoire russe.

Bien que les capteurs embarqués à bord des avions conformes aux normes de l’OST n’aient pas le type de haute résolution atteint par les satellites espions modernes (les capteurs ne sont pas autorisés à atteindre une résolution supérieure à 30 centimètres, tandis que leurs homologues militaires peuvent atteindre 5 à 10 centimètres), l’imagerie obtenu via l’OST n’est pas classifiée, et en tant que telle, peut être largement partagée, ce qui la rend utile pour les discussions diplomatiques.

Les États-Unis ont proposé de remplacer les images dont seront privés leurs alliés européens du fait de leur retrait du traité par des images obtenues à l’aide d’actifs sous contrôle américain ou disponibles dans le commerce, qui, selon les États-Unis, auront une résolution plus élevée que les images OST.

Pour l’Europe, cependant, la qualité du produit est moins importante que le renforcement de la confiance et du sentiment de sécurité engendrés par les processus associés à la collecte des images. Un groupe d’anciens hauts responsables européens de la défense et de la sécurité a fait valoir que même si les États-Unis se retiraient de l’OST, les nations européennes devaient y rester, ne serait-ce que pour conserver un niveau de transparence avec la Russie qui serait autrement perdu. Bien que la Russie ait condamné la décision des États-Unis, elle ne s’est pas encore engagée à faire de même ou à rester partie prenante du Traité, qui deviendrait essentiellement un accord de sécurité européen.

Les survols de l’OST ont des avantages réels pour les États-Unis et l’Europe, qui seront perdus une fois que les États-Unis se retireront.

« Les vols d’observation dans le cadre du traité », a noté le membre du Congrès Eliot Engel, président de la commission des affaires étrangères de la Chambre, dans une lettre qu’il a écrite en octobre 2019, « ont généré des informations supplémentaires concernant l’action militaire russe en Ukraine et ont fourni un contrôle sur davantage d’agression là-bas. Les alliés et partenaires de l’OTAN, et l’Ukraine en particulier, ont souligné à plusieurs reprises l’importance du Traité Ciel ouvert pour leurs efforts de surveillance des forces militaires russes. »

La mise en œuvre du Traité Ciel ouvert n’a pas été sans complications ni désaccords.

Au fil des ans, la Russie et les États-Unis ont échangé des accusations de non-respect des traités, notamment le refus de certains survols et des mesures trop restrictives incompatibles avec les mandats des traités.

Dans leur délimitation des raisons de la décision de se retirer de l’OST, les États-Unis ont expliqué que la Russie avait imposé des restrictions inadmissibles concernant les survols de Moscou et de la Tchétchénie, ainsi que de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, régions que les États-Unis considèrent comme faisant partie de la Géorgie mais que la Russie reconnaît comme États indépendants.

La Russie, pour sa part, a accusé les États-Unis de faire de même en ce qui concerne les territoires et possessions insulaires des États-Unis, et de soutenir les actions de son allié de l’OTAN, la Turquie, en limitant les survols russes de portions importantes du sud-est de la Turquie. De plus, les États-Unis ont rejeté les demandes de survol de la Russie à l’aide d’avions équipés de capteurs numériques avancés, bien qu’ils aient équipé leurs propres appareils d’un équipement similaire.

Alors que certaines des accusations américaines sont recevables, beaucoup ne le sont pas. Par exemple, les États-Unis se sont plaints qu’une décision russe de bloquer une demande américaine de survoler des exercices militaires russes en septembre 2019, invoquant une incapacité à garantir la sécurité de l’avion américain dans une zone de manœuvres actives, était fallacieuse. Cependant, le Traité autorise de tels refus pour les raisons indiquées.

De même, les États-Unis ont accusé la Russie d’utiliser l’OST comme couverture pour effectuer des survols non autorisés du territoire américain à l’aide de capteurs non conformes. Aucune preuve n’a été fournie pour étayer l’allégation, y compris comment de tels survols pourraient se produire compte tenu de la présence de personnel militaire américain à bord de l’avion russe et des inspections approfondies des appareils effectuées par du personnel américain avant tout survol du territoire américain.

L’administration Trump se plaint depuis longtemps des coûts associés au traité (le ministère de la Défense a exprimé son désaccord face au prix de 125 millions de dollars pour chaque paire de nouveaux avions dédiés certifiés OST). Les détracteurs du traité l’ont également dénoncé comme un accord dépassé, rendu caduc par des technologies de surveillance plus récentes et plus efficaces.

Cependant, la véritable raison de la décision de l’administration Trump de se retirer de l’OST réside dans le narcissisme malsain du Président Trump lui-même, et son aversion déclarée pour tout accord de contrôle des armes qui ne porte pas son imprimatur.

L’administration Trump a exagéré un cas largement fabriqué de non-respect russe pour justifier sa décision de se retirer du Traité sur les forces nucléaires intermédiaires (INF) en août 2019, et rechigne également à étendre le nouveau Traité START, qui doit expirer en février 2021, qui place des limites aux arsenaux nucléaires stratégiques respectifs des États-Unis et de la Russie. En mai 2018, le Président Trump s’est également retiré de l’Accord sur le nucléaire iranien, négocié par son prédécesseur, Barack Obama.

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— UE : Qu’est-ce qui vous gênait dans l’accord sur le nucléaire iranien ? — TRUMP : La signature d’Obama.

Le Président Trump s’est présenté comme le plus grand des négociateurs et, en tant que tel, a permis à son ego d’interpréter toute allégation selon laquelle un accord de maîtrise des armements existant serait mis en œuvre d’une manière qui n’est pas dans le meilleur intérêt exclusif des États-Unis comme une ouverture pour quitter cet accord et commencer à en négocier une nouvelle version améliorée.

À ce jour, le bilan produit par ces actions a été tout sauf positif ; le retrait du Traité INF a mis toute l’Europe en danger accru de conflit nucléaire et a déclenché une course aux armements avec la Chine. Pendant ce temps, le retrait américain de l’Accord sur le nucléaire iranien a accru les tensions dans le golfe Persique, augmentant la probabilité d’un conflit américano-iranien, sans endiguer ni l’enrichissement nucléaire ni la capacité balistique de l’Iran.

Si les États-Unis devaient également se retirer du nouveau Traité START, la probabilité d’une course aux armements nucléaires stratégiques avec la Russie serait réelle.

Voir Nasrallah : Trump va vers l’Armageddon

https://www.dailymotion.com/video/x6d9v4z

Bien que l’OST ne soit pas directement lié au Traité INF, à l’Accord sur le nucléaire iranien ou au nouveau Traité START, il fait partie intégrante d’un cadre de mesures de maîtrise des armements qui, dans leur totalité, ont fourni une transparence et une confiance sans précédent entre les parties concernées.

En permettant aux États voisins de scruter l’intérieur du territoire des autres, un minimum de sécurité a été atteint, ne serait-ce que parce que chaque État membre était au courant de ce qui se passait au moment du survol.

La confiance naît de la connaissance, et l’OST a apporté une connaissance qui a été d’une utilité considérable pour toutes les parties concernées. La peur, quant à elle, naît de l’ignorance, et en se retirant de l’OST, les États-Unis engendreront l’ignorance par le déni de l’information en temps réel, et la disparition de la confiance accrue par la nature conjointe du travail effectué pour l’obtenir. Le monde sera un endroit beaucoup moins sûr si les États-Unis donnent suite à leur décision de se retirer de l’OST.

Voir également : Après Youtube & Facebook, Vimeo bannit les vidéos de Nasrallah et ‘Le Cri des Peuples’

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