Carry-le-Rouet : le soulagement et la liberté pour les 181 premiers rapatriés de Wuhan
by LaDepeche.fr"Soulagés", "marqués" par une expérience humaine "extraordinaire" et "reconnaissante", les 181 premiers rapatriés de la ville chinoise de Wuhan ont quitté vendredi le centre de vacances du sud de France où ils étaient confinés depuis 14 jours, avec la certitude de ne pas être contaminés par le nouveau coronavirus.
"Le plus extraordinaire, ça a été la solidarité humaine, c'était une expérience humaine extraordinaire ", a déclaré un rapatrié à sa sortie de quarantaine, devant le centre de vacances de Carry-le-Rouet, une station balnéaire située au bord de la Méditerranée, à une trentaine de kilomètres de Marseille.
"On s'en souviendra, c'était une expérience marquante !", a aussi réagi Quentin, 25 ans, déposé par une navette à la gare Saint-Charles à Marseille après avoir quitté le centre. "Tout le monde a été sympa avec nous", a ajouté le jeune homme, qui vivait en Chine pour ses études. Avant de se fondre dans le flot des voyageurs de la gare, son bracelet d'identification sanitaire toujours au poignet, il s'est dit à la fois "fatigué ", "content" de retrouver sa famille et "soulagé. "
Avant de sortir du centre, pour les premiers vers 06h30, les rapatriés sont passés à travers un sas de sortie, une grande tente blanche où ils ont enlevé leur masque et se sont lavé les mains au gel hydroalcoolique.
" Apéritif commun "
Les autorités n'ont fait état d'aucune contamination au virus à l'origine de la maladie Covid-19 parmi ces 181 personnes arrivées en France le 31 janvier. "C'est une aventure humaine qui se termine, avec des gens qui vont bien. Ils n'ont plus aucun contrôle à faire, j'ai même pu embrasser des enfants tout gais", a déclaré en début d'après-midi la ministre de la Santé Agnès Buzyn devant le centre de Carry-le-Rouet.
"Ils ont le désir de retourner en Chine, ils ont parlé d'un apéritif commun à Wuhan, mais je crois que ce ne sera pas immédiat", a ajouté la ministre, saluant "le travail extraordinaire de la Sécurité civile, de la Croix-Rouge, et des petites mains du (groupe de services) Onet au sein de l'équipe d'hygiène".
Jeudi soir, les rapatriés avaient aux aussi organisé une petite cérémonie pour remercier ceux qui les ont accompagnés pendant leur confinement. "On va crier, crier, 'merci' pour toute votre aide !", ont-ils entonné, sur l'air du titre "Aline" de Christophe. Au-delà de l'émotion du départ vendredi, ces rapatriés, Français pour la plupart, certains confinés en famille ou avec leur conjoint étranger, doivent désormais se projeter dans une nouvelle vie.
"Un peu d'angoisse "
Pour Agathe Serres, installée à Wuhan depuis trois ans et demi pour faire une thèse, "il y a un petit peu d'angoisse de savoir comment ça va se passer". Aujourd'hui de facto sans université, la jeune femme a déjà en ligne de mire un changement radical: le retour chez ses parents, a-t-elle confié.
Parti dans la précipitation de Wuhan avec quelques affaires, Vincent Lemarié est lui aussi dans le doute quant à un potentiel retour dans la ville où il enseignait le français depuis six ans : "Je veux bien rentrer mais pas dans les circonstances actuelles."
Pendant la période de quarantaine, M. Lemarié a donné chaque jour deux heures de son temps pour apprendre à des rapatriés non francophones les bases de la langue de Molière, contribuant, parmi d'autres, à l'instauration d'un semblant de vie quotidienne au sein du centre.
Sur le départ
À 14h30 vendredi, les 181 personnes avaient toutes quitté le centre. 44 restaient encore confinées au même endroit, et 113 autres à Aix-en-Provence, dans les locaux de l'Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (Ensosp).
Une partie est arrivée à bord d'un deuxième vol, le 2 février, et leur quarantaine doit se terminer dimanche. Les 35 personnes arrivées, elles, le 9 février, via Londres, devront patienter jusqu'au 23 février.
Pour rappel, le bilan humain de l'épidémie en Chine continentale était vendredi à la mi-journée de près de 64.000 cas confirmés et près de 1.400 morts. En dehors de la Chine, y compris les régions autonomes de Macao et de Hong Kong, plus de 500 cas et trois morts ont été recensés dans une trentaine de pays et territoires.