https://static.lpnt.fr/images/2020/02/14/20056929lpw-20057003-article-paris-municipales-benjamin-griveaux-jpg_6911422_660x281.jpg
Benjamin Griveaux a renoncé, vendredi matin, à être le candidat de La République en marche aux municipales à Paris. © JOEL SAGET / AFP

Municipales à Paris : quel candidat LREM après le retrait de Griveaux ?

D'après experts et personnalités politiques, le renoncement de Benjamin Griveaux à briguer la Mairie de Paris chamboule l'élection, à un mois du scrutin.

by

Il ne reste qu'un mois et un jour avant les élections municipales. Mais, à Paris, une ville clé du scrutin, les cartes sont totalement rebattues, s'accordent experts et personnalités politiques. En cause, le retrait, vendredi matin, du candidat LREM Benjamin Griveaux, embourbé dans un scandale sexuel après la diffusion d'une vidéo intime via les réseaux sociaux. Un véritable chamboulement qui pousserait certains, au sein de la majorité, à faire valoir leur profil pour succéder à l'ancien porte-parole du gouvernement.

Ancien candidat à la Mairie de Paris, qui avait un temps rallié Cédric Villani avant la commission nationale d'investiture de juillet, le député Mounir Mahjoubi insiste dans les boucles Telegram, dans la nuit de jeudi à vendredi : « Si Benjamin Griveaux annonce qu'il se retire, je suis candidat et j'y vais, et j'aurai besoin d'un véritable soutien. » « J'ai toujours dit (…) que j'étais disponible », a aussi déclaré Mounir Mahjoubi vendredi après-midi, à l'issue d'une réunion de crise au quartier général de La République en marche à Paris. « Beaucoup de Marcheurs me demandent d'être ce candidat. Mais le candidat ne sera pas que celui d'En marche, il sera aussi celui du rassemblement », a estimé l'ancien secrétaire d'État au Numérique.

Un nouveau choix de candidat sous 48 heures ?

« Si on pense collectivement que ce sera moi, alors on y va, on avance et on va gagner », a encore lancé celui qui fut candidat à l'investiture du parti présidentiel pour les élections à Paris. Alors que les conciliabules se succèdent après le renoncement, vendredi matin, de Benjamin Griveaux, Mounir Mahjoubi a estimé qu'il était « très important de prendre le temps » pour trouver un successeur à l'ancien porte-parole du gouvernement. Parmi les noms qui sont cités, « celui d'Agnès Buzyn revient, mais on ne sait pas si elle en a envie », indique à l'Agence France-Presse un des participants, sous le couvert de l'anonymat. « C'est une personnalité intéressante » et « personne n'est contre », précise celui-ci.

Les autres noms proposés sont ceux de « Jean-Louis Borloo, Marlène Schiappa, mais elle a dit qu'elle n'était pas intéressée », et ceux d'élus locaux comme « Delphine Bürkli (maire du 9e arrondissement, ex-LR), Florence Berthout (maire du 5e, ex-LR) et du député Agir Pierre-Yves Bournazel », ancien candidat à la Mairie de Paris, qui avait rejoint Benjamin Griveaux en janvier. « La journée d'aujourd'hui a été très digne, on a beaucoup échangé autour de Benjamin, a expliqué Mounir Mahjoubi. On discute ensemble, on essaie de se mettre d'accord. Ce qui est important pour nous, c'est que cette campagne continue. » Selon des sources concordantes, le choix du nouveau candidat du parti présidentiel devrait être arrêté sous 48 heures.

« On est dans un cas totalement inédit »

Les Marcheurs sont atterrés, mais ne veulent pas se résigner à une défaite annoncée : la voix tremblante d'émotion, Marie-Laure Harel, une des porte-parole de campagne, veut croire que « la situation est récupérable » : « Il y a une forte envie collective de continuer, c'est notre projet qui va gagner ! » La députée LREM Olivia Grégoire l'a assuré tôt dans la matinée à la nuée de caméras agglutinées devant le QG de campagne de l'ex-strausskahnien de 42 ans : il y aura, « quoi qu'il arrive », une liste LREM aux élections municipales à Paris.

Vendredi à la mi-journée, les troupes se réunissaient, elles, au siège du parti, se donnant « jusqu'à 48 heures » pour trouver un remplaçant, assure auprès de l'Agence France-Presse un cadre. Pour Frédéric Dabi, « LREM doit trouver un candidat extrêmement vite ». Et pour cause : « On est à un mois du premier tour, et on est dans un cas totalement inédit. (…). Le parti présidentiel arrivé en tête à Paris lors de la présidentielle, des législatives en 2017 et des élections européennes en mai n'a pas de candidat. »

« L'offre de LREM très affaiblie »

Deux scénarios s'opposent : « Si c'est un membre du gouvernement qui est investi, ça donne alors une coloration nationale au scrutin », estime Frédéric Dabi, et LREM peut ainsi espérer « remobiliser l'électorat macronien, mais avec un risque de vote sanction contre l'exécutif ». Autre choix, celui d'investir « une maire bien implantée dans son arrondissement ». Le renoncement de Benjamin Griveaux est « un fait de campagne massif », résume un proche du candidat EELV David Belliard. Chez les écologistes, on se désole : « La campagne va être parasitée par un élément presque de caniveau alors qu'on a tous des offres politiques très différentes », regrette-t-on dans l'entourage de David Belliard. Et le candidat EELV de déplorer l'intrusion dans la campagne d'« éléments qui n'ont rien à voir avec l'avenir de Paris ».

« Quelle sera la configuration ? » s'interroge aussi un proche de la maire PS sortante, Anne Hidalgo, jugeant dans tous les cas « l'offre de LREM très affaiblie ». « On a des sujets très opérationnels à gérer », assure un membre de l'équipe de campagne sortante chez Benjamin Griveaux. « Pour des questions statutaires », la commission nationale d'investiture devra se réunir pour choisir un candidat, affirme cette même source. « LREM a fait la promesse d'apporter une solution et un projet à Paris », rappelle ce cadre, conscient que l'équipe « a eu du mal » avec la dissidence de Cédric Villani. « Reste qu'aujourd'hui l'épisode rebat les cartes », conclut-il, évoquant notamment la situation des écologistes d'EELV, « qui sont beaucoup plus haut que ce qu'on imagine ».