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Érigé en critère absolu à la suite du dieselgate, le CO2 a chamboulé la planète automobile et le groupe Volkswagen paie les pots cassés.© Nigel Treblin / dpa / dpa/picture-alliance

Dieselgate : en Allemagne, Volkswagen vise un règlement à l'amiable

Face aux consommateurs dans un procès-fleuve prévu pour durer jusqu'en 2023, VW veut couper court et propose 830 millions de dédommagements à ses clients.

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Rebondissement dans le plus grand procès allemand autour du scandale des moteurs diesels truqués : Volkswagen a proposé vendredi de payer 830 millions d'euros à ses clients en Allemagne, même si les négociations avec l'association regroupant les requérants ont pour l'heure échoué.

Cette procédure rassemblant plus de 400 000 personnes qui demandent réparation pour leurs voitures équipées de moteurs diesels truqués s'était ouverte fin septembre. Le groupe automobile est accusé d'avoir délibérément nui à ses clients en installant à leur insu un logiciel faisant paraître le véhicule moins polluant qu'il ne l'est en réalité.

Vendredi, Volkswagen est venu rompre le silence qui entourait la négociation, entamée en janvier, entre l'association de consommateurs VZBV et le géant de l'automobile. Les deux parties sont « parvenues à un accord sur une résolution à l'amiable à hauteur de près de 830 millions d'euros au total », a expliqué un porte-parole dans un communiqué transmis à l'AFP.

Or, cette solution a « échoué » en raison de « revendications exagérées » concernant les honoraires des avocats de la VZBV, a-t-il ajouté.

VW cherche des accords directs

Moins de deux heures plus tard côté VZBV, même constat « d'échec » des négociations mais avec une tout autre justification : « le manque de bonne volonté de la part de Volkswagen de créer un système fiable et transparent » pour la mise en place de l'accord et des paiements aux clients. « Volkswagen a tout fait pour détruire à nouveau la confiance », a lancé Klaus Müller, président de la VZBV, qui fait office de requérant unique. « Nous allons continuer le procès de toutes nos forces. »

Le géant allemand, lui, persiste et signe : il proposera l'accord aux clients même « sans soutien » de l'association de consommateurs. « Nous sommes convaincus qu'un accord à l'amiable est dans l'intérêt des clients », a expliqué Hiltrud Wernder, directrice juridique de Volkswagen. « La pratique commerciale des avocats des requérants ne doit pas peser sur les clients. »

Sans résolution amiable, ce premier grand procès de consommateurs en Allemagne devrait durer au moins jusqu'en 2023. Le montant de 830 millions d'euros peut paraître relativement modeste comparé aux 30 milliards d'euros qu'a déjà coûtés le dieselgate au constructeur allemand, un scandale à tiroirs qui remonte à septembre 2015.

Programme de rachat « tout électrique »

Sous la pression d'une enquête aux États-Unis, le géant automobile allemand avait avoué avoir équipé 11 millions de véhicules de logiciels truqueurs. Cet arrangement avec la réglementation a eu un effet catastrophique pour le groupe Volkswagen mais également, par un effet domino, sur la technologie diesel qui ne méritait pas ça. Le dieselgate hante depuis l'industrie automobile allemande, mais c'est toute l'industrie automobile qui paie aujourd'hui les conséquences de la perte de confiance dans le diesel. Les règles très dures en Europe sur les émissions de CO2 n'ont rien arrangé.

L'essentiel des frais juridiques, amendes et dédommagements a jusqu'à présent été déboursé par Volkswagen aux États-Unis, notamment pour indemniser les clients pour la reprise de leurs véhicules. En Allemagne, le constructeur n'a payé pour l'heure que trois amendes d'un total de 2,3 milliards d'euros et conteste avoir causé des dommages aux automobilistes.

Il reste cependant sous la menace d'une cascade de procédures civiles et pénales : en parallèle de la procédure groupée, des dizaines de milliers de requêtes individuelles ont été déposées, dont une partie a abouti à des accords extrajudiciaires.

De plus, dans un autre procès engagé il y a un an, des investisseurs réclament un dédommagement pour la chute spectaculaire du cours en Bourse de l'action dans les jours qui ont suivi les révélations.

Au-delà du front judiciaire, le scandale a provoqué, par de nombreuses villes allemandes, le bannissement du diesel en raison du niveau de pollution en oxyde d'azote (NOx). Volkswagen, pour se racheter une bonne conduite, s'est lancé dans un programme de développement du « tout électrique » en investissant plus de 30 milliards d'euros. Avec un retour sur investissement hypothétique tant l'enthousiasme des consommateurs à l'égard de cette nouvelle motorisation est tiède.

Pourtant, Volkswagen pousse les feux : il a avancé de deux ans son objectif stratégique d'un million de voitures électriques produites, soit fin 2023. Il annonce également 1,5 million de véhicules de la famille ID. en circulation en 2025, comptant sur l'essor de ce marché et la volonté verte des consommateurs.

Consultez notre dossier : Le scandale Volkswagen