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Le retrait de Benjamin Griveaux de la bataille pour les municipales parisiennes plonge un peu plus la majorité présidentielle dans la tourmente. (Illustration)© GUILLAUME HORCAJUELO / POOL / AFP

Le retrait de Griveaux, symbole des difficultés de LREM dans la campagne

Entre contexte social tendu et atermoiements quant à certaines investitures, le parti de la majorité semble dans l'impasse, à un mois des municipales.

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Véritable coup de massue pour La République en marche, le renoncement de Benjamin Griveaux aux municipales parisiennes, vendredi matin, apparaît comme le point d'orgue d'une campagne marquée par les difficultés. Un événement qui s'ajoute aux dissidences, aux difficultés d'implantation et à un contexte social tendu.

Pour le parti présidentiel, contraint de se chercher un candidat de rechange en catastrophe, le renoncement de Benjamin Griveaux après la diffusion d'une vidéo intime ressemble à l'ultime station d'un long chemin de croix dans la capitale, scandé d'aléas en tous genres, à commencer par la candidature rivale du député Marcheur Cédric Villani. L'épisode est un nouvel avatar de la délicate émergence de La République en marche dans les principales métropoles, à tel point que le parti assume de plus en plus publiquement une forme d'impasse sur ce scrutin qui n'entre pas dans « la culture politique de Macron », jamais élu localement, dixit un de ses proches.

« On part de zéro »

« Est-ce qu'on enjambe les municipales ? Oui. Le président a commencé à le dire, d'ailleurs », note ainsi un ministre quand un autre embraye, conscient de l'ampleur du chantier : « Vous ne créez pas une génération spontanée de maires. » À 30 jours du premier tour, l'optimisme est donc très mesuré au sein de la majorité, à l'image de ce cadre qui observe : « Ça va être dur. On part de zéro. Et on ne décrochera pas la timbale. » Le tableau n'est effectivement guère reluisant et produit plutôt une impression de flou artistique.

Sur les 50 plus grandes villes de France, on enregistre au moins une douzaine de cas de dissidences dans le camp macroniste. Outre les cas médiatisés de Paris et Lyon, des guerres fratricides se déroulent à Toulouse, Lille, Villeurbanne, Amiens, Annecy, Metz, Le Mans, Besançon, Orléans, Roubaix… Partenaires au sein de la majorité, La République en marche et le MoDem s'affrontent pourtant à Bordeaux, Saint-Étienne, Aix-en-Provence et Clermont-Ferrand, hypothéquant les chances du parti présidentiel. Les dissensions entre les deux formations ont d'ailleurs retardé les souhaits de rapprochement des appareils, qui devaient instituer un « comité de liaison » toujours au stade embryonnaire malgré un récent « bureau exécutif commun ».

« Beaucoup de candidats » ne veulent pas de l'étiquette LREM

Et c'est sans compter des situations confuses, comme à Dijon où des Marcheurs figurent sur la liste du maire sortant PS François Rebsamen, opposé à une autre liste centriste soutenue officiellement par le parti. Ou à Argenteuil (Val-d'Oise), où le parti a changé de candidat investi entre octobre et janvier. Les résultats des grandes villes influeront sur la « lecture médiatique » de ces élections, reconnaît « sans naïveté » le patron du mouvement Stanislas Guerini, anticipant implicitement une faible réussite.

Plutôt que de collectionner les scalps, Stanislas Guerini a fixé un « double objectif » dans le scrutin du 15 et 22 mars : porter à 10 000 « le nombre d'élus locaux La République en marche », sur un total national de 550 000, et « consolider la majorité présidentielle » en multipliant les alliances, quitte à soutenir des maires sortants PS, LR ou autres pour se créer des fidélités. Des ambitions somme toute modestes. Mais « à moyen terme rien ne résistera à ces deux enjeux-là » dans la perspective des prochaines échéances, dont les sénatoriales de septembre 2020 et surtout la présidentielle de 2022, insiste-t-il.

En attendant, au terme d'une ultime salve d'investitures et soutiens lundi prochain, le parti ne devrait être au final présent que dans une ville de plus de 9 000 habitants sur deux. Pour combler les trous, « au lendemain du dépôt des listes (le 27 février, NDLR), on prendra position dans un certain nombre de villes en disant pour qui on recommande de voter », détaille un cadre du parti. Mais ce dernier note que « beaucoup de candidats veulent mener campagne sans étiquette ». Car, après plusieurs semaines de contestation sociale dans le cadre de la réforme des retraites, l'appui de La République en marche peut aussi s'apparenter à un baiser de la mort particulièrement mal venu.