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Le blocage de la prison avait duré plusieurs jours à la prison de Maubeuge avant qu’un accord ne soit signé avec le syndicat UFAP-UNSA. Photo archives Christophe Lefebvre.

Maubeuge: les surveillants de la prison sanctionnés pour une grève… qui remonte à 2018

Cette semaine, 86 agents de la prison de Maubeuge ont été notifiés de sanctions d’exclusions, dont certaines avec sursis, pour avoir participé au mouvement de blocage datant de janvier 2018. Cette décision tombe plus de deux ans après la grogne.

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Une punition au goût amer. Mardi, 86 surveillants de la prison de Maubeuge ont été informés d’une sanction dont ils devraient faire l’objet dans les semaines à venir. 66 d’entre-eux vont être exclus dix jours de leur lieu de travail dont cinq avec sursis. Pour les 20 autres agents, cette décision est entièrement assortie de sursis. Reste à connaître la raison ? Les fonctionnaires sont condamnés pour avoir participé au large mouvement de blocage du centre pénitentiaire d’Assevent en janvier 2018.

Pas de droit de grève

Il faut le savoir, la profession est une des rares en France à ne pas disposer d’un droit de grève. Mais après le choc de l’agression de Vendin-le-Veil, et pour dénoncer des conditions de travail de plus en plus sensibles, ils avaient été nombreux à refuser de prendre leur poste ou se mettre en arrêt maladie. Des policiers avaient même été mobilisés pour remplacer les agents pénitentiaires.

Les surveillants d’autres prisons de l’hexagone qui avaient organisé des blocages similaires ont eux aussi été sanctionnés. Mais il y a deux ans…

Alors pourquoi un tel décalage à Maubeuge ? Interrogée sur le sujet, la direction interrégionale de l’administration pénitentiaire n’a pas donné suite. Pour Christophe Muzzolin, secrétaire de Force Ouvrière, la raison est simple : « Nous étions tellement en sous-effectif à l’époque, qu’il était impossible de mettre en œuvre ces exclusions, la prison n’aurait pas pu tourner. » Le centre pénitentiaire faisait face à une pénurie d’agents à l’époque. Au point que les surveillants avaient explosé leur plafond limite des 108 h supplémentaires accordées chaque trimestre.

Victoire au conseil constitutionnel

« On a travaillé comme des dingues pendant des mois pour éviter le pire, et voilà comment nous sommes remerciés deux ans plus tard », fulmine Christophe Muzzolin. Le syndicat avait déjà saisi le conseil constitutionnel lorsque l’administration avait rejeté les arrêts maladies des surveillants sans ordonner de contre-expertise médicale. « Nous avions obtenu gain de cause », rappelle le secrétaire FO. Lequel n’exclut pas de saisir à nouveau la justice suite à cette nouvelle série de sanctions.