Retrait de Benjamin Griveaux : dans la course à la Mairie de Paris, à qui profite "le crime" ?

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La bataille de Paris a pris un tournant inattendu, vendredi 14 février. Benjamin Griveaux, candidat investi de la République en marche (LREM), a jeté l’éponge en raison de la divulgation d’un échange de messages et de deux vidéos à caractère sexuel dont il serait à l’origine. Des "attaques ignobles", pour l’ancien porte-parole du gouvernement, qui le contraignent à se mettre en retrait.

Pour LREM, le coup est dur. D'un bout à l'autre, la campagne aura été laborieuse alors que la Mairie de Paris était annoncée imperdable entre le rejet d’Anne Hidalgo (Parti socialiste) et les excellents scores du parti depuis 2017. Au premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron avait en effet atteint 34,83 % des suffrages ; aux législatives, LREM avait raflé 11 députations sur 18 tandis qu’aux européennes la liste de la majorité était arrivée en tête (32,92 %).

Cependant, rien ne s'est passé comme prévu. Après une investiture votée à l’unanimité par une commission interne au parti, compliquée par la candidature dissidente de Cédric Villani, la publication de cette vidéo non authentifiée aura eu raison de la campagne de Benjamin Griveaux, que les sondages plaçaient en troisième position derrière la maire sortante, Anne Hidalgo, et la candidate Les Républicains, Rachida Dati.

"Comment en est-on arrivé là à Paris pour LREM ? Alors que la mairie de Paris semblait être un boulevard ouvert pour eux il y a un an, aujourd’hui c’est devenu un calvaire", résume Brunos Cautrès, chercheur au CNRS et au CEVIPOF sur France 24.

Quelle solution pour LREM ?

Peu avant l'allocution de Benjamin Griveaux, alors que la rumeur se diffusait, l'équipe de campagne a tenté d'éteindre le feu et a convoqué les élus et candidats rue sainte-Anne, au siège de LREM. Objectif affiché : trouver "la stratégie à tenir" et "le plan à mettre en place sur base d'une proposition".

La députée Olivia Grégoire, qui était jusqu'ici la porte-parole de Benjamin Griveaux, a indiqué qu'il y aura "quoi qu'il arrive" une liste LREM aux élections municipales à Paris.

En effet, à ce stade, les têtes de liste dans les différents arrondissements ainsi que les équipes sont d'ores et déjà constituées, rappellent les experts interrogés par France 24. Reste à LREM la charge de trouver une personnalité charismatique pour l'incarner d’ici le 27 février, date limite de dépôt des listes.

Le politologue, Christian Delporte, interrogé par France 24, voit "quelqu'un qui ne soit pas complétement mêlé au nom de Benjamin Griveaux" prendre la tête. "Il faut que quelqu'un se sacrifie pour ce qui va être de toutes façons une défaite", estime l'historien des médias et spécialiste de la communication politique, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Versailles-Saint Quentin.

Le Monde avance plusieurs noms : l'actuelle secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, la maire du 9e arrondissement, Delphine Bürkli, l'ancien ministre et ancien candidat à l'investiture Mounir Mahjoubi ou encore la députée Olivia Grégoire. La piste de la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a également été évoquée mais elle l'a elle-même écartée en raison d'un agenda chargé.

Villani impensable

Pour LREM, il est urgent de trancher. Les listes doivent être déposées en préfecture dans moins de deux semaines. Certains se prennent à rêver d'un retour dans le giron de Cédric Villani, officiellement exclu du parti présidentiel depuis le 29 janvier après avoir refusé de ployer le genou à la demande d'Emmanuel Macron.

"Non, il est trop tard pour ça. Ce n'est absolument pas envisageable", juge Christian Delporte "Ça souligne le côté peu stratégique de l’exclusion de Cédric Villani. La République en marche se retrouve sans roue de secours", ajoute Bruno Cautrès.

"Il est très difficile de savoir [qui va prendre sa place], analyse Arnaud Mercier, directeur des études à l’Institut Français de Presse (Université Assas-Paris2), sur l'antenne de France 24. "Cependant, il n'était pas dans une dynamique très positive. Ce n'est pas le favori qui a été fauché en plein vol. Cette affaire peut donc être un mal pour un bien pour LREM. Ils pourraient trouver un candidat capable d'apporter quelque chose" et relancer la campagne.

Rachida Dati, la grande gagnante ?

"Foire aux ordures", "abomination", "naufrage voyeuriste", "menace pour la démocratie" : les responsables politiques de tous bords tout comme les autres candidats à la Mairie de Paris ont unanimement condamné la diffusion sur le Web de la vidéo intime attribuée à Benjamin Griveaux.

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"À en croire les derniers sondages en date, les électeurs de Benjamin Griveaux s'étaient constitués d'un noyau dur pro-LREM mais également des électeurs venus de la droite et du centre-gauche dont le souhait était de ne pas voir Hidalgo réélue", analyse Christian Delporte. "Benjamin Griveaux incarnait la crédibilité face à Hidalgo. Mais on avait commencé à assister à un renversement de tendance en raison de la troisième place du candidat dans les sondages. Les électeurs de centre-droit se déportaient vers Rachida Dati, mieux placée, et ceux de centre-gauche vers Villani et Europe Écologie-Les Verts."

Benjamin Griveaux avait en effet opté pour une campagne ancrée à droite de manière à faire main basse sur l'électorat des Républicains. Avec la disparition du paysage politique loclae de Benjamin Griveaux, ces derniers devraient naturellement rentrer au bercail, surtout avec la dynamique positive de la campagne de Rachida Dati qui, petit à petit, rattrape son retard sur Anne Hidalgo.

La maire sortante semble donc être l'autre perdante de la sortie de route de Benjamin Griveaux.