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Des sympathisants d'extrême droite manifestant fin août 2018 dans les rues de Chemnitz, dans l'ex-RDA. Photo d'archives AFP / Odd ANDERSEN

Allemagne : un groupe d'extrême droite soupçonné de préparer des attentats

Douze personnes ont été arrêtées vendredi en Allemagne dans l'enquête sur un groupuscule d'extrême droite qui fomentait des attaques visant des politiques, des demandeurs d'asile et des musulmans, alimentant l'inquiétude sur la montée des violences extrémistes.

Quatre de ces suspects sont soupçonnés d'avoir formé "une association d'extrême droite à caractère terroriste" tandis que les huit autres se seraient dits prêts à leur apporter notamment un soutien "financier" ou "une aide pour se procurer des armes", a annoncé le parquet fédéral dans un communiqué. Le groupuscule, formé en septembre dernier, avait pour objectif d'"ébranler l'ordre de l'Etat et de la société en Allemagne et à la fin de le renverser" et visait tout particulièrement "des responsables politiques, des demandeurs d'asile et des musulmans", a précisé le parquet de Karlsruhe, compétent en matière de terrorisme.

Policier
Auparavant, le parquet avait annoncé des perquisitions dans 13 lieux répartis sur cinq Etats régionaux parmi lesquels la Bavière et la Rhénanie du Nord-Westphalie, la région la plus peuplée d'Allemagne. Cinq suspects avaient été identifiés à cette occasion ainsi que huit personnes soupçonnées de leur avoir apporté un soutien. Parmi les suspects, tous de nationalité allemande, figure un policier de Rhénanie du Nord-Westphalie qui a été suspendu, a indiqué un porte-parole du ministère régional de l'Intérieur à l'AFP.

"Des attentats dont le dispositif concret n'a pas été précisé jusqu'ici devaient être commis contre des responsables politiques, des demandeurs d'asile et des personnes de confession musulmane afin de générer une situation proche de la guerre civile", a encore indiqué la justice.

Dans le but de mettre en oeuvre leurs projets, les suspects se sont rencontrés personnellement à plusieurs reprises et à différents endroits, a encore précisé la justice. Ils se sont également servis de chats sur différents services de messagerie pour communiquer entre eux.

Les autorités allemandes s'inquiètent d'un terrorisme d'extrême droite depuis notamment le meurtre d'un élu allemand pro-migrants, membre du parti de la chancelière Angela Merkel, en juin dernier. Un néonazi a depuis été placé en détention. Sorti des radars des services de renseignements depuis plusieurs années, il avait déjà été condamné par le passé pour des violences racistes. Son ADN avait été retrouvé sur les lieux et après avoir avoué le meurtre, il s'est rétracté. Walter Lübcke, haut fonctionnaire territorial, avait été retrouvé mort le 2 juin sur la terrasse de sa maison. Ardent défenseur de l'accueil des réfugiés, il avait reçu des menaces de mort.

Onde de choc
Ce meurtre avait créé une onde de choc en Allemagne, où l'extrême droite enchaîne les succès électoraux, en particulier dans l'ex-RDA communiste où la frange la plus radicale du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) est dans le collimateur des services de renseignement.

L'Allemagne avait également été fortement choquée quand en octobre, un jeune homme affirmant des convictions d'extrême droite et négationniste avait tenté de commettre un attentat dans une synagogue de Halle, dans l'ex-Allemagne de l'Est. Faute d'avoir réussi à enfoncer la porte de l'édifice religieux, il avait abattu au hasard une passante et le client d'un restaurant de sandwichs kébabs, diffusant en direct sur internet ses forfaits.

A Dresde, dans l'ex-RDA, huit néonazis sont également jugés depuis près de cinq mois pour avoir planifié des attentats contre des étrangers et des responsables politiques.

Les accusés connus sous le nom de leur messagerie "Revolution Chemnitz" appartiennent depuis de nombreuses années à la scène des hooligans, néo-nazis et skinheads de Chemnitz, théâtre fin août 2018 de dérapages anti-migrants dont des "chasses aux étrangers" dans les rues, après le meurtre présumé d'un Allemand par l'un d'entre eux.

L'inquiétude monte également face à la multiplication des violences contre des élus du pays, dans un contexte de raidissement du climat politique sous la pression de l'extrême droite.

En janvier, un député d'origine sénégalaise, Karamba Diaby a reçu des menaces de mort et des impacts de balle ont été découverts dans la vitrine de sa permanence à Halle.