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L’épandage aérien de fongicide autorisé dans l’Aude et l’Hérault

Exceptionnellement, par un arrêté du 23 mai 2020, les ministres de l’Agriculture, de la Transition écologique et de la Santé ont autorisé des épandages aériens dans les départements de l’Aude et de l’Hérault jusqu’au 5 juin 2020.

Seul un produit à base de bouillie bordelaise est autorisé à l’épandage, « uniquement pour une utilisation en traitements des parties aériennes des vignes pour lutter contre le mildiou », précise l’arrêté. Le texte justifie la décision par le fait que les pluies abondantes du printemps ont rendu certaines parcelles de vignoble difficilement accessibles aux tracteurs en raison de leurs sols détrempés et a favorisé le développement de deux maladies de la vigne : le mildiou et le black rot.

L’épandage aérien est interdit depuis 2015, mais l’État peut accorder des dérogations. Celle-ci était demandée notamment par la chambre d’agriculture de l’Aude, soutenue par le syndicat des vignerons de l’Aude, Coop de France, les Jeunes Agriculteurs et les Vignerons indépendants. Dans l’Aude, 9.000 hectares de vignes sur les 70.000 que compte le vignoble seraient menacés par cette attaque de mildiou et auraient donc besoin de traitements phytosanitaires en urgence. Dans l’Hérault, 1.000 hectares de vignes sont concernés.

La réponse du gouvernement pourrait ne les satisfaire qu’à moitié, car ils avaient demandé des produits plus agressifs que la bouillie bordelaise, autorisée en bio, pour traiter leurs parcelles.

La Confédération paysanne de l’Aude et les écologistes s’indignent de cette décision. « Ces conditions humides sont loin d’être exceptionnelles et existent dans de nombreuses régions viticoles, sans que l’on fasse appel à des hélicoptères », estime la Confédération paysanne de l’Aude, qui précise par ailleurs que « au delà du coût et de l’efficacité contestable, nombre de viticulteurs s’inquiètent de l’image véhiculée par cette initiative pour les vins du Languedoc. La mobilisation des chambres d’agriculture de l’Aude et de l’Hérault sur ce dossier est totalement disproportionnée avec les attentes des vignerons qui doivent faire face à des problèmes économiques dus à la crise du Covid. »

« Le produit autorisé est homologué en bio. Il n’en reste pas moins qu’il vaut mieux ne pas se trouver à proximité d’un champ au moment où l’hélicoptère épandra et que ce produit est classé comme très toxique pour les organismes aquatiques », a rappelé Carmen Etcheverry, vice-présidente de France Nature Environnement Languedoc-Roussillon.