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Au siège du groupe Renault, pendant le conseil d'administration du groupe en janvier 2019.
Photo Denis Allard pour Libération

Dans le rouge, Renault assure n'avoir «aucun tabou» à fermer des usines

Le constructeur automobile voit ses ventes reculer et prévoit de faire 2 milliards d'économies pour renouer avec les profits. Salariés et usines à travers le monde, y compris en France, sont potentiellement concernés.

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Depuis qu’Isabelle Kocher, directrice générale d’Engie, a été poussée vers la sortie, il reste encore une entreprise du CAC40 dirigée par une femme. Chez Renault, Clotilde Delbos tient les rênes du constructeur automobile, à titre intérimaire et jusqu’au mois de juin. A cette date, le nouveau directeur général Luca De Meo fera son entrée au sein de la firme au losange.

C’est donc à Clotilde Delbos qu’il est revenu, ce vendredi, de présenter les résultats financiers du groupe Renault. Une tâche plutôt délicate alors que l’entreprise connaît une mauvaise passe. Pour 2019, la plupart des voyants sont au rouge. Le chiffre d’affaires, à 55,5 milliards d’euros, est en recul de 3,3%. Les ventes de véhicules, elles, régressent de 3,4 % et restent scotchées à 3,75 millions d’unités. Enfin Nissan, traditionnelle vache à lait et dont Renault possède 42% ne contribue plus qu’à hauteur de 242 millions d’euros au profit de la marque au losange, contre 1,5 milliard, un an plus tôt.

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de Renault, vendredi. Photo Gonzalo Fuentes. Reuters

Ces mauvaises performances s’expliquent par le recul des ventes dans trois zones du globe. L’Iran, du fait de l’interdiction des transactions décidées par les Etats-Unis ; l’Algérie, où des quotas de vente ont été décidés ; la Chine, où l’activité recule de 17,2%.

Tourner la page Carlos Ghosn

Résultat de ce convoi de mauvaises performances, Renault, pour la première fois depuis dix ans, affiche des pertes. Le résultat négatif atteint 141 millions, contre 3,3 milliards de profits un an plus tôt, ce qui suscite ce commentaire de la directrice générale : «Ne vous méprenez pas, nous ne sommes pas satisfaits de ces résultats.» Pour redresser la barre, le choix de la méthode forte a été arrêté. Un plan de 2 milliards d’économies, dont les détails seront connus au mois de mai est programmé. Tous les actifs du groupe vont être passés en revue et certains pourraient être cédés. Lesquels ? Pas un mot pour le moment. Des suppressions d’emplois semblent à ce stade inévitables : «Nous n’arriverons pas à atteindre nos objectifs de réduction des coûts sans toucher aux 180 000 salariés de ce groupe», prévient sans détour Clotilde Delbos. En outre des fermetures d’usines ne semblent pas non plus à exclure, y compris en France : «Nous n’avons aucun tabou», a simplement indiqué la directrice générale sans plus de précisions.

Renault semble, en tout cas bien décidé à tourner la page Carlos Ghosn, le PDG déchu en octobre 2018, après des accusations de fraude fiscale et de détournement de fonds au Japon. Ni la directrice générale, ni le président du conseil d’administration, Jean-Dominique Senard ne veulent commenter les critiques émises par Carlos Ghosn sur la gestion de Renault. Le tout depuis le Liban, dont il n’a pas le droit de sortir. A la différence de Nissan qui réclame 88 millions d’euros à son ancien PDG, Renault se refuse à tout commentaire sur d’éventuelles plaintes ou actions en réparation contre Ghosn. Les deux parties se retrouveront toutefois à la fin du mois de février, devant le conseil des prud’hommes de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). L’ex-PDG y réclamera le versement de sa retraite chapeau de 774 000 euros par an, que Renault refuse de payer, compte tenu de ses conditions de départ.