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Le gouvernement poursuivi en justice pour obtenir l’ouverture des parcs et jardins

L’association Respire, focalisée sur la lutte contre la pollution de l’air, a annoncé lundi 25 mai avoir déposé un référé-liberté devant le Conseil d’État pour la réouverture des parcs et jardins en zone rouge.

Elle écrit :

L’actuelle interdiction d’accès aux parcs, jardins et autres espaces verts en zone rouge a encouragé les attroupements sur la voie publique transformant les trottoirs ou de simples impasses en lieux de rassemblement et de socialisation au mépris des normes sanitaires exigées pour juguler la propagation de l’épidémie de Covid-19. (1) « Cette mesure est totalement contre-productive, et chacun peut le constater, estime Olivier Blond, directeur de Respire. Parce qu’ils n’ont pas accès aux espaces publics, les gens s’agglutinent comme ils peuvent sur les trottoirs ou les bas cotés. Ils ne respectent pas les distances de sécurité et s’exposent à un risque accru de transmission du Covid-19. La situation est absurde. »

L’ouverture des bois de Boulogne, de Vincennes, et de la Courneuve montre pourtant que l’accès aux espaces verts, selon des modalités bien précises, est compatible avec la lutte contre le coronavirus.

Le gouvernement pourrait donc réglementer l’accès aux parcs et jardins publics en prévoyant par exemple des plages horaires selon les catégories de personnes ou en interdisant certaines pratiques ou activités telles que le pique-nique ou une présence statique prolongée. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a proposé ce genre de dispositif, comme d’autres personnalités.

Empêcher les citoyens d’accéder à ces espaces verts contribue à aggraver une situation sanitaire inquiétante, quand des millions de citoyens sont confinés depuis le 16 mars dans des appartements exigus et insalubres. L’accès aux espaces verts offre en effet des bénéfices de santé variés et connus. L’interdiction actuelle pose une question de santé mentale, mais aussi une question de santé respiratoire : la pollution de l’air intérieur étant problématique dans de nombreux cas, il est essentiel que les citoyens puissent prendre l’air ailleurs que sur les trottoirs pollués par le trafic routier. L’Anses estime que la pollution de l’air intérieur coûte au pays 19 milliards d’euros par an, dont l’essentiel « tient à la mortalité et à la baisse de la qualité de la vie des personnes victimes d’une pathologie ».

« Il existe une véritable urgence sanitaire à ce que les habitants d’Ile-de-France puissent avoir accès aux parcs et jardins publics dans la mesure où nombre d’entre eux vivent depuis le 16 mars dernier dans des logements exigus et parfois insalubres », affirme Olivier Blond.

Enfin, cette interdiction est injuste socialement. Ce sont souvent les personnes les plus modestes qui habitent dans les logements les plus petits et les plus pollués. Ceux sont elles, qui ont le moins d’accès à la mobilité et qui ne pourront pas de rendre dans les rares parcs et jardins actuellement ouverts. « Cette interdiction frappe davantage les citoyens les plus pauvres, ceux qui habitent des logements exigus sans accès à la verdure, ceux qui n’ont pas les moyens de partir trois mois dans une résidence secondaire. Il y a une inégalité de traitement scandaleuse qu’il faut résoudre rapidement », déclare Olivier Blond.

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