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Selon les chercheurs, les influenceurs peuvent encourager les adolescents à suivre la distanciation sociale

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Pour encourager les adolescents à respecter la distanciation sociale, des chercheurs recommandent de ne pas mener une campagne de sensibilisation classique, mais plutôt d'inciter les « influenceurs » connus auprès de cette population à relayer ce message de prévention. Car si de nombreux adolescents ignorent cette consigne établie par les gouvernements pendant la pandémie de COVID-19, des messages de ces stars des réseaux sociaux réussiront probablement mieux à changer leurs attitudes.

Même en période de déconfinement, la distanciation sociale (réduction des contacts) doit s'appliquer pour freiner la diffusion virale. Une mesure qui consiste concrètement à éviter les endroits très fréquentés et les rassemblements non essentiels, éviter les poignées de main et les accolades et rester à la maison le plus possible. Mais son adhésion peut être difficile pour les adolescents, pour qui l'interaction avec leurs camarades est particulièrement importante. Face à cette problématique, des chercheurs de l'université de Cambridge soutiennent que la capacité des jeunes à s'encourager mutuellement à respecter les règles de distanciation sociale devrait être exploitée.

Leur étude affirme qu'il peut s'avérer difficile de convaincre les jeunes de s'abstenir de rencontrer physiquement leurs amis et de participer à des rassemblements. « Pour beaucoup, l'adolescence c'est quand vous voulez créer plus de liens sociaux, pas les perdre. C'est aussi une période de prise de risques accrue et de sensibilité à l'influence de leurs pairs », explique le Pr Jack Andrews, premier auteur de l'article. « Pour certains adolescents, c'est un défi de s'en tenir aux règles de distanciation sociale, en particulier si leurs amis ne les respectent pas. » Mais que faire alors lorsque les campagnes menées par les gouvernements pour influencer le comportement des adolescents ont un succès mitigé ?

Un procédé qui a fait ses preuves contre le harcèlement scolaire

Les chercheurs expliquent que l'influence sociale des adolescents n'a pas toujours des conséquences négatives. En effet, l'alternative serait de donner aux adolescents l'autonomie nécessaire pour développer et mener leurs propres campagnes sur l'importance de l'éloignement social. Et compte tenu des restrictions actuelles sur les interactions face à face, les médias sociaux sont le moyen le plus efficace de promouvoir ce comportement chez les adolescents. C'est pourquoi l'équipe scientifique recommande aux organismes de santé publique de faire appel aux « influenceurs », soit les individus ayant une forte présence en ligne et un grand nombre de « followers » parmi cette communauté.

Car il se trouve que des études antérieures ont montré que les adolescents sont plus susceptibles de prendre certains risques, comme expérimenter des drogues, lorsque leurs camarades font la même chose. Mais ils sont également plus susceptibles de participer à des activités bénéfiques comme le bénévolat s'ils connaissent d'autres personnes qui les pratiquent. Ce procédé a été démontré avec succès par l'une des études prises en compte, qui a consisté à demander à des étudiants très « connectés » et appréciés de faire campagne à leur façon contre le harcèlement scolaire. Au cours de l'année suivante, le taux de harcèlement a diminué de 25 % dans les écoles évaluées par rapport aux écoles témoins.

« Présenter des conseils de santé publique d'une manière plus accessible »

« L'avantage des influenceurs des médias sociaux c'est qu'ils peuvent publier des vidéos ou des photos montrant comment ils suivent les règles de distanciation sociale en restant à la maison, et qu'ils peuvent augmenter leur visibilité grâce au partage de contenu et aux 'likes'. De nombreux Youtubeurs le font déjà, il s'agit de présenter des conseils de santé publique d'une manière plus accessible que les adolescents sont plus susceptibles d'écouter.», ajoute le Pr Blakemore. Le second avantage de passer par ces influenceurs réside dans le fait qu'ils officient dans de nombreuses sphères d'intérêt (différents passe-temps) et ont donc le potentiel d'atteindre divers groupes de jeunes.

« Bien que le coronavirus semble présenter un faible risque pour les adolescents eux-mêmes, leur volonté de suivre les directives de distanciation sociale est essentielle pour réduire le risque pour les autres. Leur sensibilité à l'influence de leurs pairs peut être bénéfique et devrait être exploitée par des campagnes de santé publique. Nous proposons que les adolescents aient une grande capacité à s'influencer mutuellement », concluent les chercheurs. Ces derniers espèrent donc que leur idée soit reprise par des associations caritatives de même que des organismes de santé publique qui pourront travailler conjointement avec des influenceurs connus pour s'assurer que le bon type d'informations soit partagé.